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Un bébé prématuré privé de respirateur artificiel, l’appareil «prêté» à une clinique

4 août 2017, 09:15

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Un bébé prématuré privé de respirateur artificiel, l’appareil «prêté» à une clinique

Il est né prématurément, le jeudi 3 août, à l’hôpital de Flacq. Et ce nouveau-né a besoin d’être placé sous respiration artificelle. Sauf que le neonatal ventilator, qui permet de soulager les bébés et enfants en bas âge souffrant de troubles respiratoires, a été prêté, depuis le mardi 1er août, au Wellkin Hospital (ex-Apollo Bramwell). «Nous trouverons une solution pour le bébé», soutient le responsable de communication du ministère de la Santé.

Cette affaire fait grand bruit dans les milieux concernés. D’autant plus que l’hôpital de Flacq ne possède qu’un seul respirateur pour bébé. Et que les parents du bébé admis en clinique sont médecins… 

«Le personnel de Wellkin a récupéré l’appareil dans la soirée de mardi. Personne ne comprend comment on a pu donner cet équipement à une clinique privée alors qu’il y a des urgences ici», indique-t-on à l’hôpital de Flacq. 

Effectivement, dans l’après-midi du jeudi 3 août, une femme a accouché d’un bébé prématuré. Il ne pèse que 1,2 kg et a besoin de soins spécialisés. «Il a grandement besoin du respirateur artificiel.»

Au niveau des médecins de l’hôpital, on explique qu’il s’agit là d’un cas sans précédent. La recherche d’une alternative pour le nouveau-né est en cours. «En attendant que Wellkin retourne le neonatal ventilator, il faut trouver une solution. D’autres hôpitaux ont été contactés mais jusqu’à présent, aucune réponse positive n’a été obtenue», souligne-t-on dans les milieux concernés. Tout porte à croire que le nouveau-né sera transféré dans un autre centre hospitalier dès qu’une place sera libérée. 

Sollicité, le responsable de communication du ministère de la Santé confirme que l’appareil médical a bien été envoyé à Wellkin. «L’enfant qui y est hospitalisé était en danger de mort. Sa condition ne permettait pas qu’il soit véhiculé. Une requête a été faite par la clinique et le ministère de la Santé a décidé de prêter le neonatal ventilator pour sauver la vie du patient», explique-t-il. 

Selon lui, il s’agit d’une «pratique courante» qui se fait entre hôpitaux et cliniques privées. Pas plus tard que la semaine dernière, dit-il, le ministère de la Santé a dépanné la clinique Fortis Darné, en l’approvisionnant en stimulateurs cardiaques (pacemaker). Tout a été fait dans les règles et dans la transparence, avance-t-il. Cet emprunt d’équipement ne sera pas payant.

Les procédures ont-elles été facilitées étant donné que les parents sont médecins? «Cela n’a rien à voir. C’est une procédure normale pour n’importe quel patient», insiste le responsable de communication.

Est-ce vraiment une pratique courante de prêter des équipements spécialisés appartenant à l’État aux cliniques privées ? «Non, ce n’est pas une pratique courante. C’est la première fois que j’en entends parler», affirme le Dr Bhooshun Ramtohul, président de la Government Medical Consultant in Charge Association (GMCA). «Si le ministère de la Santé a vraiment autorisé ce transfert, il devra en assumer les conséquences, surtout si un bébé est dans le besoin», fait-il ressortir.

Le Dr Bhooshun Ramtohul fait remarquer que l’approvisionnement en stimulateurs cardiaques n’est pas comparable à ce cas. «C’est le gouvernement qui achète les équipements médicaux. C’est un très mauvais précédent de les donner au privé. À présent, toutes les cliniques privées pourront demander d’autres équipements et le ministère devra acquiescer.» 

Pour le president de la GMCA, il s’agit d’un acte «très grave». Une enquête, insiste-t-il, doit être ouverte. «Il faut expliquer pourquoi cette decision a été prise.»

Sollicité pour un commentaire, le Wellkin Hospital n’a pas retourné nos appels.