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Sébastien Gaspard, 11 ans, écolier: «Kisasa Nine-Year Schooling la ?»

13 août 2017, 16:32

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Sébastien Gaspard, 11 ans, écolier: «Kisasa Nine-Year Schooling la ?»

Nous l’avons rencontré au détour d’une ruelle, à Baie-du-Tombeau. Il a un sourire permanent collé sur le visage. A du mal à épeler son nom de famille. S’apprête à entamer le troisième trimestre, qui démarre le lundi 14 août et prendre part au Primary School Achievement Certificate. Sauf que pour Bastien, le Nine-Year Schooling, c’est du chinois. Interview réalisée avec l’accord de sa maman, Catherine.

Siloy la ?
Dresé partou.

Tu peux épeler ton nom de famille s’il te plaît ? Tu es en quelle classe ?
(Hésitant) J-A-R-P-R-D. (NdlR, sa maman intervient : «C’est Gaspard», lance-t-elle.) Je suis en sixième.

L’école reprend le lundi 14 août (NdlR, l’entretien a été réalisé vendredi). Le Nine-Year Schooling, tu sais ce que c’est ?
(Il réfléchit) Oui…

C’est quoi ?
Pa koné kisisa ! Je sais juste qu’il n’y a pas d’examens du CPE, mais qu’on aura un examen quand même. Quand ? Je crois que c’est le 24 ou le 25 (NdlR, le Modular Assessment démarre le 29 août avec les sciences et l’histoire-géo. Les examens de fin d’année auront lieu en octobre).

Tes profs ne t’ont rien expliqué ?
Si, un peu, mais je n’ai toujours pas compris. Zot inn donn mwa papié pou mo mama signé. Ils nous ont demandé de choisir les collèges. Ma maman et moi avons choisi deux établissements qui sont situés à Port-Louis, pas loin de chez nous.

Es-tu prêt ? T’as bien repassé tes leçons ?
(Sourire en coin) Oui. Mais je ne travaille pas très bien à l’école. Je n’aime que les Maths. Pour le reste, c’est trop, trop, trop difficile, je n’y comprends pas grand-chose, surtout l’Anglais. Dan matématik, mo rési tir 50-60 pwin. Alors qu’ailleurs, ça varie entre 19 et 30. Ça a tout le temps été comme ça. Mais je n’ai jamais redoublé de classe, hein !

Tes profs et tes parents ne t’aident pas pour faire en sorte que tes notes remontent ?
Si, ils essayent. Monsieur bat kout lareg tou. Mais il y a 36 élèves dans la classe et il n’a pas le temps de s’attarder sur les faiblesses de chacun de nous. Ma maman a étudié jusqu’à la Form IV, mais elle me dit que le programme n’était pas le même à son époque et que le niveau est trop élevé pour elle. Il y a des choses qu’elle-même ne comprend pas, dans plusieurs matières. Elle travaille dans une usine où l’on met du thon en boîte. Li dir mwa so manager ti pé al mem lékol ki mwa. Mais, selon sa patronne, le niveau dans les écoles a bien baissé…

Tu réagis comment quand le prof te frappe avec la règle ?
Mo manz mo kou. Je comprends, il faut qu’il soit ferme pour que je travaille bien à l’école. Je fais de mon mieux.

Au lieu de courir dans tous les sens avec tes camarades, tu ne devrais pas être en train de travailler pour avoir de bons résultats ?
(Il fait la moue) Je profite de mes derniers jours de vacances ! Nous n’avons rien à faire ici, mes amis et moi. Il n’y a pas de jardin d’enfants, pas de terrain de foot, rien. Ma maman dit que c’est parce que nous habitons un quartier défavorisé que personne ne s’occupe de nous. Il y a beaucoup d’enfants ici. Nou tchak-tchaké lerla, nou zwé.

Tu veux faire quoi, plus tard, quand tu seras grand ?
(Enthousiaste) Je veux être policier ! Je veux attraper les trafiquants de drogue et les criminels qui tuent des gens.

La drogue, les drogués, tu en as déjà vu ?
Oui, il y a des gens qui consomment de la drogue synthétique. Vinn fou ek sa. Il y a des gens qui meurent à cause de ça, ce n’est pas bien.

Tu suis l’actualité ? Tu lis les journaux ?
Je regarde les informations après je vois des posts sur Facebook. Mo lorla zis pou chat ek mo bann kamarad.

À d’autres ! Elle s’appelle comment ta copine ?
(Sourire gêné) Je n’en ai pas ! Je suis encore trop jeune pour ces choses-là. Mo mama dir bizin lir avan, pou kapav gagn enn bon travay.

Tu changerais quoi si tu étais ministre de l’Éducation ?
Il y aurait un terrain de jeux, avec un toboggan, une balançoire et un jardin dans mon école. Mo ti pou dimann bann profeser met plis dir avek bann zanfan pou zot aprann pli bien.

Ah ? Ils ne sont pas assez sévères ?
Vous allez me poser encore beaucoup de questions-là ? Mo bann kamarad pé atann mwa.