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Brisée Verdière: les planteurs d’arouille violette broient du noir

3 octobre 2017, 10:00

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Brisée Verdière: les planteurs d’arouille violette broient du noir

Tout n’est pas rose pour les cultivateurs d’arouille violette. Quand ce n’est pas l’exces de pluie, c’est la cherte des boutures ou de la main-‐d’oeuvre, mais aussi les maladies, qui leur plombent le moral…

«Avant, on pouvait récolter jusqu’à 400 kilos de violette sur une seule ligne plantée de 200 mètres de long. Maintenant, c’est à peine si on arrive à nous en sortir avec 200 kilos…» Shyamwoodunt Juggessur, planteur d’arouille violette, âgé de 42 ans, travaille la terre depuis son enfance, avec son père Swalal. Sur son terrain, à Brisée Verdière, il cultive cette plante depuis dix ans. Tout comme une quinzaine d’autres planteurs. Le moins que l’on puisse dire, l’arouille violette leur fait voir de toutes les couleurs, avec une dégradation constante des conditions de culture. Coup de blues sur ce tubercule alimentaire…

Si dans un premier temps, les conditions étaient propices pour se lancer dans cette culture, aujourd’hui ce n’est plus le cas. «Avant, on cultivait du riz, des piments, des aubergines, des margozes... Mais, les champs étaient trop souvent noyés sous l’excès d’eau de pluie après de grosses averses. On perdait nos récoltes. Ce qui fait qu’on s’est mis à l’arouille violette. Cela allait mieux au début. Mais depuis quelque temps, pour diverses raisons, la situation se dégrade», soupire Shyamwoodunt Juggessur.

Il s’explique : «La violette n’a pas besoin de beaucoup d’eau. Le terrain doit juste être humide. La récolte se fait au bout de neuf mois, la mise en terre des boutures se faisant aux mois d’avril et de mai. En mars, à cause des canaux et des sources qui charrient leur excès d’eau de pluie vers nos champs, nos terrains sont inondés.» Il affirme qu’il doit donc attendre que l’eau soit absorbée par la terre avant de planter. Puis, en janvier, les planteurs commencent la récolte avant la saison des pluies. Sinon, c’est la perte sèche qui les guette.

Si les récoltes semblent bien calculées pour éviter que les eaux n’affectent pas les violettes, Jean Hervé Romain, qui aide les planteurs, avance, lui, que malgré tout, les champs sont inondés par les eaux des sources et des canaux qui débordent souvent. «En 2015, minis Dayal ti vini. Li ti dir pou déblok bann kanal mé nanyé pa finn fer.»

Le planteur Shyamwoodunt Juggessur préfère lui-même travailler ses champs.

Si les planteurs ne peuvent rien faire contre le climat, Shyamwoodunt Juggessur avance que, d’un autre côté, la culture de l’arouille violette leur revient cher, surtout pour maintenir les champs et les protéger contre des maladies. «Pou ou planté, bizin koup bann boutir. Parfwa, ou bizin asté. Enn boutir kout Rs 4. Aster, kan ou fouy fosé, bizin met lasann. Et pour prévenir des maladies, on utilise des pesticides, dont le Corazon. Une dose nous revient à Rs 800. Avec trois doses par ‘drom’ d’eau et un ‘drom’ toutes les semaines, faites le calcul…»

Pour diminuer les coûts d’opération, le planteur préfère rogner sur la maind’oeuvre. «Avan, ti pé pey Rs 200 zourné pou bann manev donn koudmé dan karo. Aster, ou bizin pey Rs 300. Je préfère mettre moimême la main à la pâte.»

Un problème n’arrivant jamais seul, les planteurs doivent aussi se battre contre des pucerons qui s’attaquent aux tubercules sous la terre. «Sa bann ti fourmi-la manz violet-la dépi andan. Kan ou ras enn violet, li vid parfwa. Les pesticides ne sont d’aucunes utilités car ils n’agissent qu’à l’extérieur de la plante alors que les pucerons sont dans les racines.»

Shyamwoodunt Juggessur avoue que des fois, les planteurs n’ont d’autre choix que de jeter leur récolte. «Déjà que la quantité obtenue n’est plus comme avant. Maintenant, nous devons nous débarrasser des tubercules impropres à la consommation ou bien couper les parties affectées. Éna fwa violet fini, koupé resté…»