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Face aux questions d’actualité: le Premier ministre sur les nerfs
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Face aux questions d’actualité: le Premier ministre sur les nerfs
Le calme de Rodrigues semble avoir eu l’effet inverse sur l’humeur du Premier ministre (PM). Depuis son retour jeudi, il dégaine des répliques incendiaires à tous ceux qui osent le contredire. Journalistes, médecins, syndicalistes, adversaires politiques… Tous y passent. Tant et si bien que cela fait sourciller les collaborateurs du gouvernement.
«Nimport ki bachara vinn fer déklarasion mo bizin fer enn lanket ? Eski ou pé met an dout mo répitasion ? Ou réprézant lepep ?» a lancé Pravind Jugnauth, samedi, à un journaliste trop insistant quant aux allégations du trafiquant Peroomal Veeren à son encontre. Et dimanche, à Quartier-Militaire, il a fait une nouvelle sortie contre la presse. «Certains médias sont en contact avec les mafias de la drogue.»
Quant aux travailleurs du transport qui menacent de faire grève, ils en ont pris pour leur grade. «Fer ou lagrev apré ou ava gété ki apel Pravind Jugnauth», a déclaré le PM. Il n’y est pas allé du dos de la cuillère non plus avec les médecins des hôpitaux qui s’opposent au Shift System.
«Mauvaise stratégie»
L’ancien éditorialiste et ministre Jean Claude de L’Estrac pense que c’est la situation sur le plan politique qui influence le PM. «Je crois que les nerfs du PM sont en train de lâcher. Il nous a habitués à un langage modéré, contrastant avec celui de sir Anerood Jugnauth», analyse-t-il. «Il y a une succession de scandales qui déstabilisent le gouvernement. Il croit passer à l’offensive, mais c’est une mauvaise stratégie. Un chef de gouvernement ne doit pas invectiver. Au contraire, il doit convaincre et rassurer.»
Les déclarations politiques faites par les ministres peuvent poser problème, prévient-il. «Ce n’est pas normal que la presse ne cherche qu’un bout de déclaration pour faire parfois du sensationnalisme. La déclaration politique doit être rare et ne doit pas être à l’emporte-pièce», a-t-il insisté. D’enchaîner : «Elle doit être minutieuse. Les ministres ont tort de se laisser emporter par la presse.»
Quant à Jean-Mée Desveaux, ex-conseiller spécial au bureau du Premier ministre sous Paul Bérenger, il note que Pravind Jugnauth se sent acculé depuis qu’une panoplie d’avocats proches de son parti ont été convoqués à la commission drogue. «Il y a les allégations contre Raouf Gulbul, son conseiller légal.» L’observateur politique pense que pour le moment, c’est un dossier qui préoccupe le PM en raison de son «immobilisme face aux accusations» à l’égard du Chairman de la Gambling Regulatory Authority et de la Law Reform Commission.
«Pravind Jugnauth doit se sentir très seul. Il développe une tendance assez atypique à montrer des signes d’agressivité. Il n’a pas sir Anerood Jugnauth pour le défendre, sans compter toutes les pressions de deux grands ministères et la tourmente d’une élection où il va se déclarer forfait. Posera ? Posera pas ?» remarque Jean-Mée Desveaux. Et de poursuivre : «Il se réveille tous les jours depuis des semaines avec cette décision cruciale que personne ne peut prendre mis à part lui. Il n’est qu’à mi-mandat et pourtant, la situation va empirer, vu qu’il y a beaucoup d’autres questions qui méritent des réponses.»
Dans le clan du Premier ministre, un proche reconnaît que ce dernier a changé d’attitude depuis son retour des vacances. Toutefois, il insiste que c’est le journaliste qui a eu un ton déplorable à l’égard de quelqu’un qui occupe un poste constitutionnel. «C’est toujours mauvais pour un chef du gouvernement de critiquer la presse, encore moins la classe ouvrière. Navin Ramgoolam l’a appris à ses dépens. Cependant, je ne crois pas que ce sont ses conseillers en communication qui sont derrière son comportement. Je me demande qui sont ceux qui le poussent à agir ainsi», a-t-il déclaré.
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