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Le ras-le-bol des opérateurs mauriciens du secteur du thon
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Le ras-le-bol des opérateurs mauriciens du secteur du thon
Maurice se trouve dans l’urgence concernant la fourniture de thon. Les bateaux de pêche espagnole arrêteront leurs activités dans les eaux de l’océan Indien dès le 5 novembre. La Mauritius Export Association (MEXA) a tiré la sonnette d’alarme dans un courrier, en date du 13 octobre, destiné à Marjaana Sall, ambassadrice de l’Union européenne à Maurice.
Lilowtee Rajmun-Joosery, directrice de la MEXA, soutient que si jusqu’ici, les opérateurs mauriciens sont parvenus à éviter une situation de chômage technique, les perspectives que cela continue s’amenuisent. «Un manque de matière première, souligne Lilowtee Rajmun-Joosery, condamne les producteurs locaux à une pénurie et à une baisse de production certaines, d’autant plus que la disponibilité de thon ne sera possible qu’en février de l’année prochaine.»
La chair de thon constitue la matière première pour la fabrication industrielle de divers produits. Sans un apport dans l’immédiat de quelque 4 000 tonnes métriques de thon par voie de dérogation, le stock dont disposent les industries locales sera considérablement réduit. Cette situation va ralentir la production, voire occasionner une période de chômage technique, avant qu’elles ne puissent s’approvisionner normalement sur le marché régional du thon.
Pour obtenir cette dérogation, une délégation comprenant des représentants du gouvernement et du secteur privé, dirigée par Vishnu Lutchmeenaraidoo, ministre des Affaires étrangères, s’est rendue à Bruxelles, en septembre. Objectif : faire comprendre aux représentants de l’Union européenne de la nécessité d’accorder à Maurice une dérogation exceptionnelle pour s’approvisionner en 4 000 tonnes métriques de thon.
«Un mois s’est écoulé déjà depuis qu’une mission s’est rendue à Bruxelles. Le secteur mauricien de la transformation attend toujours une réponse de l’Union européenne.»
Cependant, la partie mauricienne a été confrontée à la dure réalité de la bureaucratie de l’Union européenne qui stipule que toute demande de dérogation exceptionnelle ne peut être examinée que dans un délai de 75 jours. Autrement dit, pas avant le 27 décembre. Trop tard, du point de vue mauricien. L’urgence dans laquelle se trouve la partie mauricienne a finalement eu raison de sa patience.
Ne voyant rien venir de la part de l’Union européenne, la MEXA a exprimé son impatience dans une lettre à Marjaana Sall. «Un mois s’est écoulé déjà, observe Lilowtee Rajmun-Joosery, depuis qu’une mission s’est rendue à Bruxelles. Le secteur mauricien de la transformation attend toujours une réponse de l’Union européenne.»
Inquiétude et déception
La directrice de la MEXA fait ressortir que les opérateurs de ce secteur sont inquiets, voire déçus, de la posture de l’Union européenne qui «n’a pas jugé utile» de manifester sa position jusqu’ici. Elle indique que les organisations non gouvernementales, les quelque 8 000 employés du secteur de la transformation et les syndicats attendent, eux aussi, une réponse de l’Union européenne.
Le manque de thon dont se plaint la MEXA résulte de l’entrée en vigueur d’une décision du secrétariat espagnol des pêches d’interdire aux bateaux de pêche de ce pays de continuer à pêcher le thon dans les eaux de l’océan Indien à compter du 5 novembre. La décision du secrétariat espagnol des pêches est elle-même tributaire de la résolution 16 10 de la Commission de Thon de l’océan Indien (CTOI). Cette résolution oblige les Parties contractantes (membres) et les Parties coopérantes non contractantes de la CTOI de réduire leur prise d’albacore (le thon à queue jaune).
Initialement fixé à 15 % par rapport aux niveaux de 2014, comme année de référence, ce barème a été revu sur une proposition de Maurice lors de la dernière session de la CTOI tenue du 22 au 26 mai, en Indonésie. La réduction de 15 % a été, certes, maintenue mais les petits États insulaires en développement et les pays les moins avancés qui disposent d’une flotte de bateaux dotés de sennes coulissantes ont la possibilité de fixer, en 2014 ou en 2015, l’année de référence pour calculer le quota de la pêche à l’albacore auquel ils ont droit.
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