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Camp-Thorel: on trinquait au bonheur à Ti lambic
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Camp-Thorel: on trinquait au bonheur à Ti lambic
Pas la peine de chercher le nom sur Google Maps. Vous y trouverez, en fait, le nom plus familier de Camp-Thorel. Ce que peu de gens savent, c’est que le nom de ce village était, jadis, Ti Lambic…
Avant d’avaler un verre, on prend un bol d’air frais. À l’entrée du village, il y avait celui que les habitants surnommaient le «Ti Bolom Salute». Sorte de mascotte qui, posée sur son socle en béton, saluait les visiteurs. Sauf qu’il a tellement bien fait son travail que les malfrats l’ont emporté chez eux. Il a été volé il y a deux ans…
Mais revenons-en à Ti Lambic. Si le village s’appelait ainsi, c’est parce qu’on y fabriquait de l’alcool. En toute illégalité, bien entendu.
«An 1976, kan Dr Krishna Coonjan inn éli, linn koumans fer met telefonn fix kot ban dimounn. Lerla mem bann-la inn koumans per pou kontinié fabrik lalkol. Parski ti fasil pou fer lapolis koné…» souligne un habitant du village, âgé d’une cinquantaine d’années.
Ti Lambic – Camp-Thorel pour rester dans le présent – compte quelque 3 000 âmes. Et, pendant la journée, le calme règne, il y a de la quiétude dans l’air. Les sourires sont légion.
«Éna boukou fonktioner ki gramatin boner zot al travay ek éna boukou zenn ki al liniversité ousi», confie Nandkumar Khuboo, propriétaire d’une des plus anciennes boutiques de la localité. «Ce sont mes grands-parents qui l’ont ouverte. Et puis mon père a pris la relève et puis j’ai pris le relais…»
L’homme, qui ne souhaite pas divulguer son âge, fouille au fond de sa mémoire. Qui le ramène au temps des «ti lambic». Pour préparer le fameux breuvage, «larak», il fallait du sucre roux, de la canne à sucre et du levain. «Avan boukou dimounn ti pé fer li. Zot ti bann spesialis ladan», lâche Nandkumar en riant sous cape. Avant de reprendre son sérieux. Le natif du village déplore le fait que celui-ci n’ait pas connu de «vrai développement».
Même s’il s’accorde à dire que «bann dimounn inn bien fer progré. Avan, tou abitan ti éna lakaz tol, aster tou lakaz béton. Boukou éna bel-bel poste travay...» N’empêche que «si ou guet vilaz lamem, éna boukou kitsoz ki manké nivo infrastriktir mem».
Comme ? Et de sortir une liste de choses qui sont en piteux état, comme les trottoirs et les drains. Sans compter le dispensaire malade et le manque d’activités pour les jeunes. «Nous avons un terrain de foot mais il est en piteux état. Le parcours de santé est plutôt mal en point. On nous avait promis un ‘open gym’ mais nous ne voyons rien venir.»
«Nous allons remédier à tous ces problèmes», rétorque Sandeep Seeburrun, le vice-président du conseil de village. «Nous aurons un nouveau dispensaire et le terrain de foot sera retapé.»
En attendant, malgré les doléances, il fait bon vivre à Camp-Thorel, tout comme il faisait bon vivre à Ti Lambic… Les cris d’enfants s’élèvent d’ailleurs du jardin d’enfants, sécurisé, précisons-le, situé à quelques pas d’un cours d’eau. Pour garder la forme, certains villageois font leur jogging, hument l’air frais, rarement pollué par le passage de quelque véhicule fumigène…
Oui, décidément, on trinque au bonheur à Ti Lambic.
<h3>La gare fantôme</h3>
<p>Il est situé à la fin du village. Il devait autrefois grouiller de monde. Désormais, il y a seulement quelques chiens errants qui daignent s’y aventurer. Et deux autobus qui sont garés là. «<em>Dimounn pa vinn pran bis isi akoz li tro andan. Zot atann nou dan vilaz mem</em>», lance un receveur, visiblement désoeuvré.</p>
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