Publicité
Bitcoin: pourquoi s’y intéresse-t-on ?
Par
Partager cet article
Bitcoin: pourquoi s’y intéresse-t-on ?
Le Bitcoin est une monnaie virtuelle (comme le sont Monero, Ether ou Zcash), ancrée dans une technologie prometteuse appelée «block chain», dont on ne parlera pas ici (voir, par exemple : https://www.lifewire.com ›). Depuis peu, certains milieux locaux, dont la State Bank, Baker Tilly et le ministère des Services financiers, semblent s’y intéresser de plus en plus. Mais pourquoi ?
À lire l’express du 24 octobre, le moteur d’une initiative mauricienne en faveur des crypto-monnaies, comme Bitcoin, c’est désormais le ministre Sudhir Sesungkur qui prône: «Maurice ne peut rester insensible à ce qui se passe dans le monde dans ce domaine». On se proposerait dès lors de favoriser les crypto-monnaies et on commencerait par l’institution d’un comité technique composé de techniciens de la FSC, de la Banque mondiale, de la SEM et des ministères des Finances et des Services financiers. Encore heureux que la Banque de Maurice n’y soit pas !
Car la caractéristique première du Bitcoin est d’assurer l’anonymat et l’opacité que l’on associe généralement avec les besoins de ceux qui veulent cacher quelque chose à propos de leurs sources de fonds. En effet, puisqu’il n’y a ni intermédiaire, ni régulateur, la crypto-monnaie est idéale pour tenter de blanchir et de recycler de l’argent sale, face aux lois anti-blanchiment, telle notre FIAMLA, qui régulent aujourd’hui la planète entière! C’est pourquoi on serait vraiment surpris si la FSC ainsi que la BoM changeaient aujourd’hui leur fusil d’épaule, ne s’opposant plus au Bitcoin et favorisant désormais une monnaie qui brouille les pistes et efface les traces de provenance des sommes qui y transitent ….
Mais ce n’est pas le seul aspect qui interpelle.
À surfer sur l’internet pendant une heure on se fait à l’idée que le Bitcoin, comme les autres crypto-monnaies, possède certaines des caractéristiques des produits financiers qui, dans le sillage du Super Cash Back Gold ou des placements avec Mme Kaba, chez Sunkai, devraient faire peur. Car on parle ici d’une opération «high risk, high return», comme en témoigne le graphique I. Celui-ci indique, comme le meilleur des investissements spéculatifs depuis le «commerce du vent» des contrats à terme sur les bulbes néerlandaises de 1637, des gains énormes suivis de replis importants aussi.
Un tel «actif» courtise les caractéristiques d’une «bulle». Or, les «bulles» finissent toujours par éclater ! Le Bitcoin qui valait ainsi 2 000 $ à mi-juillet 2017 vaudrait à fin d’octobre presque trois fois plus ! Il valait seulement 770 dollars fin 2016 et 2 dollars fin 2011. Vous croyez au conte de fées ? C’est quoi cette course folle, volatile et agitée, si ce n’est de la spéculation ? Où se situe la valeur réelle du Bitcoin ? De plus, il a été estimé, en 2014*, que le Bitcoin est sept fois plus volatil que l’or, huit fois plus volatil que le S&P 500 et 18 fois plus volatil que le dollar ! Ça vous rassure, ça ?
La CFPB (Consumer Financial Protection Bureau) rappelle ainsi que le prix du Bitcoin chutait en 2013 de 61 % EN UN SEUL JOUR, alors que l’année d’après le repli quotidien le plus sévère était de 80 %… Aujourd’hui, c’est le prince Waleed à la CNBC ou J. Dimon de JP Morgan qui expriment des réserves sérieuses; Waleed prédisant l’implosion, Dimon qualifiant le Bitcoin de «fraude».
La prudence semble de mise …
Les régulateurs du monde entier se méfient du Bitcoin et de ses cousins et cela se comprend. Que ce soit la SEC (USA), l’IRS, la FINRA, la CFPB ou la Banque centrale chinoise, ils sont tous très prudents et souvent plutôt violents dans leurs propos et dans leurs avertissements. C’est vrai que les crypto-monnaies pourraient marcher sur leurs plates-bandes et comme en toute situation de ce genre, il faut analyser à tête froide et utiliser son sens commun.
Par ailleurs, il semble qu’il y ait une bataille rangée sur le Net pour présenter le Bitcoin favorablement ou pas, dépendant du camp dans lequel on se situe. On n’est pas, ainsi, à l’abri du «fake news», semble t-il. C’est ainsi que typiquement, bitcoin.com présente les 10 pays les plus favorables à cette crypto-monnaie, comme incluant les USA, le Royaume-Uni, le Canada, l’Estonie, la Suède, la Corée du Sud, la Hollande etc, enfin tout ce qui sonne le mieux en termes de «progressisme». Or, le fait que ce soit bitcoin.com qui le dise peut vraiment faire sourciller et penser plutôt à de la propagande, d’autant que les «preuves» alignées sont plutôt faibles.
* Prof Mark Williams, Boston University
Publicité
Les plus récents