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Pointe-aux-Sables: Stéphanie, maman à 17 ans, grand-mère à 29...
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Pointe-aux-Sables: Stéphanie, maman à 17 ans, grand-mère à 29...
Certains lui jetteront sûrement la pierre. N’empêche que Stéphanie est solide comme un roc. Il faut bien, puisque toute sa vie durant, elle a dû parcourir des routes sinueuses, semées d’embûches.
Stéphanie est devenue maman pour la première fois à 17 ans. L’adolescente naïve d’alors pensait qu’elle avait trouvé le prince charmant. Qui a, au final, révélé sa facette de «crapaud».
Elle a pourtant eu quatre enfants avec son «batracien» d’ex-mari. Ce dernier préférant jouer au «galan polipot», elle était la seule à se démener pour faire bouillir la marmite. Nouveau coup du sort douze ans plus tard : sa fille, victime d’abus sexuel, donne naissance à une fillette. Celle-ci a trois ans désormais. Stéphanie, elle, est devenue grand-mère à 29 ans.
Qu’importe les problèmes, les regards accusateurs des autres, les préjugés, la jeune grand-mère ne regrette pas d’avoir donné naissance à ses enfants, qui sont sa plus grande joie. Sa petite-fille ? La prunelle de ses yeux…
Stéphanie a donc 32 ans aujourd’hui. Il ne faut pas se fier à son apparence fragile. La jeune grand-mère, qui a traversé bien des cyclones, est quoi qu’il en soit plus résistante que le toit de sa maison, faite de bois et de tôle, sise à Pointe-aux-Sables.
La mère de famille a, en fait, dû déserter le domicile conjugal après sa séparation. Depuis, elle lutte contre vents et marées pour joindre les deux bouts et subvenir aux besoins des siens. «En partant, j’ai loué une maison avec mes enfants. Seulement trois d’entre eux vivent avec moi. L’aîné de mes fils étant épileptique, il vit chez mes parents car il doit souvent se rendre à l’hôpital», raconte Stéphanie.
Mais le sort s’acharne. Elle perd son emploi et prend du retard sur le paiement de son loyer. Résultat : le propriétaire les force, ses enfants et elle, à partir. N’ayant nulle part où aller, la petite famille se réfugie sur un terrain, à Moka. Pêchant des tilapias pour se nourrir. Stéphanie et ses enfants dorment à la belle étoile… «Je ne savais pas que c’était un terrain privé, la police a débarqué, avec des officiers de la Child Development Unit et les propriétaires pour me demander de partir. On allait m’enlever mes enfants si je ne trouvais pas une solution au plus vite.»
«Tan ki ou pa pé kokin (…)»
Rassemblant alors son courage et sa débrouillardise, elle se met à chercher. Et trouve un bon samaritain, qui lui propose de lui louer une maison en tôle à Pointe-aux-Sables. «Il n’y avait ni WC ni salle de bains. Mes gosses et moi devions utiliser les toilettes publiques.»
Mais attention, prévient Stéphanie «je ne suis pas en train de me plaindre. Peut-être que mon histoire donnera du courage aux mères de famille qui sont dans la même galère que moi». Et puis, elle n’est pas du genre à baisser les bras. C’est une vraie touche-à-tout. Tantôt maçon, agent dans un centre d’appels, colporteuse, tantôt bonne à tout faire, pêcheuse, entre autres. «Tan ki ou pa pé kokin pa bizin gagn onté…»
Mais la foudre allait encore frapper. Alors qu’elle est âgée de 12 ans, sa fille aînée, victime d’abus sexuel, tombe enceinte. «La police vient tout juste de classer l’affaire et le suspect n’a jamais pu être retracé.» Depuis, sa fille, maman malgré elle, se méfie de tout le monde. Les séquelles du traumatisme subi. Lasse, elle a dû quitter l’école et prend des cours en artisanat dans un centre situé dans la région. «Ma fille voulait réussir et devenir vétérinaire, mais elle n’a pu poursuivre sa scolarité après sa grossesse. Le collège qu’elle fréquentait n’accepte pas les filles-mères. J’ai essayé de trouver une place dans un autre établissement, mais on m’a dit qu’elle avait déjà manqué trop de classes et qu’elle avait accumulé trop de retard», lâche la maman, les larmes aux yeux.
Ayant eu vent de son histoire, un ancien ministre a tout de même offert une parcelle de terrain à Stéphanie. La National Empowerment Foundation y a fait construire la maison dans laquelle elle vit désormais. Pour avoir accès à l’eau courante et l’électricité, Stéphanie a vendu des chevrettes, qu’elle a elle-même pêchées.
Dans la pièce qui lui sert à la fois de salon et de chambre à coucher, sur un des deux lits, une petite bouille : sa petite-fille de 3 ans, assise devant la télé. L’innocence de l’enfance aidant, elle semble bien loin de réaliser les difficultés auxquelles sa grand-mère doit faire face au quotidien.
C’est le rayon de soleil du foyer, confie Stéphanie, avec tendresse. Qui souhaite désormais avoir un travail stable afin de mettre de côté les problèmes financiers. «Je suis prête à cumuler deux boulots s’il le faut…»
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