Publicité
Danzak, zak dan tant
Par
Partager cet article
Danzak, zak dan tant
Il n’y a pas que la beauté des lieux qui enchante les visiteurs. Mais également les souvenirs, les histoires des habitants, qui vivaient là jadis. À Danzak, il n’y avait pas que les jacquiers qui étaient nombreux.
Peu de Mauriciens connaissent cet endroit. Il évoque, pour certains, le fruit du jacquier. Pour ceux qui ont l’imagination galopante, il renvoie à une expression bien de chez nous : zak dan tant (NdlR, qui veut dire qu’une femme attend un bébé). En fait, les zak sont nombreux dans les paniers des habitants de cette localité…
Danzak, oui c’est son nom, est perché sur les hauteurs de la montagne La Porte. Il a pour voisins les villages de Chamarel et de Coteau-Raffin. «Sa landrwala apel Danzak akoz ti pé viv parmi pié zak», lâche Karl Lamarque, 59 ans, notre guide d’un jour. Cette terre fertile, qui les a vus grandir, lui et ses ancêtres, est niché dans un écrin de verdure.
Pour en découvrir les recoins, il faut emprunter un sentier escarpé par endroits, marcher pendant une heure, grimper… Mais le jeu en vaut la chandelle. Pour les moins sportifs, il y a des endroits indiqués, à l’ombre des arbres, où l’on peut se reposer, reprendre son souffle : «Ros Fotey», «Tamarin kas latet», «Ros perron»…
Soudain, Danzak apparaît. Entre toutes sortes d’arbres fruitiers, des plantations de bananes, manioc, ananas, légumes. Plus loin, une case en tôle qui semble encore habitée mais qui abrite, en fait, les fantômes du passé. Des familles ont longtemps vécu en ce lieu, qui domine toute la côte, de La Gaulette jusqu’au Morne. «Nous sommes parvenus à remonter le temps jusqu’en 1840. Il y avait une cinquantaine de maisons ici», souligne avec nostalgie Karl Lamarque. Qui regrette d’avoir eu à quitter la tranquillité et la beauté de Danzak pour aller vivre dans le village de Coteau-Raffin. Pourquoi ? «Pour ne pas rater le train du développement.»
Hormis la vue imprenable sur le lagon en contrebas et sur la montagne du Morne, c’est le cadre de vie unique qui rattache ceux qui ont connu le Danzak d’antan à leur village. On y trouvait des forêts de bambous, qui «grinçaient des dents» tout en se laissant porter par le vent. Des sources d’eau douce, la douceur de vivre, la tranquillité.
«De ce point vous pouvez descendre jusqu’à Chamarel, ou encore vers Bois-Nourri, près de Macondé. C’est là que vivaient ma grandmère et mon grand-père. Li ti pé marsé dépi Danzak pou al frekanté toulé dimans», raconte Karl Lamarque, avec un sourire. Non, il n’y a pas que la beauté des lieux qui enchante, mais également des histoires et des souvenirs…. Comme ces cases en tôle, avec leurs planchers, les vieux lits et les meubles anciens, qu’il a fallu laisser là quand ils ont quitté Danzak pour déménager «anba»...
Publicité
Les plus récents