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May Benjamin Errol Commarmond: SDF gentleman

29 septembre 2017, 01:03

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May Benjamin Errol Commarmond: SDF gentleman

Pour ceux qui passent régulièrement par la gare Victoria, son visage vous est sans doute familier. Une canne à la main, pour lui servir d’appui, son béret vissé sur sa tête, la dégaine légèrement empruntée à Cloclo, May Benjamin Errol Commarmond ne passe pas inaperçu. Âgé de 64 ans, il a élu domicile sous l’ancien bureau de poste de la gare Victoria. Cela fait plusieurs années qu’il est à la rue. Les alentours de la gare Victoria, il les connaît par cœur, car «so baz sa». Assis dans un coin, il guette les passants. C’est son accoutrement qui a attiré notre attention.

Sa canne l’aide à marcher. Il faut dire qu’avec l’âge, ses muscles ne veulent plus l’écouter. Et, ses «crap ros», n’arrangent pas les choses, explique le sexagénaire. «Ou pou gété ?» nous propose-til. Mais comment a-t-il atterri ici ? «Bon, sé pou ki zafer-sa, parski mo pa tro kontan koz boukou, ein mo zistwar... sa li extra-sa.» Finalement, il accepte de nous raconter so zistwar.

Durant la journée, May Benjamin Errol Commarmond fait le tour de la capitale. Le plus souvent, il ne va pas plus loin que les toilettes publiques de la gare Victoria. «Mes pieds ne veulent plus avancer», rappelle-t-il. Et sa famille ? «Abé péna personn, péna fami», explique le sexagénaire. Enfin, il lui reste une sœur, mais celle-ci «a mieux à faire». Il ajoute qu’ils «n’ont pas le même train de vie».

Et des enfants, vous en avez ? Une épouse ? «Mwa maryé ? Zamé !» répond May Benjamin Errol Commarmond. «J’ai un fils, mais il purge une peine d’emprisonnement pour culture de cannabis en ce moment

«Abé péna personn, péna fami... Et, ma sœur a mieux à faire. Nous avons un train de vie différent...»

Une maison, il en avait il y a bien longtemps. Mais à la mort de ses parents et proches, celle-ci a été vendue. C’est à partir de là que May Benjamin Errol Commarmond s’est retrouvé «seul au monde», sans un endroit où se réfugier. Et le travail ? Ancien employé des docks, il nous raconte à quel point le métier qu’il a pratiqué durant une quinzaine d’années était pénible. Le va-et-vient pour le chargement et déchargement des navires dans le port se faisait manuellement à l’époque. «Ti bien bien dir.» Que s’est-il passé ensuite ?

«Bann-la inn met mwa déor parski mo ti kontan bat mo ti zafer…» Toutefois, il parvenait à gagner sa vie en faisant des petits boulots çà et là. Mais avec l’âge, cela est devenu très dur de se faire embaucher. Auparavant, il passait ses nuits dans un abri de la capitale. Néanmoins, depuis qu’il a atteint la soixantaine, il ne peut plus y aller, soutient May Benjamin Errol Commarmond. «Par moments, ils me laissent rester. Mais mes jambes ne peuvent plus m’y emmener. Je dors près de l’ancien bureau de poste du coup», lâche le bonhomme dans un soupir. 

Pourtant, il rêve de prendre une douche, de pouvoir changer ses vêtements et se rafraîchir la coupe et la barbe. «Gété si kapav fer kitsoz. Si bizin mwa, pou zwenn mwa lamem», lance le sexagénaire.