Dans sa nouvelle version de l’histoire du séga, lancée la semaine dernière, Jean Clément Cangy fait la part belle aux chanteurs engagés.

Raconter «Le séga des origines…à nos jours». Jean Clément Cangy l’a déjà fait en 2012. Cinq ans plus tard, quels nouveaux épisodes propose la réédition de ce livre largement consacré à des paroles de chanson ? Histoire de laisser faire ce qu’il sait le mieux : nous faire chanter, danser souvent. Nous interpeller, parfois. La réédition du séga des origines…à nos jours a été lancée la semaine dernière, sous les auspices de l’agence Immedia et de son directeur, Rama Poonoosamy. 

Dans la première édition, «j’avais effleuré la période des séga engagés». En fouillant dans les années de braise, c’est la contribution d’une personne qui est soulignée in extenso. Celle de Rama Poonoosamy. Il est le personnage principal du chapitre «Séga engagé et alchimie inédite», devant le Grup Lataniers des frères Joganah, le Group Kiltirel IDP avec Marcel Poinen, Gaëtan Abel, Zuil Ramiah, le Grup Soley Ruz avec Micheline Veerasawmy. 

La plume de Jean Clément Cangy suit Rama Poonoosamy quand il est l’«inspirateur» du Group Kiltirel Morisien, dont est membre Siven Chinien. De membre du comité central du Mouvement militant mauricien, nous le retrouvons par la suite, «premier ministre de la Culture». 

Ce qui ne l’empêche pas d’être un auteur-compositeur qui signe des chansons à succès : Zanfan Soweto, Rann Nou Later Rann Nou Lamer, «allusion aux Chagos, à Tromelin». Il a aussi écrit Beti popularisé par Zul Ramiah. Bond dans le temps. Zanfan losean est l’hymne des Jeux des Iles écrit et composé par Rama Poonoosamy et Gaëtan Abel. 

Autre chanteur engagé à qui Jean Clément consacre un plus long passage que dans la première édition de son livre : Fanfan. Il y a plus de détails sur sa vie de Mahébourg à «sa karo kann laba». Comprenez l’hospice Saint-Jean de Dieu à Pamplemousses où le ségatier et conteur a fêté ses 87 ans, en juillet dernier. L’auteur y note son, «caractère bien affirmé, chanteur de séga typique engagé et qui a fait partie du Group Kiltirel Morisien». 

La page de la nostalgie tournée, l’auteur s’intéresse au présent. Au statut de patrimoine mondial du séga typik. Son opinion personnelle : que l’Etat ne fait pas assez pour la promotion de ce patrimoine. «Mais le livre est plus consensuel», indique-t- il. L’ouvrage choisissant de se faire l’avocat de la «création d’un ségatorium», un espace de création et de recherches.