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Bheejaye Ramdenee: «Je ne suis pas satisfait du journal télévisé»

7 octobre 2017, 19:45

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Bheejaye Ramdenee: «Je ne suis pas satisfait du journal télévisé»

Bheejaye Ramdenee estime qu’il faut revoir la présentation du journal télévisé de 19 h 30. Pour ce faire, la MBC doit être dotée de nouvelles technologies. Celui qui travaille dans le secteur privé annonce l’introduction de débats politiques.

L’orage est-il passé à la MBC ?
Ah, vous parlez des événements de septembre dernier ? Absolument. C’est derrière nous. Nous travaillons désormais dans la sérénité, pour la modernisation de la MBC. C’était simplement un accident de parcours, comme il en existe partout.

Vous parlez de modernisation.
Où en est-on avec le plan stratégique annoncé depuis au moins deux ans ? C’est prêt. Mais je ne peux rien vous révéler pour l’heure avant que le board ne l’approuve. Ensuite, nous le remettrons au ministre responsable de la MBC, qui se trouve être le Premier ministre. Nous avons mis l’accent sur la technologie, la programmation, les finances et une alliance stratégique, entre autres.

La MBC est jugée surtout par son journal télévisé (JT) de 19 h 30. Serait-ce le porte-parole du gouvernement ? La majorité des Mauriciens ont ras-le-bol de ces informations qui montrent presque chaque jour le Premier ministre sous toutes les coutures. Entre samedi et mercredi, il est apparu dans le JT chaque jour, et cela, pendant plus de 30 minutes…
La MBC n’est pas le porte-parole du gouvernement. Nous n’assurons que la couverture des fonctions du Premier ministre et des ministres. Nous rapportons sans faire de commentaires. Et tout ce que nous faisons, c’est simplement montrer des faits. Mais cela dit, en interne, beaucoup d’entre nous ne sont pas satisfaits de ce genre de JT. Il faut des changements…

Dire que vous n’êtes pas satisfait ne suffit pas. Pensez-vous que des changements soint possibles ? N’y a-t-il pas d’ingérence ministérielle à la MBC ?
Je peux confirmer qu’il n’y a pas d’ingérence ministérielle, encore moins venant du Premier ministre

Et pourtant une majorité de journalistes de la MBC ont signé une pétition et font état de l’ingérence d’un conseiller du Premier ministre dans leur travail ?
Non. C’est différent. Ils ont protesté parce que ce conseiller s’est exprimé sur une radio privée et a déclaré que les journalistes de la MBC «aiment suivre le Premier ministre». C’est contre cela qu’ils protestent.

Et les changements?
Pour cela, il faut qu’il y ait de nouvelles technologies. Suivez les bulletins d’informations de France 24 par exemple. On montre le président Macron. Mais sous différents angles. Même s’il y a des images pendant de longues minutes, on ne s’en plaint pas. Nous n’avons pas ces technologies-là ici. Les équipements datent. Notre car de reportage a fait son temps. D’ailleurs, le JT de 19 h 30 sera écourté et ne durera pas plus de 30 minutes.

À quand ces nouvelles technologies ?
Bientôt. Notre objectif est de lancer une série de changements en mars 2018. Cela coïncidera avec le 50e anniversaire de l’accession à l’indépendance du pays.

Les téléspectateurs peuvent-ils s’attendre à des couvertures plus justes et équitables des partis de l’opposition ?
Nous travaillons sur un créneau réservé à la politique. Je ne sais pas sur quelle chaîne. Il y aura des débats politiques…

Avec des journalistes de la MBC ?
Non, nous chercherons des modérateurs ailleurs. Il ne faut pas penser que les journalistes de la MBC ne peuvent pas animer ce genre de débats. D’ailleurs, certains sont prêts à relever ce défi. Mais je préfère qu’on fasse appel à des professionnels de l’extérieur pour n’embarrasser personne.

C’est prévu pour quand?
Cela va démarrer dans le cadre de la prochaine élection partielle. À partir du Nomination Day, nous prévoyons des débats politiques en plus des programmes habituels prévus dans la MBC Act. Mais tout cela devra se dérouler selon des paramètres bien établis. Sinon, on risque de se retrouver dans des situations identiques aux débats radiophoniques. Parfois, ces émissions deviennent cacophoniques. Les intervenants parlent en même temps ou ne s’écoutent pas.

Néanmoins, toutes ces idées doivent être approuvées par le Premier ministre ?
Je dirai plutôt «par le ministre de tutelle». Oui. Je pense sincèrement qu’il n’hésitera pas à donner son accord.

Qu’en est-il de la situation financière de la MBC ?
À décembre 2014, la MBC avait accumulé des dettes de l’ordre de Rs 1,1 milliard. À ce jour, les dettes ne sont qu’à Rs 250 millions. Et d’ici quelques mois, toutes les dettes auront été remboursées.

Et pourtant, on dit que la MBC réalise des profits ?
Nous pouvons réaliser un surplus chaque mois, après avoir payé les salaires et autres frais. Les prélèvements liés aux dettes sont effectués selon une échéance précise. On rembourse par mensualités jusqu’à une certaine date.

Est-ce que la MBC a remboursé le prêt chinois qui a été utilisé pour la construction de ce bâtiment à Moka ?
Une partie de cette dette a été rayée.

Venons-en aux chaînes de la télévision ? Il y en a combien ?
Il y a 16 chaînes. Je sais que la majorité des Mauriciens ne connaissent pas le nombre exact.

Peut-on s’attendre à une rationalisation de ces 16 chaînes ?
Il faut faire attention. Moi aussi je trouve qu’il y a trop de chaînes. L’audimat de certaines est très faible. Nous devons agir avec une certaine agilité car n’oublions pas que nous vivons dans une société pluriculturelle. Mais je pense qu’il y a aura des changements.

Et on parle également d’un grand nombre d’employés ?
C’est subjectif. Non, je ne crois pas qu’il y ait trop d’employés. Au contraire, la MBC est à la recherche de nouveaux talents. Du coup, je donne l’assurance que personne ne sera licencié. Nous devrons peut-être redéployer certains employés dans d’autres départements. Dans ces cas, ils auront droit à une formation.

Dans quels domaines?
Nous faisons face à un grand déficit dans les programmes locaux. Nous devons diffuser les mêmes programmes. Pourquoi ne pas monter des programmes locaux d’excellente qualité que nous pouvons vendre à d’autres télévisions ?

Nous notons qu’il n’y a pas trop de nouveaux films à la MBC ?
Nous nous sommes récemment lancés dans l’achat de nouveaux films. Il y aura un changement de ce côté-là.

Face à la concurrence des radios privées, les radios de la MBC ne sont presque pas écoutées...
La radio sera séparée de la télévision. Il y aura une équipe de journalistes avec un directeur qui fonctionnera indépendamment de la télévision. La radio, c’est différent de la télévision. Les nouvelles sont instantanées à la radio. Nous sommes en train de négocier avec la Nouvelle Radio des Jeunes (NRJ) pour une alliance stratégique avec elle.

Vous pensez que Maurice peut avoir une télévision privée ?
Il existe une législation qui permet à une télévision privée d’opérer. Mais pas de diffuser les informations. (NdlR, les télévisions privées peuvent proposer divers autres contenus comme les documentaires, la musique et ainsi de suite.)

La principale difficulté, c’est qu’un investisseur étranger ne peut investir au-delà de 20 % dans ce type de projet. Je crois qu’on devrait revoir cette quote-part.