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Rodney Mootoosamy: l'homme aux cent visages
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Rodney Mootoosamy: l'homme aux cent visages
Qui est celui qui a osé photobomber le cliché de Steven Arnold recevant son trophée pour la Maiden Cup ? La question est sur toutes les lèvres depuis que cette photo a été publiée. On y voit le jockey gagnant, tout sourire, entouré d’hôtesses d’Air Mauritius. À leurs côtés figure un SDF, le visage sérieux. Son look contraste certes avec les autres, mais pas son attitude. Il est heureux et fier. Depuis, il est devenu la star de cette 69e journée du Maiden.
Lui, c’est Rodney Mootoosamy. Il a tiré à lui les projecteurs de Steven Arnold et d’Enaad, les gagnants de dimanche. Selon ses dires, il a 59 ans. Ce sans domicile fixe (SDF), qui passe ses journées autour de la Cour suprême, n’est pas au courant qu’il est la nouvelle vedette du Net. Sa photo parmi les gagnants de la journée a été partagée des milliers de fois. Ceux qui le connaissent parlent de quelqu’un de gentil. «Me pa koné depi komié létan li la. Dépi touletan nou konn li isi», explique une habituée du quartier
Rodney n’est pas réfractaires aux questions. Bien au contraire, dès qu’il se lance, il est difficile de l’arrêter. Vêtu dans le même accoutrement que sur sa photo mythique, il explique qu’il ne s’appelle pas seulement Rodney. «Mo apel Yassin Dilmohamed osi», s’amuse-t-il. Il marche, s’arrête, s’assoit. Son regard se perd au loin. Des passants le saluent et il revient à la réalité. «Mo apel Hritik Roshan osi. Mo apel Olivier. Parfwa, apel mwa Azeer. Oubyen Lolidée», dit-il sans s’interrompre.
Sans crier gare, il se lève et reprend sa marche. Il ne sait pas où il va, mais il aime marcher, nous apprend-t-il. Comment a-t-il fait pour atterrir sur la photo de Steven Arnold ? Il ne sait pas non plus. Par contre, il sait pourquoi. «Mo ti anvi fer enn foto avek zokey é sa bann lézot dimounn la. Pa koné kan ti pou régagnn lokazyon enkor.». Il s’est donc faufilé dans la foule, a enjambé par-ci, couru par là et est arrivé à destination. Il s’est mis dans le champ du photographe et est reparti après avoir assouvi son désir. Il n’a pas vu la photo, par contre, mais qu’importe, il sait qu’il l’a faite, et c’est suffisant pour le rendre heureux. Une fois lancé, Rodney ne peut pas s’arrêter de parler. «Je viens du Brésil, Rio de Janeiro plus précisément Mais le problème est que le pays est pauvre. Je suis donc venu ici pour avoir un peu d‘argent.» Attention, il ne se limite pas qu’à Maurice. Tout en avançant d’un pas assuré, il raconte comment il part souvent à l’étranger pour découvrir d’autres endroits. C’est sa passion. Et sa famille ? «En Australie. Mé mo ena fami partou partou», confie-t-il avant de clore le sujet. Impossible d’en savoir plus.
«Mo ti anvi fer enn foto avek zokey é sa bann lézot dimounn la. Pa koné kan ti pou régagnn lokazyon enkor.»
Le métier de Rodney est tout aussi intriguant que sa passion et sa personnalité. Il est agent du Federal Bureau of Investigation. Ni plus, ni moins. Il n’en dira pas plus. Cependant, il tient à parler d’un fléau de la société. «Mwa mo pena kass, mé ena bokou ladrog dan sa pei la. Depi lontan sa. Bizin aret sa ban koméraz la !» Cette déclaration n’a aucun lien avec son métier au sein de l’agence américaine. C’est juste un constat qu’il fait, lui qui est toujours «lor koltar». Questionné sur ce qu’il aime faire, Rodney ne répond pas. Il chante. En anglais, puis en français. Ensuite, il fait une dédicace de «Smoke in your eyes» aux jockeys et poursuit la chansonnette. Les passants doivent être habitués car ils n’en font pas grand cas.
Revenons à la Maiden Cup. Rodney sait pertinemment bien ce qui s’est passé. «Zot tou ti krwar Rye Joorawon ti pou gagné lor Parachute Man. Mais finalement, c’est Enaad qui a remporté la coupe, et c’était une belle victoire.» Le verre qu’il avait à la main était pour célébrer cette victoire surprise.
<h2>Yahya Nazroo et son objectif</h2>
<p>Le public le connaît comme un ténor du barreau. Mais lorsque Yahya Nazroo n’est pas vêtu de sa robe noire, il est photographe. Il ne rate jamais le Maiden. Armé de son objectif, il capture le glamour, l’excitation et les moments insolites de ces journées. C’est lui qui est à l’origine de la photo de Rodney. Il a accepté de revenir sur cet instant. «<em>Je l’ai vu s’approcher. Il semblait venir vers l’appareil photo</em>.» Surmontant sa gêne, Rodney demande s’il peut avoir une photo. L’avocat accepte. «<em>Non, je n’étais pas choqué de le voir. Il avait autant le droit d’être là que tout le monde</em>», dit Yahya Nazroo. Mais avant qu’il ne puisse immortaliser le rêve de Rodney, un groupe a accouru est a essayé de faire partir le SDF. «<em>J’étais révolté. Il n’avait rien fait de mal !</em>» L’avocat ne comprend pas la réaction des gens. C’est lui qui a demandé aux autres de laisser le SDF tranquille le temps de sa photo. Quant aux hôtesses, elles étaient quelque peu gênées par cette présence, mais qu’importe, l’avocat a estimé que l’homme avait droit à sa photo. «<em>De toute façon, ce n’est pas tous les jours qu’un seul homme met un Champ-de-Mars rempli de bonne humeur!</em>»</p>
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