«Eclipse du MMM battu 19 à 41.» C’est le titre qui barre la Une de l’express du 23 août 1983. Le journal publie les résultats des élections générales du 21 août après le dépouillement des bulletins fait le 22 août. La campagne électorale précédant le scrutin est passée dans l’histoire comme la plus dure que le pays a connue.

En ce mois d’août 1983, un peu plus d’une année après la grande unanimité de juin 1982, mais seulement cinq mois après la cassure du gouvernement Mouvement Militant Mauricien-Parti Socialiste Mauricien (MMM-PSM), les attaques verbales et les méthodes de campagne sont extrêmes. Les arguments sont à ras-le sol. Plusieurs cas d’agressions sont rapportés.

Le MMM se présente seul aux élections contre une alliance Bleu-Blanc-Rouge composée du Mouvement Socialiste Militant(MSM) le nouveau parti créé par Sir Anerood Jugnauth, du Parti Travailliste (PTr) et du Parti Mauricien Social Démocrate (PMSD). Les Mauves sont battus dans toutes les circonscriptions rurales et dans des villes de Plaines-Wilhems.

Paul Bérenger pressenti pour être Premier ministre en cas de victoire de son parti, est battu à Belle-Rose-Quatre Bornes. Il en est de même pour ses colistiers Kailash Ruhee et Devanand Rittoo. Le trio victorieux est composé de Michael Glover, Anil Gayan et Raj Virahsawmy. Le MMM, qui était le moteur des 60-0 un an auparavant, recueille 46% des voix exprimées mais obtient seulement 19 élus. L’alliance MSM-PTr-PMSD fait élire 41 députés.

Ces élections du 21 août 1983 marquent un tournant dans la manière de penser la politique à Maurice. Le soir de la victoire de l’alliance Bleu-Blanc-Rouge, Harish Boodhoo, un de ses leaders déclare à la télévision qu’il consacrera son temps à veiller que le gouvernement «protez nou montagne et ras mové zerb». Ces propos sont interprétés comme voulant dire favoriser les nôtres et exclure ceux qui ne le sont pas. C’est sans doute le début du «noubanisme».

Le pays est alors divisé en deux. Des 445 000 voix exprimées, l’alliance MSM-PTr-PMSD en recueille 235 000 et le MMM 210 000. Toutefois, le gouvernement issu de ces élections dure quatre ans et se fait réélire en 1987. C’est durant son mandat que se réalise ce qu’on appellera « le miracle économique mauricien. »