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Mare-Chicose: là où le temps s’est arrêté
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Mare-Chicose: là où le temps s’est arrêté
La poignée d’habitants résidant encore à Mare-Chicose veut respirer l’air frais. Elle n’en peut plus de la situation qu’elle endure depuis 1997. La famille Motee, l’une des dernières de ce petit village, se demande quand elle sera relogée. Même si depuis 20 ans, aucune de ses démarches n’a abouti. Rencontre…
Les pluies de ces derniers jours n’ont pas arrangé les choses pour la famille Motee. Sa cour est inondée. Il est difficile de circuler entre les quelques maisons de fortune qui se trouvent sur un terrain à moins de 100 mètres du centre d’enfouissement
«Atansion ou glisé» sont les premiers mots de Jankee Mungroo. Cette dernière, née Motee, est l’une des oubliées de la région. Repoussant un chien errant, elle vient dans notre direction. Dès qu’elle parle de sa région, sa voix devient cassante et des larmes perlent au ses yeux. «Avant nous vivions bien ici…» Justement, pour cet «avant», il faut remonter à plus d’une trentaine d’années. Avant l’introduction du centre d’enfouissement.
Aujourd’hui, debout devant sa maison construite en tôle, Jankee Mungroo commence à trouver le temps long. Néanmoins, elle confie que nous sommes chanceux. «Aujourd’hui, grâce au vent, vous ne respirez pas ce que nous respirons tous les jours.» Pour confirmer ses dires, les mouches vagabondent de gauche à droite autour de nous.
Manque de considération
L’habitante de Mare-Chicose, âgée de plus d’une soixantaine d’années, essaye d’imaginer son quotidien loin de ces terres. «Ce sera difficile, mais je sais qu’il faudra bouger. Nous voulons vivre dans des conditions moins exécrables. Les mouches remplissent les maisons. L’eau potable vient souvent à manquer.» Elle n’est pas la seule à le dire.
Sawan Motee n’en peut plus. Depuis sa naissance, il ne connaît que cette terre. Mais ce qui l’agace le plus, c’est le manque de considération des autorités à leur égard. Des démarches, il en a fait des tonnes. «On est allé rencontrer les ministres de l’ancien gouvernement. Puis, ceux actuellement au pouvoir, toujours sans aucun résultat.»
Toutefois, ce qui l’a vraiment surpris, c’est le fait que les autorités lui ont fait comprendre que ces habitants ont signé une lettre dans laquelle ils auraient fait part de leur envie de ne pas quitter les lieux. «Ce qui est totalement faux», s’indigne Sawan Motee. «Quand je leur ai demandé où se trouvaient ces papiers, je n’ai jamais eu de réponse et l’on ne nous a plus jamais contactés.»
Les problèmes, ils en ont à la pelle. Le plus sérieux demeure celui du transport. «Les transports en commun ne viennent pas jusqu’à chez nous. Ils empruntent une autre route. Du coup, nous devons appeler des taxis pour nos déplacements.» Mais comme le souligne Giantee Motee, la pension qu’elle perçoit est souvent insuffisante pour le mois. «Kot pou trouv sa larzan-la!» Souffrant de problème de vue, la vieille dame doit souvent se rendre à Moka ou à l’hôpital. «On dirait que les autorités ne se soucient plus de nous.»
Autre problème rencontré par les habitants de cette région: ils ne savent toujours pas à qui appartient le terrain sur lequel ils habitent. «Il y a plusieurs années déjà, une dame de la région nous avait fait comprendre que cette parcelle de terrain lui appartenait. Si nous voulions en devenir propriétaire, il fallait lui donner pas moins de Rs 75 000. Nous avons fait des quêtes et nous avons réussi à réunir cette somme et la lui avons donnée.»
Mais aucun contrat n’a été signé entre les principaux concernés. «À présent, la dame est décédée et son fils n’est jamais venu nous voir. Si le gouvernement lui donne un terrain à Rose-Belle, comme la majorité des gens qui habitaient la région, nous allons nous retrouver sans rien.» Ces anomalies font que cette famille vit dans le stress.
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