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Metro Express: enn dernié régar lor lagar…

27 août 2017, 16:47

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Metro Express: enn dernié régar lor lagar…

Avec le projet Metro Express, les gares routières vont changer d’allure. Place aux six «Urban Terminals» avec leurs espaces commerciaux, leurs bureaux, leurs gares routières double (bus et train), leur food court et  leurs aires de stationnement. Celui de  Port-Louis comportera même une zone réservée pour accueillir 1 200 marchands ambulants… En phase une de l’opération de modernisation, le coup d’envoi des travaux sera donné en septembre à la gare routière de Port-Louis et celle de Rose-Hill. En attendant qu’un pan de l’histoire ne s’écroule, jetons un «dernié régar lor lagar».

À la gare de l’Immigration, bus, collégiens, gens, taxis-marrons se côtoient. Toute cette animation indique la fin de la journée. Ceux qui veulent rentrer chez eux se précipitent vers les bus - qui ont prennent un temps fou pour sortir de la gare - ou vers d’autres moyens de transport. D’autres préfèrent flâner encore quelques heures. Les abribus avec des murs en roches se dévident petit à petit. «Pistas, pistas 25 roupi, 50 roupi », crie un marchand ambulant. Ce dernier veut écouler son stock. Dans un coin, entre les échoppes de l’Immigration, il place son panier sur des installations de fortune et crie pour attirer l’attention des passants. Du coin de l’œil, il guette s’il n’y a pas de policiers en vue. «Bizin pran tou sové lerla.» Ça fait plus d’un an qu’il joue à cache-cache avec les autorités sur cette gare. Conscient qu’une nouvelle sera construite ici, son seul souhait c’est de trouver une petite place pour ses pistaches grillées.

«Nou pankor koné si nou pou res anplas. Nou an sispans.»

Dans une des échoppes d’à côté, se trouve Andy Nullatamby. Cet habitant de Pointe-aux-Sables, âgé de 20 ans, y travaille depuis un an. Il dit accueillir le nouveau terminal «les bras ouverts». «Ce sera moderne avec beaucoup de fréquentations. Pas triste. » À quelques mètres de lui, le parfum de «gâteau français» de Chand Mungolah titille les narines. Massepain, napolitaine, éclair… il y en a pour toutes les papilles. Le propriétaire de Tabagie 2000 affirme tenir cette échoppe depuis 22 ans. «Nou prémié dimounn ti vinn la. Apré inn gagn lot.»  Des souvenirs, il en a de cette époque. «Il n’y avait que les murs en roches pour la tabagie. Il a fallu mettre des feuilles de tôles pour couvrir le toit.» Cet habitant de Terre-Rouge et sa famille dit accueillir favorablement le nouveau terminal qui, selon eux, va changer le paysage triste qu’offre la gare du Nord après 17 heures. Avec la venue du métro, les gares resteront ouvertes jusqu’à très tard car les trajets s’arrêteront à 22 heures. Il commence à se projeter dans cette nouvelle gare. «Pou éna magazin, food court…» Subitement, il s'arrache de son rêve et revient à la réalité. «Eski nou pou dan sa nouvo sistem-la? Nou pankor koné si nou pou res anplas. Nou an sispans.» Une crainte que partage Vimla Jhoomuck, son employée. Cela fait dix ans que cette habitante de Pamplemousses est derrière le comptoir. «Pou éna plas pou nou gagn enn bousé manzé ar patron ?”

L’Urban Victoria Bus Terminal

La gare routière Victoria.

À la gare Victoria, l’effervescence est bien plus énorme. Le bus impérial de la Rose-Hill Transport (RHT) fait son entrée. Bien plus petite que les Double-Deckers londoniens, l’autobus rouge continue d’attirer le regard. «Zamé monn rési rant ladan», lance un passant à l’un de ses amis avant de s’engouffrer dans un autre autobus. Il faut dire que les habits classiques du personnel retiennent le regard, se démarquant des autres. Surprise, une passante se demande : «Kontroler sa?»

La gare Victoria deviendra l’Urban Victoria Bus Terminal. Le projet au coût de Rs 1, 6 milliards a été conçu par Gaëtan Siew. Étalé sur six arpents de terres, ce projet sera réalisé grâce à un partenariat entre les secteurs public et privé. Il débutera à la gare Victoria pour se terminer près de l’échangeur de Decaen à côté du Caudan. Quatre parcelles de terrain ont été reprises à la Mauritius Ports Authority (MPA). La gare du Metro Express sera du côté de Caudan. Un pont ralliera les deux terminaux.

Neelkant, un employé du transport dit trouver ce concept de gare «intéressant» avec plus de fréquentations «konparé a aster». Il explique que, dès 18 heures, Port-Louis se dévide. «C’est une ville morte.» Une mauvaise image pour Maurice selon lui alors qu’on a une vocation touristique. «Sirtou parski sé kapital nou péi.» Il estime que le nouveau terminal apportera un nouveau souffle à la gare Victoria. Le seul hic, affirme-t-il, c’est la sécurité. «Si péna sékirité, dimounn pou rent lakaz 17 er. La sécurité doit être primordiale s’ils veulent que les gens circulentAvis que partage Sam Suleiman, chef de gare chez la United Bus Service (UBS). «Aswar tou teigne. Li bien danzéré.» Il estime que le métro amènera plus de gaieté à Port-Louis.

Gare morte après 17 heures

La gare de Rose-Hill.

À Rose-Hill, le terminal comprendra la gare routière et le marché de l’Arab Town. Si quelques collégiens préfèrent traîner à la gare avant de rentrer chez eux, d’autres se ruent vers les bus en stationnement. «Bann ér de pointe sé 7h et 21h. Gagn ban étidiant iniversité ék bann amployés Ébène», nous explique le chef de gare des bus individuels, Sunil Seeburrun. Il nous confie, qu’après 17 heures, c’est une gare «morte». Il a le téléphone portable scotché aux oreilles et, entre deux appels, il nous relate qu’il travaille dans cette gare depuis 33 ans. «Si une nouvelle gare est construite ici, elle doit être couverte. Sa kalité lagar la in dépasé sa.» Un tantinet agacé. «Guet Curepipe so lagar? Bien kouvér. Dimounn pa trempé.» Enthousiasmé à l’idée d’avoir une nouvelle gare, il estime que c’est un pas en avant. «Pa kapav guet par deryer.» Qu’en pense-t-il du métro? «Bis in dépasé aster. In ariv lér pu guet lot alternativ.»

Plus loin, des chauffeurs de taxi font un brin de causette en attendent leur «ti course». Rafick et Imran se demandent si ce concept va fonctionner à Maurice. «Le gouvernement est en train d’adopter un système européen à Maurice. Sa pas pou marsé avék morisyen.» D’emblée Rafick cite plusieurs modèles calqués sur ce qui se fait en Europe mais qui n’ont pas fonctionné chez nous. «Taximét.  24 lor 7. Tousala pane marsé.»

Pour savoir si la nouvelle gare fonctionnera, rendez-vous en 2019, pour le coup d’envoi de la desserte Port-Louis-Rose-Hill.

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