Publicité

Mère à 17 ans: son fils, sa bataille…

28 août 2017, 20:24

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Mère à 17 ans: son fils, sa bataille…

L’on ne compte plus les cas de filles-mères. Mais les questions sont souvent les mêmes. Comment ces jeunes filles, à peine sortie, elles-mêmes, de l’enfance, arrivent- elles à faire face à une telle situation ? Elina (prénom modifié) a 17 ans et est mère d’un petit garçon âgé de neuf mois. Si elle concède que son quotidien n’est pas de tout repos, c’est avec assurance qu’elle nous livre sa vie et surtout les rêves qu’elle chérit pour son enfant.

C’est dans une pièce d’une maison en tôle, où elle vit avec «so misié» et son fils qu’Elina nous accueille. La maison est habitée par d’autres membres de la famille de son petit ami. Mais une chose est sûre, la jeune maman s’y sent à l’aise pour nous parler. «Omwin la mo misié ek mwa nou ansam. Mo kontan ki nou kapav res ansam avek nou zanfan», lâche-t-elle. Elina s’estime même être chanceuse car elle élève son enfant avec l’aide du père de ce dernier.

Menue, presque frêle, l’innocence se lit sur le visage de la jeune mère. Mais, elle est bien décidée à ne pas broyer du noir. Aux côtés de son enfant, elle voit la vie sous un angle nouveau. Celui-ci, dit Elina, n’est pas un fardeau pour elle. D’ailleurs, le regard attendri qu’elle lance à son fils ne trompe pas. Elle revient sur ses 16 ans, l’âge auquel elle est tombée enceinte. C’est par le biais de sa cousine qu’elle a fait la rencontre de son petit ami. «Mo ti extra per kan monn koné mo ansint. Mo ti pé zis pans mo mama, é mo pa ti koné kouma pou anons li sa. Mé mo ti koné ousi ki mo pa ti pou avorté mem si ti ankor boner é ti kapav fer li», se rappelle celle qui ne vit désormais que pour son bébé.

La vie d’Elina n’est pas un long fleuve tranquille.

«Enn zanfan sé pa enn fardo»

À ce moment, poursuit la jeune fille, elle travaillait déjà dans les champs. Sa mère étant souffrante, elle a dû mettre fin à sa scolarité pour l’aider à subvenir aux besoins de la famille. Même durant la grossesse, confie Elina, elle connaîtra des complications. «Mo ti malad, gagn fébles é ti pé tombé toultan. Mo ti anémi tousala.» Et des moments de doute, elle en a eu, à maintes reprises. «A enn moman mo ti per pou gagn zanfan-la. Mo ti pé pansé kouma mo pou fer ar li, zenn koumsa. Mé selman, zamé mo pann régrété monn gard mo zanfan.»

Pourtant, s’occuper d’un enfant à cet âge n’est pas chose facile. «Enn zanfan sé pa enn fardo. Li pa fasil pou okip-li, mé bizarman, mo pa trouv sa difisil pou donn li lamour é pran li kont», soutient Elina, confiante. N’empêche qu’à 17 ans n’a-t-on pas envie de sortir, s’amuser entre amis ? «Je peux me permettre de faire des sorties mais je n’en ai pas trop envie. Je préfère rester avec mon fils à la maison», explique-t-elle.

«J’ai envie d’une vie meilleure pour mon fils»

Toutefois, son quotidien est rythmé par des craintes. Surtout celle de ne pas pouvoir subvenir aux besoins de son bébé. «Éna fwa péna moyen. Mo trakasé parski mo misié péna enn travay stab. Li’nn kit travay pou okip mwa pandan mo groses parski mo pa ti éna personn. La li bat-baté kot gagné», confie la jeune maman. Ce dernier cherche actuellement un travail qui lui permettrait de subvenir aux besoins de sa petite famille. Elina non plus ne reste pas les bras croisés et cherche de l’emploi.

Son rêve : offrir une vie meilleure que la sienne à son enfant. «Mo poz mwa boukou kestion lor so lavénir, mé séki mo anvi, sé ki li res an bonn santé é ki li al lékol, ki li gagn enn bon lédikasion é enn bon travay.»

«Cela a été un choc d’apprendre que ma fille était enceinte»

<p>Sa fille n&rsquo;avait que 14 ans lorsqu&rsquo;elle est tombée enceinte. Dolores (prénom modifié) a eu du mal à accepter la nouvelle et a rejeté cette dernière. Mais avec du recul, la mère de famille a recueilli sa fille sous son toit et cette dernière est désormais mariée. Elle indique, néanmoins, que cette étape de sa vie et celle de sa fille a été très difficile.</p>

<p><em>&laquo;Dans la famille, nous vivions toujours dans la crainte d&rsquo;apprendre un jour une nouvelle de la sorte. Elle était au collège et était un enfant turbulent qui n&rsquo;en faisait qu&rsquo;à sa tête. Elle nous en faisait voir de toutes les couleurs&raquo;</em>, se souvient-elle. Ce jour fatidique, elle ne l&rsquo;oubliera jamais. Sa fille était en Form III. <em>&laquo;Bien que je me sois toujours attendue au pire, cela a été un choc.&raquo; </em>Elle s&rsquo;est laissé gagner par la colère sur le moment.</p>

<p>Elle, qui élevait seule ses trois enfants et s&rsquo;acquittait du loyer d&rsquo;une maison, a vu son monde s&rsquo;effondrer. <em>&laquo;J&rsquo;avais déjà du mal à joindre les deux bouts, nourrir une bouche supplémentaire me semblait impossible&raquo;,</em> explique Dolores qui, à cet instant précis, ne tenait plus à voir sa fille.</p>

<p>C&rsquo;est la grand-mère paternelle qui a pris la jeune fille sous son aile durant sa grossesse. <em>&laquo;Pour moi, elle n&rsquo;avait plus aucun avenir suivant cette grossesse. Elle ne m&rsquo;avait pas écoutée alors que je l&rsquo;ai toujours mise en garde&raquo;</em>, se répétait sans cesse Dolores pour voiler sa culpabilité.</p>

<p>La mère ira, toutefois, voir sa fille lorsque celle-ci accouche. Mais sans la reprendre chez elle. C&rsquo;est dans un couvent, chez les bonnes sœurs, qu&rsquo;elle lui trouvera une place <em>&laquo;afin qu&rsquo;elle reprenne ses esprits, se ressaisisse&raquo;.</em> Sa grossesse, confie Dolores, ne l&rsquo;avait guère assagie. <em>&laquo;Elle était toujours aussi irresponsable et incontrôlable après l&rsquo;accouchement. Elle ne s&rsquo;occupait pas de son enfant.&raquo;</em></p>

<p>Le remords finira par prendre le dessus et son coeur de mère a repris la raison. <em>&laquo;J&rsquo;ai beaucoup réfléchi. Puis je me suis mise à sa place. Si cela m&rsquo;était arrivé comment me serais-je sentie ? Puis, j&rsquo;ai décidé de reprendre ma fille chez moi, essayant de l&rsquo;aider au maximum&raquo;</em>, confie cette habitante des Plaines-Wilhems. Aujourd&rsquo;hui, sa fille a repris sa vie en main et a fondé sa propre famille.</p>

Une publication du quotidien BonZour !