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Vikash Modhub : Handicapé, le cordonnier met un coup de pied aux préjugés

19 août 2017, 22:00

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Vikash Modhub : Handicapé, le cordonnier met un coup de pied aux préjugés

Le regard des autres, il s’en moque. Ce qui l’intéresse, ce sont leurs pieds, ou plutôt leurs chaussures. Lui, utilise deux cannes pour se déplacer, touche une pension de «8 badinn» par mois. Une rencontre, ça vous botte ?

Assis sur un tabouret, les pieds croisés, Vikash Modhub, 38 ans, arbore un beau sourire, qu’importe s’il est édenté. Ses problèmes d’élocution, de mobilité, l’accompagnent pas à pas depuis qu’il est gamin. «Mo pa finn al lekol zamé akoz mo andikap», lâche-t-il.

Pas la peine d’avoir pitié de lui, il se porte comme un charme, dégage de la gaieté. Son passe-temps favori, au quotidien, consiste d’ailleurs à «koz-kozé» non pas de la politique, mais des choses de la vie. «Bann kamarad vinn get mwa, nou kozé, nou riyé.» 

Quand il n’est pas en train de papoter, Vikash recoud des souliers, depuis dix ans maintenant. Il y a quelques semaines encore, il était employé chez un cordonnier. Mais l’atelier «inn krazé». Alors, il s’est installé devant la boutique que tiennent sa soeur et son beau-frère, à Stanley, Rose-Hill. On y vend des «pooja saman» (NdlR, des articles pour les prières). 

Vikash y donne un coup de main de temps en temps. Mais toujours, à ses pieds, dans un sac en toile de jute qu’il montre fièrement, ses outils de cordonnier. «Mo gagn enn-dé klian mo aranz zot soulié.»

Ce métier, c’est le seul qu’il sache faire, le seul qu’il n’ait jamais pratiqué, le seul qu’il aime faire. Ouvrir son propre atelier, bien sûr qu’il y a songé. Mais il n’en a pas les moyens. «Mo koud enn tennis gagn Rs 100, parfois fer enn ti travay gagn Rs 50. Mo pansion Rs 8 000, pa kapav pey enn lokasion ek sa.»

De toute façon, pour lui, ce qui compte le plus, c’est «lapryer» et la famille. Il vit avec ses parents, à quelques pas de ses soeurs et ses beaux-frères. Sa semelle à lui, celle qui l’aide à avancer, c’est la tendresse qu’il a pour ses proches. D’ailleurs, Vikash passe la majeure partie de son temps avec eux. «Mo ser pou vinn sers mwa taler-la.»

Des passe-temps ? Un peu de foot à la télé de temps en temps. On vous a dit qu’il priait beaucoup ? Des plans pour l’avenir ? Continuer à réparer des chaussures. Et côté cœur, trouver chaussure à son pied ? Il faudra se contenter d’un sourire en guise de réponse.