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Diplomatie : «Communauté» de l’océan Indien, sujet sensible
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Diplomatie : «Communauté» de l’océan Indien, sujet sensible
Le rapport Diouf a été commandé par le secrétariat général de la COI. Il s’agit d’une synthèse de trois rapports, celui de Jean du Bois de Gaudusson, professeur à la faculté de Bordeaux et connaisseur de Madagascar et des Comores, celui de Nourdine Abodo, procureur général à la Cour suprême des Comores, et celui de Shirin Aumeeruddy- Cziffra, en sa capacité de juriste.
Abdou Diouf, qui est un ancien secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), a été approché pour rédiger cet énième rapport. Toutefois, selon nos informations, le Conseil des ministres de l’océan Indien n’en serait pas pleinement satisfait ; d’où la nécessité de pousser la réflexion plus loin, avant d’entamer des négociations sur la question.
«Le Conseil se réunit en mars 2018 et avant cela, il est nécessaire de préparer une feuille de route et un plan de faisabilité afin d’arriver à prendre une décision. C’est un sujet sensible car chaque pays a son point de vue sur ce que devraient être les fonctions d’une Communauté de l’océan Indien», dit-on du côté du gouvernement mauricien. C’est un travail qui prendra du temps, assure-t-on.
En attendant, on se demande où le rapport rédigé par l’ancien président sénégalais est passé. «Je n’ai pas ce rapport en ma possession et de toute façon ce n’est pas à la partie mauricienne de décider de rendre public ce rapport interne de la COI», explique l’ancien secrétaire général de la COI, Jean Claude de l’Estrac.
Ce rapport a été commandé pendant le mandat de Jean Claude de l’Estrac, lors du Sommet des chefs d’État et de gouvernement de Moroni. Par contre, le ministère des Affaires étrangères affirme, lui, avoir une copie de ce rapport.
«Paul Bérenger n’a pas accès à toutes les informations», lance Jean Claude de l’Estrac. Selon ce dernier, le leader des mauves dit craindre que le changement envisagé ne froisse les susceptibilités des Comores, en ouvrant une porte à Mayotte. «C’est méconnaître la situation réelle.»
D’abord, précise Jean Claude de l’Estrac, c’est le secrétaire général actuel, le Comorien Hamada Madi Boléro, ancien Premier ministre de son pays, qui est aujourd’hui «un des plus ardents partisans» de ce changement. «Hamada sait parfaitement qu’un éventuel changement d’appellation ne modifie en rien les statuts de l’organisation.»
L’ancien secrétaire général de la COI ajoute que ces statuts prévoient qu’aucun pays ou aucune entité ne peut adhérer à l’organisation sans l’accord unanime des membres. «Fort de cette assurance, le secrétaire général en a fait sa priorité.»
Selon Jean Claude de l’Estrac, ce rapport de synthèse a été commandé par l’ancien secrétaire général de l’OIF. «Ce n’est pas le document le plus pertinent, loin s’en faut. La position de Maurice est pour le moins ambiguë. Tout n’est pas perdu. J’espère que des considérations étriquées de personnes de la diplomatie mauricienne n’empêchent pas le pays de participer à cette grande avancée diplomatique. Le ministre des Affaires étrangères, actuel président du Conseil, a la grande chance de terminer son mandat par ce progrès historique.»
Un comité d’experts s’était réuni le 21 septembre, au siège de la COI, pour faire des recommandations qui devaient être validées la semaine dernière. Toutefois cette question sera abordée en 2018, en marge des 35 ans de la COI.
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