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Commission Britam: l’énigme Dev Manraj

4 août 2017, 23:41

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Commission Britam: l’énigme Dev Manraj

C’est le nom qui revient sans cesse lors des auditions devant la commission d’enquête sur la vente des actions de Britam Kenya. Dev Manraj (photo) cumule les postes de Financial Secretary au ministère des Finances et de Chairman de la Financial Services Commission (FSC) sous l’égide du ministère des Services financiers. D’ailleurs, lors des différentes auditions, les intervenants ont évoqué le fait qu’il menait les discussions au sein de ces deux ministères qui ont été parties prenantes de la vente des actions de Britam Kenya. Quel rôle le pion Manraj a-t-il joué dans les négociations de la vente des actions de Britam Kenya ? L’express fait le tour de la question.

Est-ce au ministère des Finances que Dev Manraj a noué contact avec l’acheteur ? Tout semble indiquer que c’est le cas. Le 16 novembre 2015, le Financial Secretary, ainsi que l’ex-ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo, convoquent Vidianand Lutchmeeparsad, Permanent Secretary au ministère des Finances, et lui demandent de rencontrer la partie kenyane.

À l’issue de cette réunion avec Peter Munga, Chairman de Plum LLP, et d’autres directeurs de Britam Kenya, c’est, selon Vidianand Lutchmeeparsad, Dev Manraj qui prendra les rênes des négociations. Et ce, puisque Vidianand Lutchmeeparsad demande à Peter Munga d’adresser toute correspondance à Dev Manraj.

Par ailleurs, deux lettres, dont l’express a une copie, adressées au Financial Secretary, soutiennent la version de Vidianand Lutchmeeparsad. La première évoque même une conversation téléphonique entre Dev Manraj et Henry Rotich, Cabinet Secretary, au Kenya. La deuxième lettre envoyée le 12 janvier 2016 vient de Benson Wairegi, le Group Managing Director et demande «a follow up meeting with you during the week of 15th of February 2016, in Nairobi, to finalise discussions on this matter».

On n’a pu confirmer, ce- pendant, si Dev Manraj s’est rendu à cette réunion. Dans les milieux concernés, on explique que ce serait plutôt Vidianand Lutchmeeparsad qui s’y est rendu. Mais il n’y a eu aucune confirmation de ce dernier devant la commission.

Au sein du ministère des Services financiers, le rôle de Dev Manraj ne semble pas moins important. C’est d’ailleurs son board qui nomme le Special Administrator, dont le rôle est de superviser toute la transaction. D’ailleurs, le board de la FSC semble maintenir le contact avec le Special Administrator, bien après que son mandat ait expiré, soit le 6 novembre, selon Padassery Kuriachen, l’exActing Chief Executive Officer de la FSC.

En effet, le secrétaire du board de la FSC, Ramanai- doo Sokappadu, a démenti les dires de Padassery Kuriachen en remettant à la commission des procès-verbaux de réunions tenus au sein de l’organisme. Ces réunions ont eu lieu jusqu’en juillet 2016. Et selon Ramanaidoo Sokappadu, c’est le board de la FSC qui convoquait les Special Administrators pour des mises à jour. Ce même board dont Dev Manraj est le Chairman.

De plus, Vidianand Lutchmeeparsad confie avoir été informé en mars 2016 que «l’affaire» Britam avait été reprise par le ministère des Services financiers. Somduth Nemchand, Deputy Permanent Secretary, a aussi affirmé devant la commission d’enquête que Dev Manraj était souvent à la tête des réunions au ministère des Services financiers.

Nous avons essayé d’interroger ce dernier, lundi, lors du lancement de Metro Express, mais il est resté sur la défensive et n’a pas répondu à nos questions.

