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Nirvana Varma: «Un homme ne se réveille pas en se disant qu’il va être macho»
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Nirvana Varma: «Un homme ne se réveille pas en se disant qu’il va être macho»
À 28 ans, Nirvana Varma veut révolutionner le monde. Rien que ça. Et pour elle, cela ne pourra pas se faire sans les femmes. Raison pour laquelle elle lancera bientôt un magazine au nom évocateur : «Le Mont de Vénus». Escalade en vue.
Encore un magazine féminin. Pourquoi ?
L’histoire est assez farfelue. L’idée est née après une petite dispute avec mon compagnon. Le sujet de discorde : les finances. Le débat portait sur les tâches ménagères et le fait de savoir si les femmes devaient être rémunérées pour tout ce qu’elles font. Parce qu’aujourd’hui, plus de femmes travaillent, mais elles continuent à «roul lakwizinn», à s’occuper des enfants, du mari, etc. Les moeurs ont évolué, mais certaines habitudes sexistes ont la vie dure. Pourquoi ? C’est ce que nous voulons comprendre dans ce magazine.
Vous avez la réponse ?
Tout à fait. Il faut remonter jusqu’à la préhistoire, au temps des chasseurs de mammouths. Puis, il y a eu la révolution agricole. L’homme a appris à domestiquer les plantes, les animaux et la femme, par la même occasion. Depuis, cette dernière est devenue le «sexe faible», une forme de discrimination que nous traînons derrière nous depuis des milliers d’années. J’aimerais bien que la femme puisse sortir de ce carcan dans lequel elle s’est elle-même enfermée. Il n’y a qu’à travers l’éducation qu’on peut y arriver.
Vous les incitez à brûler les soutifs comme en mai 1968 ?
Non, il y en a beaucoup qui n’en portent pas. Et puis, il n’est pas question d’être l’égale de l’homme. Les femmes ont une «vie» et une manière de penser différentes, et il faut qu’elles puissent se mettre en valeur, qu’elles s’affirment. Il y a des situations où les femmes sont traitées comme des «sous-humains».
Vous y allez fort…
Ah, vous pensez ? Comment se fait-il alors que pour un même poste, de cadre par exemple, la femme touche un salaire qui est de 27 % inférieur à son homologue masculin ? Mais il n’y a pas que dans le monde du travail que les femmes sont lésées. À l’école, les filles apprennent à faire la cuisine et la couture, en Home Economics. Aucun prof ne fait rêver les étudiantes en leur disant qu’elles peuvent être architectes ou ingénieures. Si elles ont de la chance, elles le découvriront par elles-mêmes. C’est pour cela que les femmes et les hommes doivent être «éduqués». Car pour le moment, tout le monde pense que les rôles imposés sont normaux.
Les hommes aussi ?
Évidemment. Un homme ne se réveille pas un beau matin en se disant. Tiens, je vais devenir macho et misogyne. C’est l’éducation et l’environnement qui le rendent ainsi. C’est pour cela que j’ai décidé de prendre les choses en main. Le magazine mettra l’accent sur la pédagogie.
Ce n’est pas la première fois qu’on entend ce genre de discours.
Je ne vais pas m’arrêter à un discours et un magazine. Lorsque celui-ci sera lancé, nous organiserons des ateliers de travail et des groupes de discussion pour et avec les femmes. Nombreuses sont celles qui ont les mêmes problèmes que leurs voisines, mais elles ne le savent pas. Ce n’est qu’à travers la communication qu’elles pourront se serrer les coudes, trouver la force de surmonter les obstacles. Commençons par faire bouger les choses au sein des localités.
Et vous, vous ferez quoi ?
Les suivre. À terme, nous pensons monter un club pour les femmes. Historiquement, toutes les avancées notées au niveau de la cause féminine sont passées par les clubs. Une cour spéciale pour les jeunes, les garderies, toutes ces idées ont été générées à la suite de rencontres entre femmes.
Nous sommes en 2017. Nous sommes à Maurice. Est-ce que cela marchera vraiment ?
Je ne vois pas pourquoi cela ne marcherait pas. Il faut se rendre à l’évidence. Dans la vie réelle, les femmes ne peuvent compter que sur elles-mêmes. Mêmes celles qui font de la politique ne pourront pas les aider…
Les politiciennes sont des incapables ?
Non. Mais en politique, les femmes suivent toujours le système patriarcal, qui nous vient de l’occident. L’exemple type : Margaret Thatcher (NdlR, Premier ministre du Royaume-Uni de 1979-1990). Elle est hissée jusqu’à laplus haute fonction d’un État puissant. Elle avait la possibilité de gouverner différemment, mais elle a préféré utiliser la même méthode que les hommes : se plier aux puissants lobbys économiques et partir en guerre…
Revenons-en à votre magazine, Le «Mont de Vénus». Pourquoi ce titre ?
Nous avons longuement réfléchi à cela. Il fallait un titre qui reflète le contenu. Nous ne ferons pas de concession, nous dirons les choses telles qu’elles sont. C’est une manière de nous affirmer. Le Mont de Vénus est tout ce qu’il y a de plus naturel, il faut briser les tabous et chasser la pudibonderie.
Quid de la couverture ?
Vous parlez des seins ? Le thème du magazine est la révolution agricole. Les femmes étaient comme ça à l’époque, je n’ai rien inventé ni décidé. Je n’allais quand même pas leur mettre des vêtements…
Une femme maquillée ? Non ?
Ah, mais je n’ai rien contre le maquillage! J’en utilise moi-même. Mais là aussi, on touche à un autre problème. Le maquillage devrait être un moyen de se mettre en valeur. Aujourd’hui, avec tous les lobbys qu’il y a autour, il est devenu le paravent qui masque les imperfections.
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