Nou’nn pas dan sok…» Le visage crispé, les yeux rougis par manque de sommeil, les membres des familles Leclerc et Francis sont assis au bord d’une rue de la Résidence Mère Térésa, Triolet. Aux petites heures, mercredi, leurs maisons ont été ravagées par les flammes. Treize personnes au total, dont sept enfants, ont tout perdu…

Le feu s’est déclaré vers une heure du matin. «Mo’nn zis tann enn tapaz koumadir difé pé kasé ek lafimé ti ranpli partou», lâche Viviane Francis, âgée de 70 ans. Son mari et elle n’ont eu que le temps de quitter les lieux...

Après la maison des Francis, le feu s’est propagé chez la famille Leclerc, ravageant la maison de Jean Patrick et Monica, endommageant celle de leur fils qui habite à l’étage. «Bondié gran sinon sa ti pou kapav fini mal. Nous aurions pu y laisser la vie…» lance Monica Leclerc, encore sous le choc.

Lorsque le feu s’est déclaré, son mari et elle ainsi que leurs deux enfants âgés de 10 ans et 14 ans dormaient. Idem pour le foyer de son fils, à l’étage, composé de ce dernier, son épouse Kervina et leurs cinq enfants âgés de 12 ans, 10 ans, 7 ans, 6 ans et 2 mois. «Kan mo mazinn sa, mo latet fatigé sirtou kan mo get sa bann zanfan-la.»

Un jour après l’incendie, une odeur nauséabonde imprègne les lieux. Les maisons des Francis et de Monica et Jean Patrick Leclerc, faites de tôles et bois à la base, contenaient de l’amiante. «Nou pa res nanyé. Tou inn fini brilé, nou manzé, nou linz tou nou zafer», murmure Viviane Francis.

Même scénario chez Monica et Jean Patrick Leclerc. «Nou bann zanfan népli éna iniform pou al konposé, zot péna ni sac ni soulié. Nanyé», soupire Monica, désespérée. Des voisins et des bons Samaritans les aident, certes. «Selman nou pé bizin dormi lor matla kot vwazin ek enn fami.»

Kervina Leclerc raconte, elle, avoir été assez chanceuse comparée à sa belle-mère et sa voisine. «Mo res lao ek mo lakaz li an béton mé selman ek sa gro difé-la, lafimé nwar inn ranpli partou kot mwa, meb inn gaté ek enn parti ti fini pran difé.»

«Nou pa res nanyé. Tou inn fini brilé, nou manzé, nou linz tou nou zafer»

Hormis sa cuisine, les autres pièces de sa maison ont été touchées ainsi que le matériel scolaire de ses enfants. «Mo abitié gard zot sak soulié tousa anba leskalié ek laba mem difé inn pran», déplore la mère de famille. Elle révèle que ses enfants sont même tombés malades en respirant cette fumée. «Mo ti baba éna dé mwa, li’nn bien vomi ek sa. Li pa fasil ditou pou nou..»

C’est avec beaucoup de difficulté, poursuit Kervina Leclerc, que son mari et elle ont pu construire leur chez-soi. «Nou pou bizin réfer inpé travay plis pintiré tousa.» Après l’incendie, les repré sentants du ministère de la Sécurité sociale ainsi que de la National Empowerment Foundation sont venus pour un constat. «Sékirité sosial inn donn mwa zis Rs 16 000 ek NEF inn vinn zis gété», explique Monica Leclerc. Elle fait ressortir qu’avec Rs 16 000, elle ne pourra pas avoir une autre maison. «Mo’nn perdi tou, mo’nn rétourn a zéro.»

<p>&nbsp;Selon les premiers renseignements, l&rsquo;incendie a d&rsquo;abord éclaté chez les Francis, qui habitent juste à côté des Leclerc. Viviane et son époux disent, eux, être toujours dans le flou. <em>&laquo;Lapolis, pompié tousa inn vini mé selman pa pé koné em kouma difé inn pran&raquo;,</em> dit la septuagénaire.</p>

<h2>Caritas entre en jeu</h2>

<p>Les membres de Caritas de Solitude et de Curepipe sont les premiers à avoir réagi à la douleur de ces trois foyers. Christiane Pasnin, une coordinatrice, explique que ses collègues et elle sont venus sur place à 6 h 30 du matin. &laquo;<em>Nous avons fait un constat.&raquo;</em> Dans un premier temps, ajoute-t-elle, &laquo;<em>nous avons apporté notre soutien à ces trois familles en leur donnant des vêtements, des vivres ainsi que d&rsquo;autres choses importantes qu&rsquo;elles utiliseront dans la vie de tous les jours&raquo;.</em> Caritas a également lancé un appel à la solidarité sur les réseaux sociaux et à travers les autres centres.</p>

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