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Après les récentes saisies, l’héroïne se fait rare : «Mo ser, mo pé mor…»
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Après les récentes saisies, l’héroïne se fait rare : «Mo ser, mo pé mor…»
Des centaines de kilos de «poudre blanche» ont été saisis au cours des derniers mois. Résultats des courses : l’héroïne, s’est semble-t-il, raréfiée sur le marché. Au grand dam des drogués, à qui les dealers proposent du subutex, selon leurs dires. Incursion en intraveineuse.
Cent-trente-cinq kilos par-ci, une dizaine de kilos par-là, quelques grammes ailleurs… Les saisies d’héroïne sont légion depuis quelques mois. Et, alors que certains caïds font face à la justice et que la police traque les dealers, les consommateurs, eux, doivent faire face à un autre problème : la pénurie.
Le «manque» se fait sentir depuis une semaine, si l’on en croit les principaux intéressés. Du coup, les dealers leur proposent de la buprénorphine. Si, si, vous savez de quoi il s’agit : du subutex…
Le médicament, puisque c’en est un, se faisait pourtant «discret» sur le marché depuis quelque temps. Mais, les dealers devant s’adapter, il semblerait qu’ils proposent désormais un «produit de substitution».
Ce qui effraie les consommateurs. «La kam inn aret gagné. Nou pé pas mizer dépi enn semenn, li pa pé fasil. Pa kapav nek aret enn kout koumsa sa, sa. Kan pé koup dilo, ou bizin asir ou ki pa pou éna zom ki mor akoz zot swaf», lâche Théo, qui est visiblement un adepte de la métaphore. Et qui arrive encore plus difficilement à «fat yen» depuis qu’il n’a plus accès à sa poudre blanche.
Théo n’est pas le seul à être dans cet état. Dans certains quartiers, au Nord, au centre, comme au Sud, d’autres drogués traversent une bien mauvaise passe. La révolte couve. «Nou’nn ariv enn pwin kot nou kapav touy dimounn pou gagn enn doz telman linn vinn rar…» confie Léon, le regard hagard.
Ironie du sort, à côté, alors que nous nous entretenons avec lui, une caravane, celle d’une ONG qui distribue des seringues. Alain, toxicomane de longue date, est remonté comme un coucou : «Ki séring zot pé amené, la drogue péna! Ziska plitar ou pou gueté ki pou arrivé la. Zot pé fer kouma enn foutan. Fodé nou mor ou swa éna vilin-vilin zafer pou konpran.»
Ajay, aussi, ne sait plus à quel saint, ni à quelle drogue, d’ailleurs, se vouer. Affaibli et énervé à la fois, il a du mal à s’exprimer clairement. «Mo ser, mo pé mor. Li pa bon mem nou drogué mé nou fini gagn bezé. La kam inn disparet ek bann séki finn ramas li la inn amenn sibitex. Ou koné komié dimounn dan yen kouma mwa pou mor pli bien ar sa?» Funeste présage. Un ami d’Ajay abonde dans le même sens : «Sibitex tinn disparet, kouma enn sel kou linn resorti?»
«Pé rod exterminn tou droger»
Tony a sa propre théorie là-dessus. «‘Bann-la mem’ kinn ramasé pou pa ouver lizié ek zot pé rod exterminn tou droger!» Et d’ajouter ironiquement : «Si ou trouvé ki kalité dimounn vinn asté ladrog ek dan ki kalité loto, ou ti pou gagn sok.» D’ailleurs, les «gran misié» ont effectué une visite dans la «cité» en début de semaine. Ce qui a même déclenché une bagarre entre les «marchands». Car, certains, même s’ils ont les mains sales, sont contre le fait de refiler du subutex à leurs clients.
Quoi qu’il en soit, la souffrance de nos interlocuteurs semble bien réelle. Elle est à la fois physique et psychologique. «Péna personn pou sap bann séki pé fat yen», souligne Ajay.
Ses amis et lui ont-ils seulement essayé de s’en sortir ? Oui. Mais sans succès. Mais alors devrait-on continuer à laisser rentrer des tonnes d’héröine dans le pays parce qu’ils sont en manque ? «Non. Pa sa nou pé dir. Nou dakor bizin sézi. Mé, pans enn solision pou ed nou.»
Alain fait également ressortir que le chemin vers un traitement à la méthadone est un parcours semé d’embûches. «Les procédures prennent un temps fou, alors que la situation est urgente.» Du coup, au lieu de poursuivre les démarches qui conduisent à la désintoxication, certains préfèrent se tourner vers des solutions plus rapides. Et mortelles.
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