Publicité

Seesurun Suntah, ancien employé des chemins de fer: «Les gens finiront par aimer le Metro Express»

8 août 2017, 03:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Seesurun Suntah, ancien employé des chemins de fer: «Les gens finiront par aimer le Metro Express»

Vous travailliez jadis sur les chemins de fer, à l’époque où il y avait des trains chez nous... Que vous inspire le Metro Express ?

J’ai 94 ans et dis toujours que nous ne pouvons vivre dans le passé. Une fois, j’ai demandé à des jeunes ce qu’ils pensaient des vieux qu’ils ont à la maison et ils m’ont répondu «hmm…», sans rien rajouter. J’ai compris par leur ton qu’ils les considéraient un peu comme un fardeau. C’est un peu comme ça que je réagirais si les anciens trains devaient revenir. Mais ce n’est pas le cas. Là, nous parlons de modernité, de vitesse. Pourquoi peut-on le faire ailleurs et pas ici ? Il faut du progrès, il faut bouger. C’est une bonne idée.

Nous nous sommes pourtant débarrassés des trains par le passé... 

Ce ne sera pas comme ceux que nous avons connus. Il y aura des stations. À voir le tracé, on se dit qu’il traversera les mêmes endroits que les anciens trains… Mais là, ce sera beaucoup plus rapide.

Est-ce qu’à l’époque, il y avait un réel engouement pour les trains ? 

Oui. C’était le mode de transport de tous. Les vieux trains passaient par Petite-Rivière, Beau-Bassin, Phoenix, Vacoas. Tout le monde devait voyager en train et il y avait des chemins de fer jusqu’à Mahébourg et de là jusqu’à Port-Louis.

Est-ce que les plus pauvres pouvaient se permettre le trajet ?

Les tickets n’étaient pas chers du tout. À la fermeture des chemins de fer, j’étais un cadre et le dernier jour, j’ai posé la question aux passagers pour savoir ce qu’ils pensaient. L’un d’eux m’a répondu : «Sa ti bizin fermé mem sa.» Vous voyez, les gens ne pensent pas tous pareils et il faut les respecter. Cette fois aussi, chacun pense différemment mais cela ne veut pas dire que le projet ne tient pas la route.

Pensez-vous que les gens voudront prendre le métro tout en sachant qu’ils sont nombreux de nos jours à posséder une voiture ? 

Oui, ils vont le faire du moment qu’ils y voient un avantage. Ils pourront voyager plus sereinement et plus rapidement. Pensez au trajet avec des enfants en voiture. Il y a un embouteillage et les gamins s’ennuient. C’est le quotidien de beaucoup de parents. Or, dans un métro, vous partez vite et sans stress. Et puis, je me dis qu’il faut essayer, ensuite on verra. Les gens vont juger. Si les consommateurs apprécient votre produit, ils achètent, sinon vous fermez boutique. Je crois que les gens finiront par aimer. C’est une question de temps.

Et vous, prendrez-vous le métro ?

(Rires) Comment faire à mon âge ? Je n’arrive même pas à voyager dans à bord d’un autobus. Il y a la fatigue du vieux corps mais aussi l’opinion publique. Une fois, des collégiennes d’un établissement de Port-Louis étaient dans un bus. J’étais assis à côté de l’une d’entre elles. Une vieille dame est montée et j’ai dit à la fille si elle ne pouvait pas lui céder sa place. Elle m’a répondu : «Momem monn fatigué dan kolez, ou krwar mo pou al donn li plas?» J’ai apprécié la franchise de la jeune fille. Elle n’a pas fait semblant. J’ai su exactement ce qu’elle pensait et cela me va. Je respecte. Mais ça montre aussi la mentalité de certaines personnes. Mais si on m’accompagne, je veux bien grimper à bord du métro. Et découvrir cette nouveauté…