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Nouvelle étude: notre dodo n’était pas gros

28 août 2017, 00:30

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Nouvelle étude: notre dodo n’était pas gros

Non, il n’est pas mort. Une nouvelle étude de l’université de Cape Town, en Afrique du Sud, publiée dans la célèbre revue Nature, le 24 août, parle de notre bon «gros» dodo. Non, mais attendez, il n’était pas obèse apparemment…

On l’a tous vu dans nos livres, à l’école, notamment. Le dodo, «dead» depuis longtemps, est présenté comme un gros patapouf balourd, gris cendré, incapable de voler. Ce qui aurait d’ailleurs conduit à sa disparition de la surface de la Terre. Oui, mais voilà. Une étude de l’université de Cape Town, en Afrique du Sud, publiée dans la revue Nature, jeudi, vient mettre à mal tous ces clichés.

L’étude en question a été réalisée par des experts en paléoécologie – analyse des relations entre les organismes fossiles et leur milieu – et en paléontologie, qui est la science des êtres vivants ayant peuplé la Terre aux époques géologiques, fondée sur l’étude des fossiles. Les conclusions sont basées sur les restes et ossements retrouvés jusqu’ici ainsi que sur la description fournie par les marins hollandais, au XVIIe siècle.

En fait, les scientifiques ont noté que les descriptions de l’oiseau différaient de manière assez bizarre. Les uns disant qu’il était gris, d’autres disant qu’il avait le plumage coloré. D’aucuns disant qu’il était gros, d’autres plutôt rondouillard mais pas obèse.

Comment expliquer ces «variations» ? Les marins avaient-ils fumé de l’herbe ? En analysant toutes les données, les scientifiques sont parvenus à la conclusion que le dodo devait être un des rares oiseaux à muer à intervalles réguliers, c’est-à-dire qu’il changeait de plumage plusieurs fois, dépendant des saisons bien entendu. En été, il enfilait plutôt un costume duveteux alors qu’en hiver, il avait les plumes noires ou grises. Les Hollandais l’auraient ainsi aperçu entre deux phases de mue.

Autre hypothèse avancée : il n’est pas impossible que M. Dodo et Mme Dodo arboraient des couleurs différentes. Cela s’appelle le dimorphisme sexuel. Même si la différence de couleur entre les mâles et les femelles ne devaient pas être «tellement» prononcées, s’accordent à dire les experts.

«Il y a de réelles dissonances entre les descriptions du dodo et son apparence réelle. Les spécimens qui étaient exportés vers l’Europe par les marins étaient gavés, raison pour laquelle certains croyaient que l’oiseau était gros», explique Emmanuel Richon, conservateur au Blue Penny Museum, situé à Port-Louis. «Le dodo était beaucoup plus svelte et musclé, c’était un oiseau actif, comme le rapportent d’autres observations faites dans son milieu naturel. Prenez le cousin le plus proche du dodo, le pigeon de Nicobar. Celui-ci est très coloré et en forme.»

Ainsi, il n’est pas à écarter que le dodo ait été, en fait, un bon coureur, assez habile pour naviguer entre les troncs d’arbres. Et même s’il n’était pas capable de voler, il est clair qu’il n’était pas l’oiseau «simplet et grassouillet», comme on a pu le croire jusqu’ici. «Il était vraisemblablement un oiseau adroit et il n’était certainement pas gros !» lâche Alan Grihault, l’auteur de Dodo : the Bird Behind the legend et Discovering the dodo. «Les représentations du dodo ont été exagérées au cours des années.»

D’autre part, l’étude sud-africaine s’intéresse également au cycle reproductif du dodo. Les femelles pondaient probablement des œufs au mois d’août, alors que les oisillons atteignaient leur taille et leurs poids adultes dès octobre ou novembre, histoire de pouvoir survivre à la saison cyclonique.

Finalement, un autre mythe est mis à mal par Emmanuel Richon. Il concerne cette fois sa disparition. S’il est vrai que les Hollandais ont chassé le dodo de façon intensive pour sa chair, ils ne seraient pas les seuls responsables de sa disparition. Les espèces invasives, dont les rats, ramenés par les visiteurs, y ont sûrement contribué. Car, malgré sa carrure d’athlète et son intelligence, il n’avait pas encore appris à se défendre contre des prédateurs qu’il ne connaissait pas…