Publicité
Irfan Rahman : «Je suis en faveur d’une loi pour le financement des partis»
Par
Partager cet article
Irfan Rahman : «Je suis en faveur d’une loi pour le financement des partis»
Êtes-vous en faveur de l’introduction d’une loi pour réglementer le financement des partis politiques dans le cadre d’une campagne électorale ?
Je me prononce pour l’introduction d’une telle loi. C’est plus sain dans une démocratie comme la nôtre. Et cela doit se faire dans la transparence totale.
Selon vous, y a-t-il une volonté politique pour concrétiser un tel projet ?
Je crois que oui. Tous les partis politiques sont d’accord. Alors pourquoi ne pas aller de l’avant ? D’ailleurs, un comité, présidé par sir Anerood Jugnauth, le ministre mentor, travaille d’arrache-pied sur l’introduction d’une telle loi.
Avez-vous participé aux travaux de ce comité ?
Oui. J’ai déposé à plusieurs reprises devant ce comité. J’y ai donné mes opinions en tant que commissaire électoral.
Quand les recommandations seront-elles publiées ?
Je crois savoir qu’une première ébauche de cette législation sera rendue publique sous peu. Je ne peux dire quand exactement. C’est au président du comité d’en décider et de s’assurer de l’avancement des travaux du comité.
Est-il possible que l’introduction de cette loi soit votée à l’Assemblée nationale avant les élections générales de décembre 2019 ?
Je le souhaite ardemment. Et que cela se fasse dans la transparence en accord avec tous les partis politiques.
La commission électorale a-t-elle un projet d’envergure ?
Oui. C’est notre défi et notre désir aussi. Soit de faire le dépouillement des votes le jour même du scrutin et non le lendemain comme dans le passé.
Quand souhaitez-vous introduire ce concept ?
Le plus vite possible. Savez-vous que Maurice est le seul pays membre de la Southern African Development Community à faire son dépouillement des votes le lendemain du scrutin ?
Travaillez-vous déjà sur un mécanisme pour mettre sur pied un tel projet ?
Au sein de la commission électorale, nous conjuguons nos efforts pour mener à bien ce projet. Nous souhaitons introduire ce nouveau système de dépouillement lors des prochaines élections générales.
Vous êtes électeur et citoyen mauricien. Exercez-vous vos droits civiques lors des élections générales ou municipales ?
Depuis que je suis commissaire électoral, je n’ai pas voté lors des élections.
Pourquoi ?
Il y a deux raisons. Premièrement, le commissaire électoral doit rester neutre et indépendant. Il doit s’acquitter de sa tâche en son âme et conscience, selon la Constitution de Maurice. Je dois agir comme un arbitre dans une joute électorale. La seconde raison est que je peux être appelé n’importe quand à remplacer un Returning Officer en cas de défaillance dans n’importe quelle circonscription. Savez-vous aussi qu’un Returning Officer n’a pas le droit de voter dans la circonscription où il habite quand il agit comme tel ?
Est-ce un délit de ne pas voter lors des élections ?
Non. À Maurice, il n’y a aucune sanction contre celui qui ne s’est pas acquitté de ses droits civiques lors d’une élection. C’est seulement en Australie qu’un électeur est sanctionné pour n’avoir pas accompli ses droits civiques.
Il y a actuellement un manque d’intérêt chez les jeunes de se faire inscrire comme électeurs pour les prochaines élections générales. Quelle est votre lecture de cette situation ?
C’est le désintéressement total chez les jeunes. Ils sont déconnectés de la chose politique. Ils ont un emploi du temps très rigide. Ils n’ont pas le temps de se faire enregistrer comme électeurs. Nous menons une campagne auprès d’eux pour les intéresser à s’inscrire.
Bio express
<p>Irfan Rahman fait ses études primaires à l’école de la Salle RCA, sise dans la capitale. Il fréquente ensuite le collège Royal de Port-Louis. Avant de poursuivre ses études de droit à Gray’s Inn, à Londres.</p>
<p>En 1984, il prête serment comme avocat à Maurice. Son <em>«master»</em> n’est autre que son oncle Me Yousuf Mohamed, Senior Counsel. Irfan Rahman pratique au barreau, avant de se joindre au Crown Law Office en tant que Crown Counsel en 1988. Puis, il est promu magistrat et est affecté dans différents tribunaux du pays. En 1995, il est muté à la cour intermédiaire.</p>
<p>En 1998, Irfan Rahman est nommé commissaire électoral, poste garanti par la Constitution de Maurice. Il est le quatrième commissaire électoral. Il a présidé quatre élections générales à Maurice. Sans parler des élections régionales à Rodrigues. Ses compétences sont reconnues au niveau international. Il est souvent appelé à superviser des élections à l’étranger.</p>
Le nombre de votants en baisse
<p>Le plus faible pourcentage de votants a été enregistré lors des dernières élections générales. En décembre 2014, il était de 74,11 %, avec 694 360 électeurs sur 936 975 qui se sont acquittés de leurs droits civiques, indique la commission électorale. À titre de comparaison, le plus grand pourcentage de votants a été noté lors des élections générales de 1976. 90 % des 462 149 électeurs avaient voté. Plus récemment, lors des élections municipales de 2015, la baisse du taux de votants s’est aussi confirmée. Il était de 35,59 % contre 44,91 % en 2012.</p>
<p>Pourquoi ce grand écart ? Le pourcentage de votants noté en 1976 a été attribué par la commission électorale au fait que les élections générales auraient dû avoir lieu en 1974. Mais elles avaient été renvoyées pour une période de deux ans. Quant aux élections de l’Indépendance tenues en 1967, sur 314 004 électeurs, 278 562 avaient voté. Le taux était de 88,71 %.</p>
Publicité
Les plus récents