Publicité
Chayman Surajbali au Media Trust: une nomination qui fait tache
Par
Partager cet article
Chayman Surajbali au Media Trust: une nomination qui fait tache
Il remplace Lindsay Rivière à la tête du Media Trust. Le vendredi 18 août, le Conseil des ministres a avalisé la nomination de Chayman Surajbali, ancien directeur du Government Information Service, à la présidence du Media Trust. Une nomination qui n’est pas au goût des anciens présidents de l’organisme.
Gérard Cateaux, qui a été le premier président du Media Trust, en 1994, trouve que la nomination de Chayman Surajbali est maladroite de la part du gouvernement. «Ce n’est pas juste qu’un ancien fonctionnaire soit à la tête du Media Trust», fustige l’ancien journaliste. À l’époque, c’était l’ensemble des rédacteurs en chef qui l’avaient choisi et, par la suite, le gouvernement a entériné la décision.
La nomination de Chayman Surajbali ressemble à une nomination politique. «On ne peut pas être un ancien fonctionnaire du Government Information Service et être à la tête d’une institution qui s’occupe des journalistes», martèle Gérard Cateaux.
«Je ne sais pas ce qui me choque le plus. Si c’est la nomination de cet ancien fonctionnaire de la communication ou l’absence de réactions du corps journalistique», déclare pour sa part Jean Claude de l’Estrac. Selon l’ex-patron du groupe de presse La Sentinelle, le Media Trust a été créé pour promouvoir le métier de journaliste, en s’occupant de la formation des journalistes, et c’est un organisme de contrôle et de surveillance déontologique. Le Media Trust est une affaire de journalistes et pas d’un communicant ou propagandiste.
«Mauvais signaux»
«Que les journalistes acceptent d’être dirigés par un ancien fonctionnaire en dit long du corps journalistique», soutient l’ancien président du Media Trust. C’est inconcevable que les journalistes ne réagissent pas, s’insurge Jean Claude de l’Estrac. «Que les membres du board du Media Trust partent et que le gouvernement le peuple de fonctionnaires.»
«Il ne s’agit pas de mettre en doute les compétences de Monsieur Surajbali dans son domaine propre», déclare pour sa part Finlay Salesse. «Mais cette nomination, qui intervient dans un climat tendu presse-pouvoir, dans le sillage de l’intention du gouvernement (comme cela a été annoncé par le ministre Sinatambou) de vouloir réguler la presse, envoie définitivement les mauvais signaux et n’augure rien de bon», soutient l’ancien rédacteur en chef de 5-Plus et animateur radio. Après la réunion avec Pravind Jugnauth, il a ajouté qu’«il a été convenu que rien ne sortirait de cette rencontre». Et de souligner : «Mais comme j’ai déjà donné mon opinion à votre journal, cela me permet de dire que j’ai évoqué cette nomination avec le Premier ministre. Pravind Jugnauth en a pris bonne note et fera une déclaration après sa deuxième rencontre avec les autres membres de la presse.»
Le Media Trust, depuis sa création en 1994, a toujours été présidé par un journaliste en activité, de Gérard Cateaux à Lindsay Rivière en passant par Jean Claude de l’Estrac et lui-même. «Or, Monsieur Surajbali, si j’ai bien compris, a été ou est un fonctionnaire qui a surtout fait dans la communication. Et il n’a certes pas la connaissance des arcanes de la presse écrite, parlée et électronique. S’il a été nommé dans l’intention de venir tempérer les ardeurs d’une presse alerte et vivace, cela risque fort de gangrener davantage les relations presse-pouvoir.» Finlay Salesse espère que ce nominé ne poussera pas l’inélégance en croyant que la présidence du Media Trust donne droit à de juteuses allocations. Aucun président n’a été payé jusqu’ici, précise le journaliste.
Pour Michaëlla Seblin, ancien membre élu du Media Trust, c’est un choix condamnable. «Même si je n’ai rien contre la personne de Monsieur Surajbali que je ne connais pas, il se trouve que tous les précédents présidents du Media Trust étaient des journalistes ou rédacteurs en chef qui exerçaient toujours ou qui avaient un pied dans les médias», argue la rédactrice en chef de 5-Plus. On se demande comment quelqu’un qui ne maîtrise pas les ficelles du journalisme va être à la tête du Media Trust. «Je trouve ça déplorable et petit de la part du Premier ministre. Comment ne pas penser que Pravind Jugnauth a un agenda caché ?» Elle se dit aussi triste pour la profession car la personnalité du président compte. On s’attend à avoir quelqu’un à la tête qui connaît le métier et qui soit crédible. D’autant qu’«il y a plusieurs projets de formation en cours».
Un homme de temple
Chayman Parsadsingh Surajbali a été directeur du «Government Information Service». Il a pris sa retraite il y a dix ans. En 1979, il rejoint le ministère de l’Information, après un bref passage dans l’enseignement. Il détient un BA Honours de l’université de Londres et un diplôme universitaire d’Études littéraires en lettres modernes de Paris. Il possède aussi un «Post Graduate» en «Mass Communication» et en journalisme et un diplôme en management. Il a suivi un stage en tant que journaliste radio et télévision à la BBC. Outre la chaîne britannique, il a effectué un stage au «Times of India» et au «Hindustan Times». Chayman Parsadsingh Surajbali a été conseiller des ministres Ramduth Jaddoo et Sushil Kushiram. Pendant trois ans, il a travaillé à l’ex-Industrial Vocational and Training Board, dans le domaine de la formation. Chayman Parsadsingh Surajbali fait du travail social depuis son jeune âge. Il donne un coup de main dans plusieurs temples de l’île.
«Des commentaires pas justifiés»
Il n’a pas encore pris ses fonctions que sa nomination est déjà critiquée. Interrogé, Chayman Parsadsingh Surajbali affirme que même si durant ces dernières années ce sont des journalistes qui ont assumé la présidence du Media Trust, nulle part la Media Trust Act ne fait mention qu’un non-rédacteur ne peut être désigné. «C’est le Premier ministre qui nomme le président et il m’a nommé.» Chayman Surajbali regrette qu’avant même que le nouveau conseil d’administration fonctionne, il soit contesté. «Ces commentaires ne sont pas justifiés. Ce serait bien de porter un jugement après mon passage. D’ailleurs, c’est un ‘board’ qui gère le Media Trust. Il y a de gros défis pour les journalistes. Une des priorités est la formation.»
Publicité
Publicité
Les plus récents