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Associations socioculturelles et politiciens: je t’aime moi non plus…
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Associations socioculturelles et politiciens: je t’aime moi non plus…
Seigneur ! Cela fait des années que ça dure. Invités par des associations socioculturelles à l’occasion de quelque fête religieuse, les politiciens ne peuvent s’empêcher de confondre estrade et caisse à savon. N’hésitant pas à s’emparer du micro pour faire de la politique au milieu des fidèles venus, à la base pour «voir» Dieu… Il faut dire que les élus et les responsables des associations en question ont toujours eu une relation «ambiguë». Et à part lancer des messages subliminaux et donner des consignes de vote lors des élections, à quoi servent-elles ?
«Nous enseignons des valeurs fondamentales aux jeunes. Nous leur inculquons le respect afin qu’ils puissent vivre en harmonie», lâche d’emblée Rajenrah Ramdhean, le président fraîchement élu de la Mauritius Sanatan Dharma Temples Federation. Le but, dit-il, est de préserver l’équilibre social au sein de la nation arc-en-ciel.
Même son de cloche du côté d’Asant Govind, président de la Mauritius Marathi Mandali Federation. Qui tient également à mettre l’accent sur l’importance de préserver les traditions, la culture, les langues. «Nous essayons de ramener les jeunes vers la prière. C’est notre manière à nous d’aider à combattre le fléau de la drogue», précise-t-il. Vient ensuite l’éternel discours sur la paix sociale. «L’harmonie qui règne au sein du pays est le fruit de la prière.»
Éduquer la population
Nissar Ramtoola, président de la Jummah Mosque, abonde dans le même sens. «Notre responsabilité première demeure l’éducation de la population afin de les guider vers le Créateur.» Madeven Sooben, président de la Mauritius Tamil Temples Federation évoque également la promotion de la culture, de la langue et de l’éducation. Son confrère de la Mauritius Telugu Maha Sabha, Tage Narayen Kodi Ramanah, raconte exactement la même chose. Inculquer les valeurs culturelles et traditionnelles aux jeunes reste une priorité. Mais l’éducation n’est pas tout. «Si pa ti éna légliz, masjid, kovil, mandir, Maurice pa ti pou éna enn indistri touris», tient à préciser Rajenrah Ramdhean.
Toujours est-il que ces associations religieuses «n’éduquent» pas gratuitement. Elles reçoivent des «dons» de l’État. D’ailleurs, dans le Budget 2016-2017, Pravind Jugnauth avait augmenté leur subvention de 10 %, alors que pendant la campagne électorale de 2014, sir Anerood Jugnauth avait affirmé que la proposition de Navin Ramgoolam d’augmenter ce subside était une promesse «pou kouyonn lépep. Bann dirizan mem fer maja ar sa, pa bann ti dimounn…» L’alliance Lepep avait même promis, à un moment donné, que les politiciens ne se mêleraient plus des affaires entre le bon Dieu et ses ouailles. Néanmoins, le miracle n’a pas eu lieu.
Mais revenons à cet autre dieu qu’est l’argent. La somme allouée aux «religious and other community services» est passée de Rs 81 millions pour l’année financière 2016-2017 à Rs 85 millions pour 2017- 2018. Quant aux dépenses figurant sous l’item «recreation, culture and religion», le montant est passé de Rs 105 millions à 117 millions. En sus de ces subventions, une autre allocation de Rs 2 millions leur est accordée. Pour faire court, la quantité d’argent que l’État donne aux associations socioculturelles a grimpé de Rs 188 millions à 204 millions, ce qui représente une augmentation de Rs 16 millions en un an. Que font-elles de cet argent, qui est celui des contribuables, rappelons-le ? Les réponses se suivent et se ressemblent.