L’affaire Britam expliquée

<p>Fonctionnaires et parlementaires défilent devant la commission d&rsquo;enquête sur la vente des actions de Britam Kenya. Qu&rsquo;en est-il de cette compagnie ? Quel est le lien avec la défunte BAI ? Quelques éclaircissements&hellip;</p>

<p><strong>C&rsquo;est quoi Britam ? </strong></p>

<p>Le British-American Investments Company (Kenya) Limited (Britam Kenya) est une compagnie d&rsquo;assurance qui fait partie du groupe Britam Holdings Ltd (BA Holdings). Et la British American Investment Company (Mauritius) Ltd (BAI) y détenait 23,3 % d&rsquo;actions. Les actions restantes de Britam Kenya sont détenues par plusieurs actionnaires kenyans.</p>

<p>En juillet 2014, un voyage de presse est organisé pour présenter aux journalistes mauriciens le rachat, par Britam, de 24,7 % des actions de la Housing Finance Ltd (HFCK), un important organisme de prêt immobilier coté à la Bourse de Nairobi. La BAI y détenait une petite part d&rsquo;actions. Les journalistes ont pu visiter les locaux de Britam et l&rsquo;annonce de la construction de Britam Tower avait été annoncée.</p>

<p><strong>Que se passe-t-il après la révocation de la licence de la BAI ?</strong></p>

<p>Tous les actifs de la défunte BAI ont été transférés à la National Insurance Company (NIC) et à la National Property Fund Ltd (NPFL). Les actions de Britam sont allées à la NPFL après la révocation de la licence de la BAI en avril 2015.</p>

<p><strong>Comment a été effectué l&rsquo;achat des 23,3 % d&rsquo;actions ?</strong></p>

<p>Le 14 octobre 2015, le groupe sud-africain MMI Holdings fait une offre de Rs 4,2 milliards pour le rachat des 23,3 % d&rsquo;actions de la BAI. Selon certaines sources, ne voulant pas que ces actions aillent à la compagnie sudafricaine, le gouvernement kenyan au- rait proposé de payer la même somme pour ces actions, soit Rs 4,2 milliards. Toutefois, une autre version vient expliquer que, de toutes les façons, la NPFL n&rsquo;aurait pu vendre ces actions au groupe MMI, étant confronté à la désapprobation des autres actionnaires kenyans. Étant à eux tous majoritaires, ce serait à eux de décider. Dans ce cas de figure, le gouvernement kenyan n&rsquo;aurait pas proposé d&rsquo;aligner ses prix sur ceux de MMI Holdings. Cependant, le 9 décembre 2015, c&rsquo;est une nouvelle offre de Rs 2,9 milliards qui est acceptée par le gouvernement mauricien. L&rsquo;offre d&rsquo;achat vient de la compagnie kenyanne Plum Limited Liability Partnership (Plum LLP). Cette somme est inférieure à la proposition du groupe sud-africain.</p>

<p>C&rsquo;est le 12 mars 2016 qu&rsquo;un accord est signé entre Yacoob Ramtoola, administrateur spécial, et Peter Munga, de Plum LLP. Un paiement de Rs 2,6 milliards est effectué.</p>

<p>Pour faire la lumière sur ces zones d&rsquo;ombre, la commission d&rsquo;enquête Britam est instituée par le gouvernement, en avril 2017, et commence alors une série d&rsquo;auditions.</p>

<p><strong>Qui sont les &lsquo;major players&rsquo; de la transaction ?</strong></p>

<p>Le secrétaire financier, Dev Manraj ; l&rsquo;ancien ministre de la Bonne gouvernance, Roshi Bhadain ; les deux conseillers de l&rsquo;ancien ministre, Akilesh Deerpalsing et Fadil Ramjanally ; l&rsquo;ancien Permanent Secretary (PS) du ministère des Services financiers Jugdish Phokeer, l&rsquo;ancien ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo et l&rsquo;administrateur spécial, Yacoob Ramtoola, entre autres.</p>

<p>Ceux qui ont été écoutés par la commission d&rsquo;enquête sont Vishnu Lutchmeenaraidoo, Vidianand Lutchmeeparsad, PS au ministère des Finances, Jugdish Dev Phokeer et Somduth Nemchand, DPS aux Finances, Prityea Chennen, secrétaire de la NPFL, Sanjiv Issary, CEO de la NPFL et Yacoob Ramtoola.</p>