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Cent-Gaulettes: à bâtons rompus

31 août 2017, 13:06

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Cent-Gaulettes: à bâtons rompus

L’imagination vagabonde à la simple évocation de ce nom… Eh non, les habitants ne sont pas forcément tous armés de «gaulettes», à la recherche de quelque fruit à cueillir. Ils ne sont pas non plus tous frêles, style «golet kass mason». Nous sommes allés à leur rencontre. Ainsi qu’à la découverte de leur région.

Cent-Gaulettes. Petit par la taille, grand par l’histoire. Pris, comme dans un étau, entre Saint-Hilaire et Saint-Hubert, qui sont eux-mêmes voisins, le sympathique village d’irréductibles s’étend sur quelques mètres le long de la route principale. Mais pas que. «Dépi kot simitier, alé andan laba ou dan Cent-Gaulettes», indique fièrement un habitant, en nous montrant un long chemin qui se «jette» dans un champ de canne.

Étrangement, plus l’on s’y enfonce, plus on a l’impression de plonger dans une autre dimension. Les maisons en tôle de la cité EDC semblent s’être figées dans le temps. Les haies de bambous ont encore fière allure, le béton n’y a pas encore droit de cité.

Le long de cette route qui fait voyager à travers les décennies, nous croisons le chemin de deux vieilles dames qui papotent gaiement. Le parfum de la lessive propre hante les narines, elles ont leur cuvette bien vissée sur la tête. Les laboureurs, eux, pédalent leur bicyclette noire, pour rentrer à la maison après une journée de dur labeur.

Bien que les villageois ne connaissent pas exactement l’origine du nom Cent-Gaulettes, la plupart affirment que c’est la canne à sucre qui en est «responsable». «Kan ou ti pé travay dan kann lontan, ti servi sa mizir golet-la pou determinn ou travay. Par examp, enn sardar kapav dir ou travay sink golet apré ou alé», fait remarquer avec pertinence un monsieur qui a travaillé dans les champs de canne par le passé. Cette explication rejoint d’ailleurs la définition d’Arnaud Carpooran, dans son diksioner kréol : «Enn inité pou mizir longer.»

Une gaulette équivaudrait donc à 4,5 mètres. Mais il n’y a pas que la canne à Cent-Gaulettes. Il y a également des trésors naturels, de véritables régals pour les yeux. Le clapotis de l’eau, cette source claire, des rivières, cachées des regards… «Bann abitan isi apel sa bout-la Pont magistrat», susurre François Arlanda, un habitué des lieux. Au loin, des pêcheurs titillent le poisson, alors que d’autres lavandières, pliées en deux, s’attellent à redonner de la brillance aux vêtements. Quelques adeptes de Jah sont également venus profiter de la quiétude de cet endroit mystique pour communier avec la nature… «Ena bann plas koumsa… Dévelopman pankor rési rass sa ar nou», commente l’un d’eux. Pourvu que ça dure…