Plusieurs dizaines de médicaments manquent au ministère de la Santé. Parmi eux, des antibiotiques ou encore des «disposables» tels que des «stents». La raison ? Des changements ont été apportés au niveau des règlements par rapport à l’achat (procurement). Ceux-ci auraient été faits sans l’aval des hauts gradés de la Santé, y compris le ministre de tutelle, Anwar Husnoo.

«Si rien n’est fait pour rétablir la situation, c’est une centaine de médicaments qui manqueront dans les mois qui viennent», prévient-on dans les milieux concernés, pénalisant ainsi les centaines de milliers de Mauriciens qui se font soigner dans les hôpitaux. D’ajouter qu’avec l’épidémie de peste dans la région, le manque de médicaments pourrait s’avérer «dangereux».

Selon nos informations, ces modifications dans les procédures ont été découvertes en fin de semaine dernière. Devant les faits accablants, le ministre de la Santé a convié une réunion urgente avec les hauts cadres du ministère.

«Anwar Husnoo était furieux ! Pour la première fois, les officiers l’ont vu hors de lui. Les hauts fonctionnaires en ont pris pour leur grade. Le ministre a exigé que les procédures soient rétablies. Il suit la situation de très près», fait-on valoir dans les milieux concernés.

«Grand désordre»

Qu’est-ce qui a changé au juste au niveau des règlements ? Nos recoupements indiquent qu’il s’agit avant tout d’un «grand désordre». «Au lieu de privilégier des procédures d’achat rapides, certains fonctionnaires ont jugé bon de retourner dans les années 60. Ils ont tout compliqué, ce qui explique que des stocks de médicaments ont pris du retard. C’est inacceptable», souligne-t-on. Et de préciser qu’il se pourrait que des achats doivent être effectués sur le marché local. Si cette option est choisie, la note pourrait s’avérer salée.

En effet, plusieurs rapports faits par le Bureau de l’audit ont tiré la sonnette d’alarme sur l’achat local de médicaments ces dernières années. Le rapport de l’audit 2013 mettait en exergue une somme de Rs 45 millions supplémentaires en ce qui concerne l’achat de médicaments sur le marché local. Ceux qui coûtent jusqu’à 72 fois le prix d’un médicament acheté par appels d’offres.

Même constat par rapport à l’année 2014. Cette fois-ci, c’est une somme de Rs 88,5 millions qui a été consacrée à l’achat de médicaments localement.

Cependant, au ministère de la Santé, l’on se veut rassurant. «Le ministre a remis les pendules à l’heure. Tout est fait pour revoir les procédures d’achat et s’assurer qu’il n’y ait pas de pénurie», avance-t-on.