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Madagascar: une tentative de motion de censure contre le gouvernement en cours
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Madagascar: une tentative de motion de censure contre le gouvernement en cours
Une collecte de signatures en vue du vote d’une motion de censure contre le gouvernement, serait en cours à l’Assemblée nationale. D’autres souhaitent l’ouverture d’une enquête parlementaire concernant les véhicules 4×4.
En marche. Décidément, ce début de deuxième session du Parlement s’annonce mouvementé. Si au Sénat, les spéculations sur un probable changement du bureau permanent restent vives, à l’Assemblée nationale, des députés concocteraient une nouvelle fronde contre le gouvernement.
L’information a été confirmée par le député Jean Nicolas Randrianasolo, qui se présente comme son initiateur. « Une collecte de signatures en vue d’une motion de censure contre le gouvernement a débuté, aujourd’hui [hier]. C’est moi-même qui l’ai initié », a-t-il déclaré lors d’une conversation téléphonique hier. Selon l’élu du district de Betroka, trente-quatre députés auraient déjà signé pour la motion de censure.
Le député Randrianasolo, explique son initiative par le fait que le Premier ministre fait du favoritisme au détriment de ceux qui ont soutenu le président de la République depuis le début. Nous constatons que ce sont les parvenus qui sont nommés à des postes à responsabilité, ou qui obtiennent les faveurs de l’Exécutif. Certains agissements du chef du gouvernement sèment la zizanie entre les partisans du pouvoir.
Faveurs
Quelques membres de la Chambre basse, contactés dans la soirée d’hier, affirment pourtant ne pas connaître l’existence de cette intention d’invoquer une motion de censure contre l’équipe de Solonandrasana Olivier Mahafaly. En réponse, le député Randrianasolo affirme que l’initiative vient des députés partisans du pouvoir. Nous sommes pour l’instant les seuls signataires, mais la démarche pour convaincre nos pairs à y adhérer est en cours.
La Constitution dispose que la motion de censure n’est recevable que si elle est signée par la moitié des membres de l’Assemblée nationale. (…) la motion n’est adoptée que si elle est votée par les deux tiers des membres. Contacté, un proche du locataire de Mahazoarivo dément pourtant l’existence d’éventuelles antipathies entre lui et les autres membres du camp au pouvoir, en particulier vis-à-vis des parlementaires.
« Il y a toujours des personnes qui souhaitent vous évincer, car ils veulent prendre votre place. Seulement, ceux-ci ne sont jamais là lors des moments difficiles, mais profitent de la moindre éclaircie pour se faire une place au soleil », déplore néanmoins la source. Certaines indiscrétions laissent entendre que les deux derniers remaniements du gouvernement auraient déplu à une partie des membres de la famille politique des tenants du pouvoir.
Lors de l’entretien téléphonique d’hier, l’élu de Betroka a indiqué que comme ce sera bientôt les élections, il est temps de placer les vrais défenseurs du Président au sein du pouvoir, mais aussi de remettre de l’ordre dans les rangs des vrais soutiens du pouvoir. Évincer le Premier ministre semble être la solution. Un des députés contactés hier dément la thèse selon laquelle des élus pro-pouvoir pourraient avoir une certaine amertume, en voyant que certains d’entre eux sont plus choyés par l’Exécutif que d’autres.
Les bruits concernant la facilité garantie par l’Exécutif de l’acquisition de véhicule 4×4 par certains députés, par exemple, fait grincer des dents à Tsimbazaza. À l’issue de l’adoption de l’ordre du jour, lors de la séance plénière de mercredi, le sujet a été abordé de front durant les prises de parole. L’intention de mettre en place une commission d’enquête parlementaire pour faire la lumière sur les tenants et aboutissants de ces achats de tout-terrain a même été affirmé durant cette séance plénière.
Selon le règlement intérieur de l’Assemblée nationale, la création d’une commission d’enquête résulte du vote d’une proposition de résolution à la majorité relative, présentée au moins par huit députés. Le gouvernement risque de vivre un début de session mouvementé. Cette menace de soubresaut pourrait, néanmoins, s’apaiser avec une promesse de partage égalitaire des faveurs. Il n’est pas à écarter que la motion de censure ne soit, une nouvelle fois, qu’un moyen d’augmenter certaines enchères, ou d’alléger certaines tourmentes légales.
Garry Fabrice Ranaivoson
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