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La Ferme : réservoir d’inquiétude
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La Ferme : réservoir d’inquiétude
Ils occupent ces terrains de l’État depuis plus de deux décennies, pour certains. Et devront bientôt tout laisser. Les squatters de La Ferme seront relogés d’ici novembre, a annoncé le ministre du Logement et des terres, Showkutally Soodhun, le mercredi 9 août, à l’issue d’une cérémonie de remise de titres de propriété aux habitants de GlenPark. Cela, en raison du réservoir qui est en train de céder dû à l’extraction des pierres, a-t-il expliqué. Toutefois, la nouvelle a reçu un accueil mitigé des squatters.
Ils sont nombreux, comme Malinee Palaneeandee, 24 ans et mère de trois enfants, qui habite Bambous depuis plus de dix ans, à dire que cette décision était trop longtemps attendue. «Get komié tan nou finn fer la, gouvernman pann fer narnié pou nou», s’insurge-t-elle. La jeune mère de famille se demande où ils seront relogés. «Des maisons qui auraient dû être octroyées aux habitants de Bambous ont été attribuées à des habitants de La Valette», déplore-t-elle.
De plus, selon elle, certains squatters qui ont été relogés se plaignent des conditions de vie. «Ils ne sont pas connectés au réseau électrique et n’ont même pas l’eau courante», soutient Malinee Palaneeandee. Et d’ajouter : «Nou dakor kit térin gouvernman nou alé, selman nou bizin la limier, nou bizin délo. Si péna sa kouma dimounn pou viv.»
Sarah Jane Joseph, mère de cinq enfants et habitant près du réservoir, a, quant à elle, hâte d’être relogée. Cela fait des années qu’elle squatte les terres de l’État, sans eau ni électricité. «Mo ti pou kontan ki tir nou la enn fwa», lance cette jeune mère de 20 ans, même si elle ne sait pas encore où elle sera relogée.
Sarah Jane Joseph raconte que quand il pleut, c’est un calvaire pour elle, car toutes ses provisions et ses quelques meubles sont abîmés. Si elle arrive à tenir le coup, c’est grâce au soutien de bons samaritains tels que le prêtre de l’église de Bambous et des habitants de la région. «Le prêtre nous donne de la nourriture. On m’a aussi remis des matelas», dit Sarah Jane Joseph. Pour elle, depuis longtemps le gouvernement aurait dû leur donner une autre maison.
Quant à Clara Lindor, cleaner au Shoprite de Barachois et habitant au pied du réservoir depuis presque 20 ans, elle déclare qu’elle était prête d’y renoncer. «Boukou fwa noun fer démars pou gagn lakaz, nou pann rési gagné mem. Cela fait 15 ans que nous nous sommes inscrits au housing, nous n’avons rien eu», fait-elle part. «Si le réservoir ne représentait pas de risque, nous n’aurions jamais pu quitter cette localité», dit la femme âgée de 42 ans, sceptique.
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