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Anthony Bellanger: «Aucune raison de mettre tant de pressions sur ces journalistes»

29 septembre 2017, 21:30

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Anthony Bellanger: «Aucune raison de mettre tant de pressions sur ces journalistes»

La promesse électorale d’une Freedom of Information Act est restée lettre morte, déplore le secrétaire général de la FIJ, suivant l’arrestation de nos trois journalistes.

Pourquoi condamnez-vous les récents événements qui ont mené à l’interrogatoire des trois journalistes Nad Sivaramen, Axcel Chenney et Yasin Denmamode ?

C’est une attaque envers la liberté de la presse. Le journaliste fait son travail et recoupe des informations de sa source et publie une information qu’il juge correcte. Mais c’est scandaleux lorsqu’un gouvernement fait pression. On s’est indigné lorsqu’on a vu que c’est Maurice qui était concerné, un pays démocratique ayant des institutions démocratiques.

On l’a vu ailleurs, mais on ne pensait pas voir cela chez vous. Nous sommes là pour défendre la profession et les journalistes. Si cela continue, je serais contraint de me tourner vers les Nations unies ou encore l’Unesco, pour lesquelles la sécurité des journalistes est une priorité.

Cela vous interpelle aussi que les enquêteurs souhaitent accéder aux portables ou aux ordinateurs des trois journalistes ?

Je m’élève fortement contre ce genre de manoeuvre. Le secret des sources fait partie de la déontologie du journalisme. C’est vrai que dans des cas extrêmes, qui concernent le terrorisme, par exemple, les enquêteurs peuvent aller aussi loin. Mais dans ce cas précis, il n’y a aucune raison de mettre tant de pressions sur ces journalistes. Je ne suis pas juge ni policier, mais si on commence à faire cela, on se grille. Il faut absolument refuser. Je donne raison aux journalistes car c’est leur droit de protéger leurs sources.

Pourtant, dans ce cas précis, la source s’est rétractée et c’est elle qui a accusé les journalistes de complot.

C’est une stratégie très commune. Les sources ont recours à ce genre de procédé quand elles sont dans de beaux draps. Mais cela ne change pas le fond du problème.

Est-ce que le problème ne vient pas du fait qu’il n’existe pas une loi concrète à Maurice pour la protection des journalistes ?

Le problème, c’est qu’à travers le monde, il n’existe que de petites phrases dans les lois pour défendre la profession. À Maurice, ce gouvernement disait partout que la Freedom of Information Act serait une réalité, mais la promesse de campagne ne s’est jamais concrétisée. Pire : il met la pression sur les journalistes, ce qui est très contradictoire. Il se situe aujourd’hui au même niveau que certains pays, que je ne citerai pas.