Répartition des allocations
Sans divulguer le montant exact auquel a droit la Mauritius Sanatan Dharma Temples Federation, Rajenrah Ramdhean explique que 80 % sont distribués aux temples pour l’organisation des fêtes religieuses et autres événements sociaux. Le salaire des pandits provient également des fonds publics. Les 20 % restants sont utilisés pour les dépenses administratives de la fédération.
À la Mauritius Marathi Mandali Federation, on explique que la somme obtenue est répartie entre les 52 associations affiliées à l’association. «L’argent est utilisé pour l’organisation des prières, les dé- penses courantes et l’entretien des temples», soutient Asant Govind. Madeven Sooben affirme pour sa part que les subsides servent à payer les prêtres et à organiser des prières, entre autres. Du côté de la Mauritius Telugu Maha Sabha, on soutient que les fonds sont distribués aux 90 «branches» ainsi qu’à d’autres associations. «Mais ce que nous donne l’État ne représente pas grand-chose. Heureusement qu’il y a la contribution de nos membres»,souligne Tage Narayen Kodi Ramanah. Combien exactement ? Nous n’en saurons rien…
«Pas intéressés par l’argent de l’état»
Quant au président de la Jummah Mosque, il précise que l’argent est reversé au Waqf Board et c’est cette institution qui se charge de la distribution. La somme est partagée entre les 235 mosquées enregistrées. Et Nissar Ramtoola a fait le calcul. «Cela représente Rs 9 500 par an», dit-il. Une somme qui est allouée à la maintenance des lieux de prière. De plus, l’argent sert à offrir un subside de Rs 3 800 par mois aux 235 imams.
Par ailleurs, Mario Hung, président de la Federation of Chinese Societies in Mauritius, tient à faire ressortit que son organisation n’a jamais eu de subvention. Et qu’elle n’en veut pas non plus… «Nous ne nous sommes jamais intéressés à l’argent de l’État. Nous préférons nous organiser nous-mêmes.» Alors que du côté des associations catholiques, c’est le diocèse qui est chargé de partager la subvention obtenue.
Agents politiques ?
Nombre de Mauriciens se souviennent encore des consignes de vote données par Somduth Dulthumun lors de la campagne de 2014. «Vot dé kandida PTr ek enn MSM…» avait-il lancé. Après les élections générales, cependant, il s’était découvert de nouvelles affinités avec le MSM. Avant les élections au sein de la Mauritius Sanatan Dharma Temples Federation, qui ont eu lieu le 20 août, le Premier ministre avait convoqué les responsables des différentes associations pour leur donner des consignes de vote, à son tour.
Il n’y a pas si longtemps, Salim Timol, ancien président de la Sunnee Surtee Mussulman society, s’était vanté des relations amicales qu’il entretenait avec le gouvernement. Avant de mordre la poussière lors des élections au sein de l’organisation. Madeven Sooben avait, en 2016, ouvertement déploré le fait que la communauté tamoule avait été mise de côté lors des exercices de promotion au sein de la police et ce, alors que SAJ, qui était toujours chef du gouvernement, comptait parmi les invités.
Mais alors, est-ce que la politique et la religion sont indissociables chez nous? Ceux qui se rendent dans les lieux de prière ont-ils droit, au final, à un lavage de cerveau ? «On pourrait donner des consignes de vote, mais on ne le fait pas. Les gens sont éduqués aujourd’hui, ils ne sont pas influençables. De toute façon, ce n’est pas notre rôle», soutient fermement Rajenrah Ramdhean. Qui admet tout de même que cette pratique était courante par le passé.
Asant Govind abonde dans le même sens. Assurant que les associations culturelles ne sont pas là pour dire aux gens pour qui il faut voter lors des élections. «Nous travaillons avec le gouvernement du jour», déclare le président de la Mauritius Marathi Mandali Federation.
Idem du côté de la Mauritius Telugu Maha Sabha. «Si des gens donnent des consignes de vote, c’est en leur nom personnel, pas au nom de l’association», précise Tage Narayen Kodi Ramanah. Et d’ajouter que la présence de politiciens lors d’un événement ne veut pas forcément dire que celui-ci a une connotation politique. Il y en a qui vont prier, tout simplement.
