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Catherine Malépa: «Mazik dan mo lamé»

23 octobre 2017, 19:40

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Catherine Malépa: «Mazik dan mo lamé»

Elle attire souvent des regards inquisiteurs. Il n’est pas rare non plus que certaines personnes se retournent sur son passage, comme pour s’assurer d’avoir bien vu. Pour constater qu’en effet, c’est bien une femme qui s’attelle à la peinture d’un bâtiment. Cette femme, c’est Catherine Malépa. Du haut de ses 23 ans, elle est la seule à Maurice à peindre des bâtiments commerciaux.

C’est en plein travail, en train de refaire la façade d’un supermarché, à Port-Louis, que nous croisons Catherine. Autour d’elle, certains passants jettent un coup d’oeil à son travail impeccable. Vêtue d’un T-shirt blanc et d’un pantalon noir tacheté de quelques gouttes de peinture, elle tient entre ses mains un long bâton au bout duquel est fixé son rouleau, imbibé de peinture blanche. Avec précision, elle recouvre la devanture du bâtiment, sans faire tomber la moindre goutte sur le sol.

«Kouma ou fer sa mamzel ? Ou pé servi roulo pou pintiré ek ou pa pé zet enn gout lapintir lor dimounn !»

C’est avec dextérité qu’elle manie ses outils, sans avoir les mains qui tremblotent. Catherine avoue que c’est difficile de peindre lorsqu’il s’agit d’un bâtiment commercial dans une rue animée, surtout à l’heure du déjeuner. Il faut dire qu’avec les passants, elle se doit de redoubler de prudence, pour sa sécurité comme celle des autres.

Catherine Malépa voulait aider son père pour pallier le manque
de main-d’œuvre. 

«Kouma ou fer sa mamzel ? Ou pé servi roulo pou pintiré ek ou pa pé zet enn gout lapintir lor dimounn!» lui lance un passant qui s’arrête pour connaître le secret de la jeune femme. «Mazik dan mo lamé», rétorque la jeune fille, pas peu fière. Sa technique, c’est d’utiliser le rouleau, qui, selon elle, est beaucoup plus économique, et n’utiliser le pinceau que pour les recoins et le découpage.

Mais comment est-elle «tombée» dans le «seau de peinture» ? Catherine raconte qu’elle était en Form V lorsque tout a commencé. Alors collégienne ua cllège Eden, à Rose-Hill, elle prend la décision d’arrêter ses études pour venir en aide à son père. Ayant une compagnie de services de peinture, celui-ci avait accumulé du retard sur plusieurs travaux à cause d’un manque de main-d’oeuvre à l’époque. Et il avait un contrat à honorer auprès de supermarchés, commerces et particuliers. Devant la situation, le choix de Catherine était fait.

Par ailleurs, Catherine se dit passionnée par la cuisine : les pizzas et les lasagnes sont les plats qu’elle aime préparer. Elle affectionne aussi... la peinture.

Celle qui travaille aux services de son père, un gestionnaire, depuis sept ans maintenant, avoue que les débuts n’ont pas été faciles. Être une fille dans un monde d’hommes et travailler dans des lieux publics n’avaient rien d’évident. Elle se cachait alors sous des habits masculins, pour ne pas laisser paraître qu’elle est une fille. Catherine revient aussi sur la peur qu’elle a ressentie la première fois qu’elle a dû travailler sur un assemblage provisoire de charpente, d’une hauteur d’environ 30 pieds, dressé pour peindre la façade d’un bâtiment. Mais tout cela, c’est du passé.

Tous les jours, très tôt, elle voyage par le bus avec ses équipements : rouleau, pinceaux, seau et autres matériels l’accompagnent pour aller repeindre les supermarchés d’une enseigne. Quant à la peinture, elle est préparée par Mauvillac.

Catherine Malépa se débrouille très bien dans ce métier. 

La peintre a plusieurs cordes à son arc. Les jours où elle ne travaille pas, elle s’occupe d’une entreprise, Franc & Son, qui fabrique des ceintures en cuir. Ce goût pour l’entrepreneuriat, elle le tient de sa mère qui est femme entrepreneure. Cette dernière prépare des fruits cristallisés qu’elle vend pour subvenir aux besoins de l’une de ses filles qui est handicapée. C’est son mari qui a alors la responsabilité de faire la livraison de ces produits dans divers magasins de l’île.

Par ailleurs, Catherine se dit passionnée par la cuisine : les pizzas et les lasagnes sont les plats qu’elle aime préparer.  pour ne pas parler de.... la peinture, qu'elle affectionne En effet, depuis son plus jeune âge, elle peint aussi des tableaux. Certains ont même été exposés lors de la commémoration des cent ans de la Bataille du Vieux-Grand-Port.

Ce dont rêve la jeune femme, issue d’une famille de quatre enfants, c’est de construire sa propre maison afin d’être indépendante. Celle qui est devenue un pilier pour la famille veut aussi apprendre et faire un nouveau métier, comme pour commencer une tranche de sa vie…