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Nazia Dulloo ou la triste histoire d'une mère qui a perdu son nouveau-né
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Nazia Dulloo ou la triste histoire d'une mère qui a perdu son nouveau-né
Ils crient à la négligence médicale. Les Dulloo ont perdu leur petit Zahyan 16 jours après sa naissance. 16 jours qu’il a passés dans un incubateur de l’hôpital SSRN. Ils mettent en cause le «mauvais traitement» accordé par les médécins et les infirmiers lors de l’accouchement «précipité» qui s’est fait par césarienne.
Elle est effondrée. Elle a perdu son bébé. C’était un garçon et elle lui avait déjà choisi un nom, Zahyan. Toutefois, le sort s’est acharné sur elle. Le petit Zahyan a rendu l’âme après 16 jours passés dans un incubateur, à la Neonatal Intensive Care Unit (NICU). Nazia Dulloo, âgée de 29 ans, est une mère meurtrie. Cette femme au foyer, habitant Brisée-Verdière, crie à la négligence médicale de l’hôpital SSRN, à Pamplemousses. Elle déplore l’attitude de certains médecins et infirmières.
Nous sommes le samedi 29 juillet. Nazia Dulloo est admise à l’hôpital SSRN. Après avoir été examinée, un docteur lui prescrit un médicament, du Misoprostol. Selon ce dernier, cette pilule faciliterait l’accouchement. L’époux de Nazia, Shabeer, en cherche alors en pharmacie, avec une prescription de dix tablettes de 200 mg rédigée par le médecin.
Recherches sur Internet
Cependant, n’arrivant pas à en obtenir, il effectue quelques recherches sur Internet. Quel ne fut pas son étonnement de découvrir que cette pilule est l’une des plus communes utilisées pour l’avortement. Il n’en a donc pas acheté, soutient-il.
En revenant à l’hôpital, il informe une infirmière qu’il est retourné bredouille. Cette dernière lui aurait alors déclaré que ce n’est «pas grave» et que «nous vous donnerons ce que nous avons à l’hôpital, mais que vous devrez nous rembourser après».
«Ce n’était pas le moment pour moi d’accoucher. Zot inn fer enn forcing.»
Le lundi 31 juillet, une infirmière aurait donné, à deux reprises, du Misoprostol à Nazia. Lorsque vient l’heure d’accoucher, dans la soirée, celle-ci constate que sa poche des eaux est intacte.
Cependant, les infirmières la transportent dans la salle d’opération. Là-bas, une infirmière tente de lui rompre sa poche des eaux à trois reprises. À la troisième, la douleur se fait sentir.
«Infirmier lamem ti pé paniké. Dokter inn vini ek dir mwa ki mo lakord ombilikal inn sorti net déor, finn détasé ek bébé-la, alor mo bizin korpéré», raconte la mère. D’ailleurs, soutient-elle, lorsqu’elle déclare à l’infirmière qu’elle souffre, celle-ci s’est mise en colère. «Ce n’était pas le moment pour moi d’accoucher. Zot inn fer enn forcing.» Après coup, le médecin l’informe qu’il faudra faire une césarienne. Il lui aurait alors remis le cordon ombilical à l’intérieur de l’utérus.
La jeune mère martèle que la césarienne ne s’est pas bien déroulée. Selon elle, son bébé a sombré dans le coma après l’accouchement. Il aurait été privé d’oxygène pendant de longues minutes. Elle ajoute qu’elle a vu le visage de son bébé qu’après sa mort, survenue le 16 août. Parce qu’après la césarienne, personne ne lui aurait permis de le voir.
Shabeer, âgé de 33 ans, lui, affirme qu’il n’a pas été prévenu lorsque son épouse a subi une césarienne. «Ils ne m’ont jamais dit que ma femme avait subi une césarienne et que mon enfant se trouvait à la Neonatal Intensive Care Unit», grogne-t-il.
«Nous ne voulons pas qu’un autre parent subisse une épreuve pareille.»
