Publicité
Special Support Unit: dames de fer, dames de coeur
Par
Partager cet article
Special Support Unit: dames de fer, dames de coeur
Comme leurs collègues masculins, elles ont droit aux critiques. Que répondent-elles ? Ont-elle envoyé des photos de leur langue à quelque personne influente pour obtenir ce job ? Comment font-elles quand il faut «chasser» femmes et enfants pendant que des bulldozers détruisent leurs maisons ? Confidences à béret reposé.
Les images ont marqué les esprits. Celles des policières aidant leurs collègues masculins à évacuer une femme dont la maison s’apprêtait à être démolie, pour laisser la place au Metro Express. C’était il y a un peu plus d’un mois. La tension est redescendue. Mais les questions demeurent. Interrogatoire serré à huis clos aux Casernes centrales.
Les habitudes ont la vie dure. Alors, quand il faut se présenter, la dame en uniforme sort son numéro de matricule. Sinon, elle s’appelle également Priscilla Poonisamy, elle a 37 ans, un sourire sans faux-semblant. Elle a rejoint la police il y a 15 ans, n’a pas encore perdu de dent, malgré les assiettes, dekti, kalchoul et autres jurons qu’on lui a balancés à la tête.
Comment fait-elle pour ne pas perdre son sang-froid face à ceux qui ont le sang chaud ? «Nous communiquons avec les gens», explique celle qui est en charge de la brigade féminine de la Special Support Unit (SSU). Et si la diplomatie, les ruses et les sourires ne marchent pas, il y a toujours les prises à la Bruce Lee, moins violentes toutefois. Nous n’en saurons pas plus, malgré les pressions exercées.
Comment devient-on GI Jane ? Commando des tropiques ? «En postulant et en suivant le même entraînement que les hommes, en faisant ses preuves… » répond Priscilla du tac au tac. Pas de backing ? Non. La jeune femme, qui s’occupe de ses parents âgés, précise qu’elle vient d’une famille modeste. «J’ai toujours rêvé de faire partie de la SSU, j’y suis arrivée par la force des muscles, mais aussi et surtout de l’esprit.»
Des muscles, Wenda Caroopen, 27 ans, en a quelques-uns sous la chemise aussi. Elle a le teint hâlé, des lèvres glossy-glossy, elle respire la santé. Pour faire partie de la SSU, il faut quand même pouvoir courir après les malfrats, souligne la championne de handball, qui fait partie de la force policière depuis trois ans. Et qui habite une des régions où les bulldozers ont «sévi». «Le jour où les machines sont passées, je n’étais pas à la maison, c’était mon anniversaire…»
Qu’aurait-elle fait ? Aurait-elle pu empêcher le massacre des murs et la démolition des rêves que certains ont mis des années à bâtir ? «Nous obéissons aux directives. Nous sommes là pour faire régner l’ordre…» Leur arrive-til d’écouter leur coeur ? Cri du coeur. «Oui, c’est inné, nous sommes humains avant tout, les hommes comme les femmes. Mais la présence de policières aide à calmer les esprits, à apaiser la tension. Les gens ont tendance à nous faire davantage confiance.»
Et sinon, que répondent-elles à ceux qui disent que les policiers «fer mari» ? «Nous faisons partie des disciplined forces, il est normal que l’on soit craint par certains. Mais nous prônons le dialogue.» En aparté : il ne faut pas mettre tous les policiers dans le même panier à salade.
Des anecdotes ? Des faits marquants ? La mémoire des deux policières les mitraille de souvenirs. Il y a cette fois, raconte Priscilla, où il a fallu déloger des squatteurs. «Les parents avaient demandé aux enfants de ne pas sortir de la maison. Ils criaient, pleuraient à fendre le coeur. Nous les avons rassurés, pris dans nos bras. On leur a dit ‘papa et mama déor, nou al guet zot’.» Quand on est policière, il faut parfois être un peu maman, un peu psy. Ou un mélange des deux.
Sinon, que pensent nos deux dames face aux aboiements sexistes de certains politiciens ? Silence éloquent. Et les collègues, eux, comment se comportent-ils ? Reçoivent-elles des photos de langue par WhatsApp ? Niveau respect, les «mâles» sont au garde-à-vous, affirment Priscilla et Wenda en choeur.
Des plans pour l’avenir ? Continuer à faire leur travail. Et y mettre tout leur coeur.
En chiffres
<p>23 C’est le nombre de femmes que compte actuellement la SSU.</p>
</div>
<p></p>
Publicité
Les plus récents