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Purgund Mitranand: perséverer malgré les mauvaises expériences

31 octobre 2017, 12:50

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Purgund Mitranand: perséverer malgré les mauvaises expériences

Cet atelier qui foisonne d’un nombre incalculable de bicyclettes et de pneus attire l’attention sur la route principale de Bel-Air-Rivière-Sèche. On retrouve plusieurs types de deux-roues, des modèles récents et plus anciens. Perdu littéralement parmi ces vélos, un petit bonhomme s’affaire à réparer des jantes. Peu bavard, Purgund Mitranand en est le propriétaire.

Attention, si vous pensez que cette quantité de cycles est une collection personnelle, vous vous trompez. Parmi se trouvent des possessions de mauvais payeurs. Purgund Mitranand les conserve le temps que les propriétaires le paient (un argent bien mérité !) pour ses services. Sauf que le plus souvent, les mauvais payeurs s’en soucient peu. Certains vélos y sont depuis des mois !

Une autre chose qui attire l’attention dans ce fouillis est une invention du monsieur : un fer à repasser posé sur une barre bricolée par lui pour faciliter son travail. «J’ai construit ça pour mieux réparer les pneus. Quand la chambre à air d’un pneu est crevée, il faut ajouter une pièce avec un adhésif pour éviter que l’air ne s’échappe du trou. C’est pour m’assurer que la colle sèche bien et que la pièce ne va pas se décoller qu’après j’utilise cet outil. Je l’appelle moulin pou kwi lasam.»

Il fait même une démonstration rapide pour mieux se faire comprendre. «Je démonte d’abord le pneu. Puis, j’enlève la chambre à air de la jante. Je cherche l’endroit où celle-ci est percée et les surfaces rugueuses pour les lisser. Je nettoie l’intérieur avec de l’alcool. Une fois la partie trouée préparée, je prends une petite pièce de caoutchouc que j’enduis de colle avant de la poser sur le trou. Pour finir, je passe mon moulin lasam dessus. Ainsi, la pièce colle rapidement et ne risque pas de se décoller. Je replace ensuite la chambre à air dans la jante avant de remettre le pneu en place.»

Ce sont ses 25 ans de métier qui l’aident à trouver des idées pas si communes que ça. L’atelier appartenait à son père d’bord et il en a pris les rênes après le décès de celui- ci. Sinon, il faisait de petits boulots autrefois.

«C’est mon père qui travaillait dans l’atelier au début. À l’époque, il fallait payer un mécanicien pour chaque petit souci rencontré par les bicyclettes et motocyclettes. Pour éviter tout cassetête, il s’est mis à propre compte. J’ai ainsi appris de lui.»

Et il a beaucoup appris et vu pendant toutes ces années. Si autrefois, les gens n’avaient que des bicyclettes de la marque Phoenix de couleur noire, aujourd’hui il y en a plusieurs modèles. Les pièces de certains modèles se font parfois rares. Mais il connaît leurs distributeurs et peut dépanner en changeant les pièces d’anciens vélos.

Il raconte aussi que reprendre l’atelier de son père ne s’est pas avéré aussi facile qu’il ne l’aurait cru. Il y a cinq ans, il a connu une mésaventure. Des jaloux ont incendié son atelier. «L’imposte était ouverte. Ils ont envoyé quelque chose d’inflammable et le feu a pris. J’ai perdu toutes mes bicyclettes, de même que mes outils. Il y a encore des traces laissées par les flammes sur les murs.»

Mais ce n’est pas pour autant qu’il a baissé les bras. Il a tout recommencé progressivement car il a tenu à sauvegarder l’atelier de son père. Au bout de cinq ans, Purgund Mitranand a retrouvé son train de vie, mais le malheur l’a de nouveau frappé. Il y a six mois, des malfrats ont fait irruption dans l’atelier et l’ont dépouillé.

«Il ont vu que je travaillais seul. Ils sont entrés et m’ont menacé avec un cutter et sont repartis avec Rs 3 000. J’ai fait une déposition à la police mais le risque est toujours présent. J’ai besoin de travailler. La peur ne me remplira pas le ventre.»