Publicité

Théâtres municipaux fermés: ces travailleurs de l’ombre

24 août 2017, 21:48

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Théâtres municipaux fermés: ces travailleurs de l’ombre

Eddy Lamour a les clés de Port-Louis

Il lui a fallu surmonter le choc. Celui du mémo annonçant la fermeture du théâtre de Port-Louis, à compter du 1er juillet 2008. Cette date est gravée dans la mémoire d’Eddy Lamour, technicien-éclairagiste.

À ce jour, il est l’unique employé municipal du département Welfare toujours en poste au théâtre de Port-Louis. Tous les autres, les machinistes/charpentiers, leurs assistants et les électriciens ont été redéployés dans d’autres services.

Dans le cas d’Eddy Lamour – embauché en 1994, au moment de la dernière rénovation du théâtre –, il n’a pu être envoyé à Rose-Hill car le Plaza était déjà fermé. Et il n’a pas non plus été transféré à Vacoas, au théâtre Serge Constantin, qui est, lui, géré par le ministère des Arts et de la culture.

En 2008, à l’époque de la fermeture, Eddy Lamour se dit que celle-ci durera «au pis aller trois ans». Les loges sont en piteux état, des escaliers commencent à céder, «bann ti zafer koumsa». Il estime que les réparations auraient pu se faire sans fermer le théâtre. «Après, c’est l’administration qui décide.»

Neuf ans plus tard, que fait-il de ses journées ? «Mo bizin fonksioné. Kouma enn loto sa. Si ou pa met li an mars, li pou gagn baté», affirme-t-il. Au début, il s’occupait de la sonorisation lors des activités municipales. «Mais ces activités ont beaucoup diminué.»

Sa priorité reste le théâtre, assure-t-il. Sa journée au théâtre commence à 7 heures. Il y reste jusqu’à 15 h 30. «Si dimounn ki nétwayé la pa la, mo mem mo nétwayé.» Le matin, c’est la routine : «Fer enn tchek andan.» Ouvrir les volets pour aérer le théâtre. Allumer toutes les lumières, y compris le lustre imposant qui est au centre de la fresque qui orne le dôme du théâtre. Il doit s’assurer que le circuit électrique marche et rapporter toute autre anomalie.

Aucun risque

Eddy Lamour est aussi sur place lors de chaque visite. Ce qui est interdit en temps normal, explique-t-il. «La municipalité ne veut prendre aucun risque.» Mais il y a des exceptions. En ce moment, c’est surtout l’équipe du cabinet d’architecture Morphos – retenu comme consultant pour la rénovation – qui vient assez régulièrement.

«Zot fixé randévou avek mwa. Si l’équipe a des questions techniques, je suis là.» Il y a aussi les invités de la mairie à qui on fait visiter le théâtre. De temps à autre, l’équipe de dératisation passe aussi au théâtre.

Les visites, ce n’est pas tous les jours. Que fait Eddy Lamour le reste du temps au boulot ? Avec un sourire ironique, il nous confie : «Mo pa pou kasiet ou, péna mem travay.» À côté du théâtre se trouve la Rémy Ollier Reading Room. Il va y emprunter des journaux pour tuer le temps. Il regarde également des spectacles sur YouTube. Un de ses préférés est Madame Butterfly de Puccini. «Nou, nou pou alé, téat pou lamem.»

Le technicien itinérant de Rose-Hill

À Beau-Bassin–RoseHill, les portes sont fermées, comme celles du théâtre. Le maire, Ken Fong, explique qu’un fonctionnaire municipal n’a pas le droit de parler à la presse. Il ajoute qu’il y a une «personne». Un technicien. «Mais comme le théâtre est fermé, elle n’est pas là.»

Au Plaza, ce technicien était responsable de la sonorisation et de l’éclairage. Désormais, lors des activités sportives et autres fêtes municipales, «cet employé du département Welfare est en stand-by», dit le maire. De préciser: «C’est quelqu’un de hautement qualifié. Parfois, le ministère des Arts et de la culture fait appel à lui.»