Publicité

Rose-Belle: Baramiah veut tirer de l’oubli deux anciens cimetières

27 octobre 2017, 01:34

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Rose-Belle: Baramiah veut tirer de l’oubli deux anciens cimetières

Dans la localité de Baramiah, à Rose-Belle, se cache un patrimoine connu de quelques vétérans de la région. À l’écart du chemin Ah Kwet, sur les hautes rives du ruisseau «Bassin li poux», deux cimetières hébergent les tombes de deux anciennes familles qui ont marqué l’histoire de ce village.

Pour en apercevoir ces tombes, il faut se frayer un chemin entre les épines des buissons, les herbes en friche et les branches des ravenalas éparpillées partout. Une fois cet exploit terminé on découvre une petite bande de terre clôturée par des pierres posées l’une sur l’autre. À l’intérieur se trouvent quelques tombes recouvertes par des troncs d’arbres, des branchages, broussailles et herbes folles. C’est le règne de l’abandon.

Le fouillis généré par les ravenalas et herbes folles est difficile à nettoyer sans renforts.
 

Pourtant l’endroit ne manque pas de charme. Les deux cimetières qu’on y trouve, à l’ombre des ravenalas, bercés qu’ils sont par le ruissellement d’un ruisseau, méritent d’être préservés. Certains les nomment cimetière «Barey Miah» et cimetière «Vert». Pour Hamid Ahmod, conseiller du village, pour connaître la valeur de ces cimetières, il faut comprendre l’historique avant.

«Il y a deux cimetières ici : un musulman et un catholique. Au cimetière Barey Miah repose un ressortissant indien qui a fait beaucoup socialement pour ce village. Il a fait bâtir une des premières mosquées de l’île Maurice, en 1863, et a beaucoup travaillé pour le village. Pour l’honorer, ils ont donné son nom à la localité. Avec le temps, le nom Barey Miah est devenu Baramiah. Dans l’autre cimetière reposent son épouse, Celina Lina Vert, et quelques membres de sa famille.»

La petite croix d’une des tombes est perdue parmi les herbes folles.

Toutefois, ces cimetières créés au XIXe siècle sont dans un sale état. Dans chacun d’eux, on dénombre environ 12 tombes. Dans un des cimetières, des tombes, construites avec de la chaux et livrées aux herbes folles, sont brisées et recouvertes d’un teint verdâtre. D’autres se sont écroulées sous le poids des troncs d’arbres abattus. Même les murs cèdent graduellement.

«Les tombes sont endommagées à cause d’un manque d’entretien. Même si on fait l’effort de nettoyer de temps à autre, il est difficile de tout remettre à niveau. Il y avait de très vieilles pierres ici. On ne sait pas non plus s’il y a eu des vols parce que c’est difficile de s’y rendre souvent pour faire des constats», au dire de Taleb Nabeebaccus, travailleur social de la région.

Quelques petites fleurs

Les tombes du cimetière catholique sont décrépites. Mais on peut quand même voir quelques petites fleurs plantées sur quelques-unes d’entre elles. Ce cimetière reçoit une visite particulière quelquefois. Reynal Vert y vient souvent pour défricher. Mais à 70 ans, il fait de son mieux. Il ne manque pas de suivre une tradition instaurée par son père, même s’il sait qu’il y a beaucoup à faire.

«Mes ancêtres reposent ici. Depuis mon enfance, j’ai vu mon père nettoyer ces tombes. Je continue après son décès. Il y a beaucoup à faire. Quand il y a mauvais temps, les arbres cèdent souvent et saccagent une partie de ce qui reste de ce cimetière. Parfois j’arrache des herbes ou je plante quelques fleurs mais je n’ai pas les moyens de faire appel aux autorités pour le nettoyer.» Ce cimetière a une valeur sentimentale pour lui et il souhaite être enterré là.

Poids historique

Ce lieu mérite d’être préservé car c’est un patrimoine, soutient Hamid Ahmod. «Personne n’a jamais entamé des démarches pour l’entretien des lieux mais il faudrait que des experts viennent évaluer son poids historique.» Pour l’heure, il avance qu’une association des Seniors Citizens de la région souhaite prendre l’initiative de nettoyer les lieux.