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Bilal Mungroo: le laboureur qui parle aux plantes

17 octobre 2017, 02:44

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Bilal Mungroo: le laboureur qui parle aux plantes

Il ne fait pas les choses à moitié. Bilal Mungroo, 40 ans, est un passionné du travail bien fait. C’est un lecteur qui a attiré notre attention sur le talent de ce laboureur. Et oui, Bilal n’est pas jardinier de profession mais un laboureur employé par la municipalité de Beau-Bassin–Rose-Hill. Sauf qu’il y a environ une année, la mairie lui a confié l’entretien d’un jardin à Plaisance. Un jardin qu’il devait remettre à niveau. Ne reculant jamais devant un travail, il l’a accepté et l’a pris comme un défi. Un défi qu’il a relevé haut la main…

«Je suis un General Worker mais je fais aussi le travail de jardinier. C’est ma passion. J’ai toujours aimé faire de belles choses et je n’ai jamais rien demandé à la municipalité pour entretenir ce petit coin. Pour moi, c’est comme mon jardin, je prends des boutures de chez moi et je les transplante ici», confie ce père de famille, tout fier.

«Mo get zot kouma bann tibaba. Apré enn zour, zot pou vinn bann gran gran pié.»

Ainsi, chaque matin, Bilal s’arme de ses outils de jardinage, de ses bottes et surtout de patience et se rend au jardin de Plaisance aussi connu comme le Parcours de la Paix. Celui-ci est situé à quelques mètres de la maison du quadragénaire. Il raconte qu’au départ, le lieu était peu fréquenté parce que justement, il n’avait pas de «look».

«Mo’nn fer tou momem. Mo met boukou lamour dan sa travay-la. J’aime les plantes et je suis satisfait lorsque je regarde l’état du jardin», dit Bilal Mungroo. Au fil du temps et grâce au dévouement du laboureur, le jardin est désormais bien fréquenté. Il sert à la fois de parcours de santé pour les amoureux de sport et de jardin pour ceux en quête d’un peu de tranquillité. Et les habitants de la région ne s’en privent pas.

D’ailleurs, à Plaisance, le jardin a désormais une très bonne réputation. Difficile de passer à côté et ne pas le remarquer. Bilal Mungroo affirme que durant ses heures de travail, les habitants sont nombreux à l’approcher pour le complimenter sur son travail. «Cela me rend fier. Mais on m’a demandé de m’occuper de ce jardin et je le fais du mieux de mes capacités. Je n’aime pas faire les choses à moitié. Lorsque je livre un travail, j’aime qu’il soit bien fait même si je ne suis pas un jardinier pour autant», fait ressortir cet amoureux des plantes.

Nous avons voulu savoir en quoi consistait le travail d’un General Worker qui diffère de celui d’un jardinier. Bilal nous explique qu’il aurait dû assister un jardinier et non faire son travail. «C’est le jardinier qui transplante, qui coupe, qui s’assure que ces plantes poussent correctement. Le General Worker doit, lui, ramasser les branches, travailler la terre. Moi, je fais les deux. Je prépare la terre et je plante. Mo get zot kouma bann tibaba. Apré enn zour, zot pou vinn bann gran gran pié», poursuit le laboureur.

Toutefois, si aujourd’hui la vie semble lui sourire, cela n’a pas toujours été le cas. Bilal est de ceux qui ont appris sur le tas. Il est allé à l’école jusqu’à la cinquième, sa mère n’étant pas en mesure de lui payer sa scolarité. Une enfance difficile qui a forgé l’homme qu’il est maintenant.

«Mo dir ou éna fler, kouma zot ouver zordi, lendémin zot inn fonn !»

«Ma mère était, elle aussi, laboureur. Elle m’a transmis son amour pour la terre. Elle plantait des légumes. Elle m’a élevé seule, mais n’a jamais baissé les bras. Aujourd’hui, je suis père de deux filles et j’ai élevé mes enfants grâce à mon travail», soutient le père de famille. L’une de ses jumelles est enseignante tandis que l’autre est policière. Son épouse, elle, est couturière à domicile.

Parce que tout n’est jamais rose, Bilal doit aussi accepter le fait que ses jolies fleurs disparaissent du jour au lendemain. «Mo dir ou éna fler, kouma zot ouver zordi, lendémin zot inn fonn !» déplore-t-il.

C’est d’ailleurs ce qui s’est passé avec les fameuses fler soley. Des tournesols qu’ils avaient mis en terre depuis quelque temps et qui venaient tout juste de donner leurs premières fleurs. «Le jardin est ouvert. J’ai fait écrire sur les murs pour dissuader les gens qui seraient tentés de cueillir les fleurs mais rien n’y fait», avance-t-il avec regret.