Publicité

Il perd quatre doigts: Jonathan déterminé à réussir son HSC

22 août 2017, 19:50

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Il perd quatre doigts: Jonathan déterminé à réussir son HSC

C’était pendant les vacances scolaires. Jonathan (prénom modifié) se prépare pour son Higher School Certificate (HSC). Et, à l’instar de tous les autres collégiens qui ont pris Design & Technology comme sujet principal, il a un projet à soumettre. «Nous étions en retard, car nous avions eu des difficultés à trouver des matériaux pour la réalisation du projet», explique l’adolescent. C’est pour rattraper ce retard que l’école a mis l’atelier à leur disposition pendant les vacances scolaires. Toutefois, les plans de Jonathan ne se sont pas déroulés comme prévu…

Il se souvient de l’accident dans tous les détails. C’était le vendredi 21 juillet, à 9 h 30. Tous les élèves étaient à l’atelier de Bell Village SSS. «Il y avait les étudiants du School Certificate également. Ils ont des projets à faire aussi», raconte Jonathan. Les enseignants étaient avec les plus petits pour les guider. Les grands, ayant l’habitude de travailler avec les scies électriques et autres instruments mis à leur disposition, n’avaient pas de surveillant. Jonathan s’attelle à la réalisation d’une table pliable. C’était le dernier jour pour soumettre le projet et sa table était presque achevée. «J’étais en train de couper une planche avec la scie électrique. Mais après la découpe, les morceaux sont restés bloqués sur le côté par le guide qui nous aide à faire des découpes droites. C’est là que ma main a heurté la lame, qui était toujours en action», relate l’adolescent. Quatre doigts de sa main gauche sont partiellement sectionnés.

Les enseignants accourent tandis que ses camarades délaissent leurs projets pour venir en aide à leur ami. Jonathan, soutenu par ses copains de classe, court jusqu’au bureau du recteur. «Bann-la mem inn gagn sok kan zot inn trouv mo ledwa anba. Zot inn dir mwa ti éna disan partou», poursuit l’adolescent. Lui s’en souvient vaguement car, peu après, il commence à avoir le vertige. C’est la douleur qui le maintient éveillé. Le personnel du collège essaie tant bien que mal d’arrêter le saignement avec un bandage. L’adolescent est immédiatement transporté à l’hôpital. Il y fait plusieurs points de suture et reste trois jours en observation. Depuis, il est sous forte médication. Mais ce n’est pas pour autant qu’il se lamente sur son sort.

Jonathan affirme que sa vie n’a pas changé. C’est avec courage qu’il affronte ses journées. «La cicatrisation est douloureuse, mais ça passera », assure-t-il. Malgré ses bandages, il essaie d’être le plus autonome possible. Il refuse de se faire aider par ses parents et sa soeur pour manger ou pour se doucher. Quant à ses autres habitudes, rien n’a changé. Toutefois, sa mère est nettement plus inquiète.

Prémonitions

Âgée de 51 ans, cette femme au foyer raconte qu’elle avait des prémonitions en ce qui concerne l’accident de son fils. «Je ne sais pas comment l’expliquer, mais je m’attendais à ce que ce projet entraîne des accidents comme ça. Depuis le début, mon fils a eu des soucis et du stress avec la création de sa table. Ti éna tro boukou kontrariété », raconte la mère de Jonathan d’une petite voix. Elle lui demandait toujours de faire attention quand il utilise des machines à l’école, précise-t- elle. Lorsqu’elle a été prévenue que son fils a été transporté à l’hôpital, elle a tout de suite su que la situation était grave. «Je suis arrivée sur place lorsqu’il était en salle d’opération. Je l’ai vu seulement lorsqu’il s’est réveillé en salle. Je ne savais pas quoi lui dire. Mais je suis ravie qu’il ne se laisse pas abattre», se réjouit-elle.

Néanmoins, elle ne peut s’empêcher de s’inquiéter pour son fil. «Il doit faire ses pansements tous les deux jours. Les bus sont souvent bondés. Mo per kikenn tap ek li ek li ré saigné», confie-t-elle. À chaque fois qu’il sort, elle se fait un sang d’encre jusqu’à son retour. Selon elle, la cicatrisation prendra plusieurs mois. «Li pou fer lexamen avek so bandaz. Son père s’était coupé l’auriculaire une fois. C’était nettement moins grave, mais cela a mis trois mois à cicatriser», dit-elle.

  Malgré l’accident, hors de question pour Jonathan de passer ses examens du HSC l’année prochaine. Il est prêt et une blessure, aussi importante soit-elle, ne se mettra pas au travers de son objectif, lance l’adolescent. D’ailleurs, son collège a déjà pris les mesures qui s’imposent. Les absences de l’adolescent ne seront pas comptabilisées comme injustifiées et l’administration a déjà contacté Cambridge pour qu’il ait du temps supplémentaire pour ses examens. Il faut dire que Jonathan n’a pas choisi les sujets les plus faciles. Outre Design & Technology, il étudie aussi les mathématiques et la physique. S’il est persuadé de réussir aux examens, il ne sait, cependant, pas ce qu’il fera par la suite. Il préfère attendre les résultats avant de faire son choix. «Ce n’est pas l’accident. J’ai toujours dit que j’attendrais de voir ma performance avant de me décider», tient-il à préciser.

La sécurité à l’école

<p>Jonathan explique que c&rsquo;est la première fois qu&rsquo;un accident de ce genre se produit à l&rsquo;atelier. Cependant, il ne blâme personne. &laquo;<em>Nous sommes au courant des mesures de précaution à respecter</em> &raquo;, explique-t-il. De plus, les enseignants sont toujours à leurs côtés pour les guider. Ce jour-là, comme tous étaient dans l&rsquo;urgence, ils ont préféré suivre les plus jeunes qui ne sont pas habitués aux machines, raison pour laquelle les grands étaient seuls, soutient l&rsquo;adolescent.</p>