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[Vidéo] Disparition: Les métiers de la canne «dan karo»
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[Vidéo] Disparition: Les métiers de la canne «dan karo»
Désintérêt des jeunes couplé au vieillissement de la main-d’œuvre et la disparition des champs sous culture de la canne… autant de maux qui rongent le secteur sucrier.
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Il est quatre heures du matin à Tagore Road, Triolet. Dans sa modeste demeure, Parmanand Seeruttun, 64 ans, se prépare pour la longue et laborieuse journée qui l’attend. Il enfile ses bottes, ramasse ses serpes et une paire de gants dans son sac, pendant que sa femme, Chandi, lui apporte sa tasse de thé. Fidèle à ses habitudes durant la saison de coupe, Parmanand parcourt des kilomètres à bicyclette pour se rendre à son lieu de travail. Il est coupeur de canne depuis 40 ans.
Une fois au champ pas encore éclairé par les premiers rayons de soleil, Parmanand Seeruttun s’attelle avec énergie à la tâche. En l’espace de quelques minutes, des centaines de tiges sont à terre les unes après les autres. Entre deux soupirs, le sexagénaire se confie. «Mo pou kontinié tan ki bondié permet mwa. Monn fini abitié.» Parmanand regrette toutefois que la relève ne soit pas assurée, ni parmi ses enfants et encore moins, parmi les jeunes en général. «Personn pa rod vin travay dan karo aster. Samem p pren dimounn dépi déor.»
Un tour dans les champs permet d’ailleurs de confirmer les dires du laboureur. Le constat est indéniable: ceux qui ont répondu présents pour la coupe sont tous de la même tranche d’âge, soit la soixantaine.
Le désintérêt des jeunes pour ce métier, couplé au vieillissement de la main-d’œuvre, ne sont pas les seuls soucis auxquels font face les champs de canne. Depuis plusieurs décennies maintenant, les champs sous culture de canne, eux-mêmes, disparaissent. Les planteurs sont de plus en plus nombreux à délaisser leurs terres et ce, pour diverses raisons. En moins de 20 ans, la superficie sous canne a chuté de 73 147 hectares à 51 477 hectares, soit une baisse de 30 %.
Hassen Auleear, 58 ans, est parmi ces planteurs. Également habitant de Triolet, il a été contraint à délaisser sept arpents de terre, autrefois sous culture de canne. Père de trois filles, dont deux expertscomptables, il s’insurge contre le fait que sa famille n’ait pas eu l’aide «nécessaire» du gouvernement pour maintenir les terres en vie. «Leker gro kan pans sa. Ou koné komié zéfor ban lanset inn fer pou asté sa bann térin-la ? Mé mo péna swa. Pa gagné mem revenu ek sa. Mo mem mon dékouraz mo ban zenfan», regrette-t-il, en regardant son terrain.
Difficile à croire que sur ces mêmes terres, il y avait des champs de canne à perte de vue. Le souvenir est bien lointain. Selon Hassen Auleear, la situation risque d’empirer. «Premié fwa an 37 an karyer, mo pa trouvé mem dimounn dan karo. La avek bess pri disik, dimounn pou pli dékourazé. Nou pé al ver la fin mem la. Lané prosenn pa koné kouma kann pou ariv dan lizin.»
Jacqueline Sauzier : «Pas de remplaçant pour la canne»
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<figure class="image" style="display:inline-block"><img alt="" height="330" src="/sites/lexpress/files/images/jacqueline_sauzier.jpg" width="620" />
<figcaption>Jacqueline Sauzier, la secrétaire de la Chambre d’agriculture.</figcaption>
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<p>La secrétaire de la Chambre d’agriculture avoue que la canne à sucre est aujourd’hui <em>«sous pression»</em>, avec le vieillissement de la main-d’œuvre ainsi que l’abandon des terrains sous culture de canne. D’ailleurs, c’est pour cela que les dernières prévisions font état d’une production de 360 000 tonnes de sucre. Ce qui fait que la barre fixée par le gouvernement, qui était de 400 000 tonnes, ne sera pas franchie. Mais Jacqueline Sauzier se veut rassurante. Elle soutient que les mesures pouvant maintenir la canne et la superficie en vie le plus longtemps possible, sont nécessaires. <em>«Nous travaillons de concert avec les différentes parties prenantes, même s’il n’y a pas des solutions qui sortent des chapeaux magiques. La canne à sucre existe depuis 350 ans et ce n’est pas d’un trait de plume qu’on va l’effacer.»</em> Jacqueline Sauzier ajoute également qu’il est inévitable de se diriger vers la mécanisation, mais l’apport des laboureurs sera tout aussi nécessaire.<em> «C’est une approche intégrée qu’il nous faut pour permettre de maintenir l’économie du pays en vie.»</em></p>
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