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Montagne-Blanche: les saisons se suivent et se ressemblent pour les Muneesamy

12 septembre 2017, 21:30

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Montagne-Blanche: les saisons se suivent et se ressemblent pour les Muneesamy

Une maison en tôle séparée en trois petites pièces : une chambre à coucher où trois personnes dorment, une cuisine et un salon. C’est tout ce que Claude Patrick Muneesamy possède comme biens.

Ce maçon, qui vivait sous le toit parental, en a été éjecté par son père. Pour éviter d’entrer en conflit avec les membres de sa famille, il a pris tout ce qu’il pouvait pour se construire un toit sur un petit bout de terrain entre la maison de son père décédé depuis et le mur d’un voisin. À l’intérieur, il y a à peine d’espace pour accommoder quatre personnes.

Pour accéder à sa maison, il faut passer à l’arrière de cette même maison, aujourd’hui la propriété de quelqu’un d’autre. L’impasse qui mène à sa porte témoigne déjà de l’état d’insalubrité. Et ce qui reste de la maison, qui a subi les assauts des intempéries, est sur le point de céder.

La petite cuisine n’a qu’un four à gaz et quelques rares ustensiles.

Des morceaux de bois sont posés par terre pour que les arrivants ne pataugent pas dans l’eau qui s’est accumulée là. Une odeur de drains et de moisissure empeste ce minuscule espace de vie. «Il n’y a pas de tuyaux pour diriger ailleurs l’eau provenant de la maison de ma soeur. De ce fait, cette eau sale se déverse et s’accumule ici», explique ce dernier.

Une toiture qui semble vouloir s’envoler à chaque coup de vent, des traces noires sur les murs et la moquette trouée et humide témoignent de ce que cette famille endure quand il pleut. D’autant plus que la maison n’est plus alimentée en électricité depuis un an. On s’éclaire à la bougie à la nuit tombée.

«Ti éna mové tan, enn pié ti tonbé inn rass mo konter. Pou remet sa bizin dépans boku. Mo prefer asté manzé et pey bann ti det avek ninport ki ti kas ki mo gagné», se lamente ce dernier, qui n’a qu’un maigre salaire de maçon. Pire encore, il ne peut travailler régulièrement en raison d’une santé fragile. Sans compter le mauvais temps qui s’en mêle parfois. «Mo fer krépisaz et akoz lapli pa gayn travay.»

Dans la pièce commune, un petit canapé humide et inconfortable sert de lit à leur fille aînée, qui travaille comme bonne dans l’endroit. Faute d’espace dans l’unique chambre de la maison, cette dernière est obligée de dormir là.

«Aswar mo dormi ici. Mo ledo fermal et fer fré. Kan lapli tonbé, gro delo koule lor mwa. Avan mo ti pe met ban dra la sek mé avek mové tan zamé zot sek. Mo bizin dormi avek dra la koumsa mem» Elle ajoute qu’outre le froid, elle a le sommeil léger à cause des rats. «Bann léra rant dan lakaz. Zot mont partou, manz tou nou bann zafer.»

Pour protéger le peu d’aliments qu’ils ont, Claude Patrick Muneesamy ramasse tout dans un vieux réfrigérateur qui ne fonctionne plus. «Koumsa li res fermer. Zot pa kapav fer trou et manz nou ban zafer.» Dans la chambre à l’espace restreint, les parents ont pu accommoder deux petits lits. Marie Josée, l’épouse de Claude Patrick Muneesamy, ajoute que pour gagner de l’espace, ils étendent tous leurs vêtements sur des fils. Ils ne peuvent les garder dans des boîtes à cause de l’eau et des rats.

Les deux autres pièces, la salle de bains et la cuisine, font tout aussi peine à voir. La salle de bain est dépourvue de robinet. Un morceau de plastique collé fait figure de rideau de douche et de porte mais ça fait désordre.

Marie Josée explique que faute d’un tuyau d’évacuation d’eau, à chaque fois qu’ils utilisent la salle de bain, l’eau envahit la salle commune. «Il faut tout le temps éponger l’eau mais le sol ne sèche pas parce qu’il fait froid et sombre à l’intérieur.» Pour la cuisine, c’est le scénario, les traces de moisissures sont partout.

Même si aujourd’hui, sa maison est devenue un trou sombre et invivable, Claude Patrick Muneesamy s’en accommode et ne s’en plaint pas. Comme si que cette pauvreté qui lui colle à la peau était une fatalité. Il loue le ciel car son fils, âgé de 18 ans, a trouvé de l’emploi dans un hôtel et aide ses parents dans les dépenses du foyer. Sa fille aussi se débrouille en faisant de petits emplois. Ainsi va la vie.