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Conflit d’intérêts et trafic d’influence: la SBM confirme un document incriminant Lutchmeenaraidoo
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Conflit d’intérêts et trafic d’influence: la SBM confirme un document incriminant Lutchmeenaraidoo
«Lutchmeenaraidoo sent his son to me.» Un document, publié par l’express le 8 avril, où l’ex-Chairman Muni Krishna Reddy écrit ces mots au sujet d’un contrat à allouer par la State Bank, a semblé finir aux oubliettes. Du moins, l’Independent Commission against Corruption (ICAC) n’a jamais réagi, ni confirmé l’ouverture d’une enquête, malgré nos nombreuses sollicitations.
Or, cette semaine, en traquant, à la demande de Vishnu Lutchmeenaraidoo, l’auteur de la fuite, la police nous a officiellement informés que la banque reconnaît l’existence de ce document. En avril, ce document était le point d’orgue de notre enquête sur les ramifications entre Vishnu Lutchmeenaraidoo et la State Bank of Mauritius, quand celle-ci était sous sa tutelle (NdlR, entre décembre 2014 et mars 2016 quand Vishnu Lutchmeenaraidoo était ministre des Finances).
L’express avait révélé l’existence d’une note manuscrite où Muni Krishna Reddy, alors Chairman, écrivait «Hon. Lutchmeenaraidoo spoke to me and sent his son to me». C’était par rapport à un logiciel informatique que la banque voulait acheter.
Muni Krishna Reddy a écrit cette note en bas de l’évaluation technique de l’offre d’Infozen Consulting, la compagnie d’Ashwin Lutchmeenaraidoo, le fils du ministre. L’affaire a fait grand bruit mais il n’y a eu aucune suite, l’ICAC choisissant de se murer dans le silence face à nos sollicitations.
Mais voilà que cette semaine, le Central Criminal Investigation Department (CCID) s’est mis à traquer l’auteur de la fuite. Deux officiers de police sont venus à l’express mardi et nous ont interrogés sur l’identité de celui qui nous a remis ce document, ainsi que tout le dossier de l’Euroloan (le prêt en euros accordé au ministre).
«Après que Vishnu Lutchmeenaraidoo a porté plainte pour infraction à laBanking Act, nous vous informons que Ranjit Babooa, leLead Compliance Officer de la banque, a été interrogé. Il a affirmé que le document avec la note manuscrite du Chairman est un document confidentiel qui relève d’un contrat privé entre la banque et ses fournisseurs», nous a dit un des policiers. Nous avons même pu voir, dans le dossier des policiers, une copie bien plus nette que celle publiée.
Tandis que le CCID traque vainement notre source, l’ICAC ne communique toujours pas sur ce potentiel conflit d’intérêts ou trafic d’influence. Le mois dernier, quand nous lui avions demandé, dans le cadre de l’émission Menteur Menteur, elle nous avait répondu : «Nous travaillons en ce moment sur une formule qui nous permettrait, tout en respectant les dispositions de la loi, de communiquer sur l’évolution et/ou la conclusion de certaines enquêtes dites high profile. Nous informerons le public et les membres de la presse une fois cette formule finalisée.» Impossible donc de savoir si l’information de taille que Ranjit Babooa a révélée au CCID va enfin intéresser la commission anticorruption.
Ce que dit la POCA
<p> Fort du témoignage de Ranjit Babooa, l’ICAC peut axer son enquête sur l’article 13 de la Prevention of Corruption ACT sur le conflit d’intérêts : (1) Where (a) a public body in which a public official is a member, director or employee proposes to deal with a company, partnership or other undertaking in which that public official or a relative or associate of his has a direct or indirect interest (…) (3) Any public official who contravenes subsection (1) or (2) shall commit an offence and shall, on conviction, be liable to penal servitude for a term not exceeding 10 years. Et l’article 10, sur le trafic d’influence : (5) Any public official who solicits, accepts or obtains a gratification from any other person for himself or for any other person in order to make use of his influence, real or fictitious, to obtain any work, employment, contract or other benefit from a public body, shall commit an offence and shall, on conviction, be liable to penal servitude for a term not exceeding 10 years. Le seul hic c’est que l’ICAC devra se démener pour démontrer que la SBM est un «public body» puisqu’elle est techniquement une compagnie privée. Et cela, même si le gouvernement y est le principal actionnaire et qu’il y nomme ses proches.</p>
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