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Taxis marrons: certains gagnent environ Rs 1 000 par jour
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Taxis marrons: certains gagnent environ Rs 1 000 par jour
La National Transport Authority (NTA) veille au grain. Hormis les chauffeurs, les passagers de taxis marrons seront verbalisés. Ils devront même débourser Rs 500 en guise d’amende. Mais cela n’empêche pas cette activité de subsister. «Nou pa bann voler», martèlent ceux que nous avons rencontrés.
Ils s’appellent Désiré et Sunil. Dès 6 h 30, ils sillonnent les routes. Ces chauffeurs de taxis marrons n’ont qu’une seule crainte : que la police ou les agents de la NTA ne les interpellent. Plus d’une centaine d’autres sont dans la même situation, traqués par les autorités depuis le vendredi 18 août.
Il pleut à verse en ce lundi 21 août, dans les rues de Port-Louis. À quelques pas de la gare du Nord, une voiture grise s’arrête. Le chauffeur baisse sa vitre : «Baie-du-Tombeau, cité La-Cure, Roche-Bois…» Immédiatement, trois femmes et un homme se ruent vers la voiture. Ce scénario se joue tous les jours, voire toutes les minutes, dans ce coin de la capitale.
Si certains chauffeurs sont hésitants à parler, d’autres, à l’image de Désiré racontent leur quotidien. «Nou pa bann voler.» Ce sont les premiers mots qu’il prononce. Toutefois, il souligne que cette partie de la rue est sous les radars de la NTA. «Je ne comprends pas pourquoi juste ici – où vous avez la navette pour les régions comme Baie-du-Tombeau, cité La-Cure, Roche-Bois – nous subissons les foudres de la NTA.» Il nous apprend que d’autres chauffeurs ont plus de chance que lui. «Surtout ceux qui sont du côté de la poste centrale. Ils ont même une place où ils peuvent se garer.»
Malheureusement, dit-il, comme pour tous les métiers, il y a aussi des brebis galeuses au sein des taxis marrons. «Quelques toxicomanes font aussi ce travail. C’est un métier où l’argent vient facilement entre vos mains. Il est triste qu’ils viennent gâcher notre boulot. Surtout car les passagers ne sauront jamais s’ils sont des toxicomanes.»
Désiré nous raconte qu’il fait ce travail à temps partiel. «Je le fais depuis six ans. Avant, j’avais un permis pour le taxi mais à la suite de quelques problèmes, j’ai dû faire autre chose.» Il souligne qu’il travaille actuellement pour une compagnie au port. «Mon épouse fait également des courses pour les écoliers avec notre voiture. Il faut toujours essayer de tracer notre chemin.» Il confie qu’au quotidien, il doit toucher quelque Rs 1 000 avec le trajet Port-Louis, Bois-Marchand, Cité La-Cure.
Des amendes, il en a payé quelques-unes. Elles s’élevaient à Rs 1 500 à Rs 2 000. Idem pour Sunil. Il se souvient de sa dernière contravention qui ne remonte qu’à mercredi dernier : «Rs 500.» La cause : «On savait que je faisais des ‘courses’.»
Sunil opère du côté de la poste centrale. Son trajet : Port-Louis–Flacq et le retour. Et comme Désiré, le réveil se fait très tôt. Toutefois, il doit implorer tous les saints pour que sa journée soit fructueuse. «Trop de gens font ce travail. Et la route que je fais est longue. Par jour, il m’arrive de ne faire que trois ou quatre courses.»
Cet emploi lui est indispensable. Il lui permet de nourrir sa famille et de payer les études de sa fille. «Je fais ce boulot depuis 30 ans. Et les gens ne se sont jamais plaints de mes services. Par contre, ils se plaignent toujours du service qu’offrent les bus. Plus d’une heure et demie de route, alors que j’essaie de le faire en 45 minutes.»
Sunil pense que la NTA devrait discuter avec les propriétaires de taxi avant d’émettre toutes sortes de lois. «J’en connais plusieurs de la région de l’Est qui ne sont plus opérationnels. Ils sont devenus planteurs. On aurait pu nous donner leur licence.» En tout cas, les deux chauffeurs trouvent dommage que leurs clients vont, eux aussi, devoir débourser s’ils sont surpris à voyager à bord des taxis marrons.
Les deux hommes disent attendre de voir si les choses changeront dans quelque temps…
C’est lors d’un point de presse le vendredi 18 août, que le Road Transport Commissioner, Koshik Reesaul, a précisé qu’il comptait durcir les lois. Ainsi des sanctions seront prises contre les taxis et vans marrons et contre ceux qui les utiliseront. Ils auront tous à payer une amende.
Le président de la fédération des syndicats du secteur public, Rashid Imrith, se dit contre le «fixed penalty» que compte imposer la NTA. Selon lui, le ton qu’utilisait la NTA dans cette affaire n’est pas approprié. Il espère que sa requête pour une rencontre avec les ministres du Travail, de la Fonction publique et des Coopératives va aboutir.
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