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#shamethem: les langues se délient
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#shamethem: les langues se délient
Les hashtags contre le harcèlement sexuel ont le vent en poupe. À travers les #balancetonporc, #shamethem ou encore #metoo, des femmes, mais aussi des hommes, dénoncent ce fléau qui les agresse au quotidien.
Dimanche dernier, une des «sorcières» de la série Charmed, Alyssa Milano, demande à toutes les femmes ayant subi quelque type de violence sexuelle de publier le hashtag #metoo sur Twitter. Résultat : 300 000 personnes répondent à l’appel. Le mouvement a vite fait d’atteindre nos côtes. À Maurice, le mouvement s’appelle #shamethem et il est né jeudi sur une page Facebook. Depuis, de nombreuses victimes ont osé… Elles ont «vidé leur sac», sont venues de l’avant, pour raconter ce qu’elles ont vécu.
Comment un hashtag sur Facebook permettra-t-il de faire avancer les choses ? «Il faut dire aux autres qu’elles ne sont pas seules. On est toujours plus fortes quand on est plusieurs. Et on peut communiquer, se soutenir entre nous», fait valoir une internaute.
Si la plupart témoignent de façon anonyme, d’autres n’hésitent pas à dévoiler leur identité. À l’instar de Séverine Hosseny. «C’est pour encourager les femmes et jeunes filles à se défendre. Il faut dénoncer les salauds qui osent dénigrer les femmes, qui font preuve de violence physique ou verbale ou les deux…» Des expériences traumatisantes, qui resteront à jamais gravées dans sa chair, elle en a connues plusieurs. Si elle ne s’est pas défendue, si elle n’a pas dénoncé les agresseurs, c’est par peur. «Mais c’est fini, j’en ai assez de me taire.»
Pourtant, il ne faut pas se tromper. La violence sexuelle ne concerne pas que les femmes, comme en témoigne Henry Coombes. Ce dernier confie qu’il a été victime d’agression sexuelle, perpétrée par le responsable d’un collège. Les histoires lues sur la page #shamethem l’ont tellement ému qu’il a décidé de partager son histoire. «Je voulais faire comprendre que ce type de violence concerne également les hommes. Et le fait d’en parler, ça m’a aussi enlevé un poids… Souvent, cela reste un non-dit terré au fond de soi à jamais.» Pense-t-il honnêtement qu’une page Facebook puisse changer la face du monde ? «Il faut bien commencer quelque part. Si la parole se libère comme c’est le cas en ce moment, cela pourrait faire peur aux potentiels agresseurs, qui sauront qu’ils ne peuvent agir impunément», lâche Henry Coombes.
Car pour l’instant, la justice est impuissante face à ce type de cas. Rien de concret ne peut être fait si les victimes ne portent pas plainte, si les cas ne sont pas référés à la police. La faute au qu’en dira-t-on, à la frayeur, entre autres freins.
«Il y a des victimes qui sont bien conscientes du fait qu’elles sont face à une chose ‘pas normale’. Il y a la petite tape sur les fesses par-ci, un frôlement bien calculé par là… Mais elles acceptent de subir parce qu’elles se disent que cela fait partie du ‘jeu’. Elles préfèrent en rigoler plutôt que d’aller provoquerun scandale», déplore Diksha Beehary, avocate ayant travaillé pour le Women’s Legal Centre en Afrique du Sud et également présidente de Mafubo Mauritius, associationqui milite pour les droitsde la femme. Pour elle, si les victimes n’ont pas le courage de franchir le pas vers la dénonciation, c’est aussi et surtout parce qu’elles n’ont pas le soutien de leurs collègues ou proches.
D’autre part, Maurice étant un petit pays, il est difficile, par exemple, pour une employée de dénoncer le boss. «La plupart des patrons se connaissent entre eux et sont en contact. Du coup, les victimes ont peur d’être blacklistées», poursuit Diksha Beehary.
Et puis, il y a le jeu de dupes. Car les loups pervers sont souvent des renards. Qui s’assurent que la frontière est tellement fine entre «l’amitié» et le harcèlement que même la victime ne sait pas ce qu’il en est. «Ils ne sont pas cons non plus. Ils peuvent être tellement subtils que si la victime parle, ils peuvent mettre cela sur le compte de l’affabulation.»
Et des cons, les femmes qui les dénoncent sur la page #shamethem en ont rencontrés pas mal. Au travail, certes, mais aussi dans le bus, à l’école et même dans les fêtes familiales. Preuve s’il en faut que le harcèlement s’immisce partout.
Une femme raconte ainsi comment son supérieur lui a fait des propositions indécentes alors qu’une autre explique que son prof d’éducation physique lui a glissé la main sous le T-shirt alors qu’elle n’avait que 12 ans. D’autres victimes précisent que ce sont des proches qui leur ont fait subir des attouchements. Comme cette jeune femme de 27 ans, qui a dû assouvir les pulsions d’un oncle alors qu’elle n’avait que 7 ans.
Face à ces récits poignants, les instigatrices du mouvement #shamethem se disent elles-mêmes choquées. «Dans certains cas, c’est la première fois qu’elles en parlent», fait valoir Sarah- Jane Vingta. La jeune journaliste s’est jointe à deux amies pour créer cette plateforme. «Je crois que le meilleur encouragement pour #shamethem vient d’une amie qui m’a dit que la honte avait changé de camp», conclut Djemilla Mourade-Peerbux.
#balancetonporc
<p>L’affaire Weinstein n’en finit pas de faire la une des journaux dans le monde. Et alors que les témoignages d’actrices victimes du producteur hollywoodien se multiplient, les femmes se joignent au mouvement sur Twitter avec le hashtag #balancetonporc pour dénoncer ses agissements.</p>
<p>Et parce que les comportements «à la Harvey Weinstein» avec abus de pouvoir pour obtenir des faveurs, remarques répugnantes et attouchements ne se limitent pas à Hollywood, Sandra Muller, une journaliste française qui est à l’origine du mouvement, a invité les utilisatrices de Twitter à joindre leurs voix à celles des actrices pour dénoncer en masse le harcèlement sexuel.</p>
<p>En fait, tout a commencé jeudi 5 octobre, par un article du «New York Times». Dans cette enquête, deux actrices, Ashley Judd et Rose McGowan, racontent avoir été victimes d’agressions ou de harcèlement sexuel de la part de Harvey Weinstein. Celui que l’on surnomme, le «nabab» de Hollywood, a rapidement présenté ses excuses… puis essayé de se justifier, en vain. Des actrices de premier plan comme Gwyneth Paltrow, Angelina Jolie, Emma de Caunes, Lucia Evans, Judith Godrèche, Léa Seydoux ou Cara Delevingne ont révélé au monde entier l’inadmissible comportement d’Harvey Weinstein.</p>
<p>(Source : lefigaro.fr)</p>
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