C’est grâce à sa tante qui est infirmière dans le même hôpital qu’il a eu des nouvelles de sa femme et de son enfant. «Mon bébé pesait 3,75 kilos. Pou perdi enn baba koumsa li dir, s’attriste le père du petit Zahyan. Nous ne voulons pas qu’un autre parent subisse une épreuve pareille.»
En outre, Shabeer avance qu’il a fait une déposition contre un des médecins au poste de police de Brisée-Verdière. En ce qui concerne le bébé, le rapport d’autopsie révèle qu’il serait mort de «severe birth asphyxia», d’«hypoxic ischemic encephalopathy» et d’«intracerebral bleed».
Version du ministère de la Santé
Du côté du ministère de la Santé, on réfute cependant les accusations. L’attaché de presse du ministre Anwar Husnoo, Jameer Yeadally, soutient que l’état de santé du bébé de Nazia était critique dans son ventre. Alors que son accouchement était prévu le 31 juillet, elle n’avait aucune contraction. C’est la raison pour laquelle les médecins ont décidé de procéder à une «induction of labour».
Lors de l’opération, tout se passait comme prévu jusqu’au moment où le bébé a eu un cord-prolapse à l’intérieur l’utérus de sa mère. Les médecins ont alors dû faire une césarienne d’urgence, affirme le ministère de la Santé. Durée de l’intervention : 15 minutes. Néanmoins, le «cord-prolapse» a été critique pour le bébé.
Convulsions, saignements au crâne
Une fois l’accouchement terminé, le personnel médical a constaté que le bébé ne respirait pas. Celui-ci a tout de suite été réanimé et transféré d’urgence à la Neonatal Intensive Care Unit. Il a été mis sous ventilation.
Pendant son séjour à la Neonatal Intensive Care Unit, sont état s’est avéré très critique. Le bébé avait des convulsions, avec une faible pression artérielle, des saignements au crâne et souffrait de septicémie.
Le mercredi 16 août, le nourrisson s’en est allé. «He collapsed suddenly despite reanimation», déplore l’attaché de presse. Ce dernier avance que le personnel médical a tenté tout son possible, en vain. Le ministère tient aussi à faire ressortir que l’utilisation de Misoprostol peut provoquer un avortement. Mais sur un embryon qui n’est pas encore formé.
Si une femme enceinte de neuf mois en prend, cela ne risque pas de lui faire perdre son bébé. Pourquoi cette prescription ? Si les contractions ne viennent pas à temps, on leur donne cette pilule pour les provoquer, explique Jameer Yeadally. Il s’agit d’une information, basée sur la recherche de l’Organisation mondiale de la santé.
«Tou pasian pas mizer laba…»
<p>Nazia ne serait pas la seule à avancer qu'elle a reçu de mauvais traitements à l’hôpital SSRN. Neera Malahu, âgée de 36 ans, révèle qu’elle était à ses côtés, dans la même salle. Cette habitante de Roche-Terre, à Grand-Gaube, raconte la soirée du 30 juillet, quand elle avait perdu les eaux. Elle affirme qu’elle souffrait énormément cette nuit-là, mais que les médecins n’ont pas jugé que son cas était urgent.</p>
<p>Un médecin serait passé lui informer qu’il lui ferait une césarienne le mercredi 2 août, soit trois jours plus tard... <em>«Après ma césarienne, on m’a transférée du Maternity Ward et on m’a mise dans une salle normale.»</em> Selon Neera, <em>«tou pasian pas mizer laba. Ena néglizans dan lasal 1.1 ek 1.2. Dokter ek enn parti staff extra néglizan»</em>.</p>
<p>L’époux de Neera, Ashish Malahu, un technicien informatique âgé de 40 ans, indique qu’il a porté plainte à la police contre deux médecins de l’hôpital en question. <em>«Mo’nn démann led enn lot dokter, si li pa ti intervénir mo pa ti pou gagn mo zanfan zordi.» «Zot pa koné kan poche d’eau kasé bizin akousé»</em>, martèle Ashish.<br />
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Une publication du quotidien BonZour !
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