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Poste-de-Flacq : l’eau courante, l’électricité et les toilettes sont un luxe
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Poste-de-Flacq : l’eau courante, l’électricité et les toilettes sont un luxe
À première vue, l’état de ces taudis cachés sous un arbre donnerait l’impression que ce sont d’anciennes maisons abandonnées sur le point de s’écrouler. L’insalubrité qui entoure ces abris précaires contribue aussi à cette impression : le désordre créé par des bouteilles en plastique, des feuilles entassées, un vieux canapé, des ustensiles en plein air. Sous le poids de la pauvreté, une famille trouve ici un discret refuge depuis trois ans.
Poonam Sookroo habite dans une des pièces avec son mari et leurs quatre enfants. Son beau-père et son beau-frère occupent l’autre pièce accolée. Son compagnon, Stephane Dorza, le soutien de la famille, est pêcheur. Poonam, elle, travaille comme bonne quand on a besoin d’elle : «Mo al netwaye kot mo gany.» À leur charge, quatre enfants âgés de cinq à 15 ans.
À l’intérieur de cette maison, il y a suffisamment de place pour un lit. Le reste des affaires de la famille est gardé à l’extérieur. À l’entrée, un canapé déchiré que l’on peut à peine utiliser. C’est là que les enfants s’assoient pour dîner le soir. De cette façon, ils bénéficient de l’éclairage fourni par les lampadaires sur la route.
Encore heureux que le toit de la pièce soit en bon état. Ainsi, la famille n’a pas de problème lorsqu’il pleut. Ce qui n’est pas le cas pour le beau-père de Poonam. À chaque averse, celui-ci est obligé de chercher refuge chez elle. Malgré le manque d’espace, tous se serrent les coudes. «Kan lapli tonbe, mo boper vinn kasyet avek nou. Nou kwinsé nou res andan.»
Généreux voisins
Comme son mari est pêcheur, des fois il peut rentrer bredouille. Il faut alors se débrouiller pour trouver de quoi préparer le repas. «Nou debriye nou rod enn zafer pou manze.» Conscients de la précarité de leur situation, des habitants leur viennent en aide parfois.
Pour cette famille, l’eau et l’électricité représentent un luxe. Il n’y a pas de robinet dans la cour où ils habitent. Tous les jours, Poonam doit se rendre à la plage pour chercher de l’eau. «Nou pena delo. Me ena enn robine dan bor lamer. Mo arye delo.» Parfois, la nuit venue, c’est la lumière d’une bougie qui les éclaire.
Les toilettes sont un autre privilège que les membres de cette famille ne peuvent se procurer. Là aussi, ils dépendent des autres. «Nou pena twalet. Nou bizin al kot mo belser parfwa. Kan mo amenn delo mo fini amenn inper pou bann zanfan benye.» Pas un jour ne passe sans qu’elle doive se rendre chez sa belle-sœur ou n’utilise les toilettes publiques. Pour cuisiner, elle a un foyer. «Mo kwi lor mo foye. Mo misie fini al rod dibwa pou alimente li.»
Bien souvent, son mari ne peut trouver de quoi acheter la nourriture, ajoutet-elle. Les jours où il n’y a rien, les enfants, qui fréquentent l’école primaire de la région, restent à la maison. Ils passent leur temps à jouer et à se promener et si elle arrive à trouver un petit boulot, au moins le soir, ils y aura de quoi manger.
Heureusement pour elle, leur fils aîné a été admis au Centre Joie de Vivre, une école pour enfants à besoins spéciaux. Celui-ci, âgé de 15 ans, souffre de problèmes psychologiques. «Mo garson ena enn andicap. Li retarde.» Elle avoue que c’est un soulagement que son fils soit pris en charge par l’école pendant la journée, ainsi elle peut se permettre de travailler.
Les promesses, elle en a entendues beaucoup, raconte-t-elle. Elle a reçu plusieurs visites au fil des années mais rien n’a changé. «Banla inn vinn get nou enn ta fwa. Sak fwa zot dir zot pou ed nou kouma zot kapav. Mem led sosyal zot ti dir pou fer nou ganye me mo bann zanfan pa gayn nanye. Zis mo garson ki malad gayn enn ti led.»
Pour Poonam, si ses enfants arrivent à avoir un soutien, elle pourra alors, au moins, les envoyer régulièrement à l’école.
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