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Riyad, 14 ans, admis à Brown-Séquard: SOS d’enfants en détresse

6 août 2017, 18:00

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Riyad, 14 ans, admis à Brown-Séquard: SOS d’enfants en détresse

Est-ce que Maurice a ce qu’il faut pour venir en aide aux enfants en détresse ? La question se pose après qu’un ado de 14 ans, qui vivait dans la rue, a été envoyé à l’hôpital Brown-Séquard.

L’histoire de Riyad (prénom modifié) a été largement médiatisée. Il s’est retrouvé à la rue après que sa mère a été, elle-même, admise à Brown-Séquard. Il a erré ici et là, mendié pour avoir quelque chose à se mettre sous la dent. Seul, à la merci de tous, le jeune garçon a été exploité, y compris par ses proches. En désespoir de cause, il s’est tourné vers les salles de rédaction pour trouver de l’aide.

Sa détresse a touché Rita Venkatasamy, l’Ombudsperson for Children, qui s’est déplacée pour aller à la rencontre de Riyad et essayer de lui trouver une solution. Par la suite, il a été admis à Brown-Séquard pour des soins. «Cet enfant a des troubles du comportement. J’ai discuté avec lui. Il a aussi un gros problème avec les autorités et la loi. Mais nous réglons un problème à la fois», a-t-elle expliqué. Son admission à l’hôpital psychiatrique va durer jusqu’à la fin de son traitement, indique-t-elle. Et de souligner que les soins dispensés à l’hôpital, même pour les enfants, sont au point. Et après ?

Rita Venkatasamy explique que puisque les options sont très limitées à Maurice, c’est le RehabilitationYouth Centre (RYC) ou les shelters qui s’occupent des enfants qui sont dans la même situation que Riyad. «Je ne dis pas que c’est le cadre idéal, mais tout n’est pas noir. Les choses évoluent lentement», dit l’Ombudsperson for Children. À la suite des rencontres qu’elle a eues avec le commissaire des prisons et les travailleurs sociaux, elle affirme que tout le monde est au courant de la situation des enfants en détresse. «Il y a aussi les abris qui font un bon travail avec les moyens qu’ils ont. Mais on ne peut pas dire que ces institutions sont bien équipées», concède-t-elle.

Un point de vue que partage Anishta Babooram, ancien membre de la Commission des droits de l’Homme. Selon les derniers chiffres, Maurice compte environ 7 000 enfants de rue. L’avocate explique que dans la loi, tout est prévu pour le bien-être des enfants. Mais la réalité est tout autre. «Lorsqu’on parle des enfants de cet âge, il faut être en mesure d’avoir le personnel formé pour être à leur écoute. Malheureusement, à Maurice, nous n’avons pas cela», déplore Anishta Babooram.

Enquête

À cet âge, les enfants sont en pleine crise d’adolescence et sans formation en psychologie, il est impossible de leur venir en aide. Ces enfants viennent de familles brisées et ont connu des épreuves dures à porter pour leur âge. Ils ont besoin d’une attention particulière et pas forcément de traitements psychiatriques. «Des fois, ils ont simplement besoin d’une oreille attentive pour aller mieux», dit-elle. De plus, il n’y a aucun programme qui vise à les réintégrer dans la société. «Si les enfants ont des problèmes comportementaux, il faut comprendre ce qui a provoqué cela», estime l’avocate.

À Maurice, le ministère de l’Égalité du genre, du développement de l’enfant et du bien-être de la famille explique que pour les enfants en détresse, outre le RYC, il y a 18 shelters qui peuvent les recueillir, dont 13 sont gérés par des ONG. «Ils sont placés dans les abris uniquement après qu’une enquête sociale qui démontre qu’aucun proche n’est en mesure de s’occuper d’eux a été menée», explique-t-on. C’est à la Child Development Unit que revient la charge de leur trouver un abri. Dans le cas où l’enfant est seul, c’est la cour qui décide où il sera placé.

Qu’en est-il de Riyad ? «Les enfants avec des problèmes psychiatriques sont admis à Brown-Séquard, car c’est l’institution la plus adaptée à leur condition. À sa sortie, il y aura une enquête sociale et nous verrons comment le protéger», assure une source officielle.