<h2>Le pour et le contre : «Qu’ils disparaissent»</h2>
<p>Malgré leur omniprésence, le commun des mortels semble ignorer l’existence des associations «<em>so-cio-cul-tur-elles».</em> Le mot demeure inconnu pour la plupart des gens que nous avons rencontrés, surtout les jeunes. Certains en ont tout de même entendu parler. Et voici ce qu’ils en pensent.</p>
<h4>Yanish Armoogum, 24 ans</h4>
<p>Dans une île Maurice moderne, je n’ai aucun mal à concevoir l’éradication des groupes socioculturels. Qu’ils disparaissent. Rien que l’idée d’avoir un groupe spécifique œuvrant pour une communauté me rebute. Avons-nous vraiment besoin d’être «représentés» ? Je n’ai jamais adhéré aux idées de ces groupes qui sont politisés et qui deviennent des outils de propagande archaïque.</p>
<h4>Yasheel Awootar, 27 ans</h4>
<p>Les représentants de ces associations affirment qu’ils sont les représentants d’une communauté, voire d’une culture spécifique, uniquement dans le but d’obtenir des subventions. Elles s’apparentent aux ONG, mais ironiquement, celles-ci ont préséance sur les vraies ONG. De plus, à voir certains groupes, il semble que le passé des dirigeants ne compte pas lorsqu’il s’agit de recevoir de l’argent…</p>
<h4>Saffiyah Chady Edoo, 35 ans</h4>
<p>Leur existence est justifiée aussi longtemps que les associations s’attellent à promouvoir la religion et la culture sans tomber dans l’arène politique. Le gouvernement doit faire attention à ne pas utiliser les subventions comme appât pour les votes. Je pense d’ailleurs qu’il faut mettre fin aux subventions, histoire d’en finir avec les amalgames entre la religion et la politique.</p>
<h4>Elisa Veerabadren, 27 ans</h4>
<p>Ces organisations aident pas mal de personnes qui sont dans le besoin, donc leur existence est justifiée. Par contre, dès que les responsables commencent à faire de la politique, ils dévient de leur fonction première.</p>
<h4>Bruno Matthieu, 52 ans</h4>
<p>Je pense que les associations socioculturelles sont importantes car elles font quand même pas mal de choses contre la pauvreté. Par contre, je n’irai pas jusqu’à dire que je les soutiens à 100 %, car souvent, elles dévient de leur mission.</p>
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Les castes
<p> Vaish, maraz, chamar, etc. Le système de castes, chez les hindous, majoritaires à Maurice, est omniprésent, surtout en politique. À tel point qu’il détermine le choix des candidats selon les circonscriptions. Mais qu’est-ce au juste ?</p>
<p>À l’origine, la caste était une organisation sociale en Inde. Ce système a fait son apparition entre 1900 B.C et 500 B.C. Quatre castes sont mentionnées dans les écrits sacrés datant de cette époque : les Brahmins, les Kshatriya, les Vaishya et les Shudras. Chaque caste comporte des sub-castes. La société était divisée en plus de 1 000 castes.</p>
<p>Les Kshatriya étaient eux, les guerriers et les nobles. Les <em>«Rajput</em>» sont une des sub-castes des guerriers. Ensuite viennent les Vaishya – les <em>«vaish</em>» donc – qui étaient commerçants, artisans et fermiers. Ils avaient la responsabilité de nourrir toute la population. Finalement viennent les Shudras, qui sont les laboureurs et ceux qui font les travaux manuels. Dans les écrits sacrés, ces quatre castes représentent la bouche, les bras, les jambes et les pieds du Suprême. Les dalits, ou les intouchables, sont une catégorie de la société qui est hors caste.</p>
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