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Interview à Africa Report: Li Kwong Wing traite les dirigeants de Business Mauritius de «bouffons»
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Interview à Africa Report: Li Kwong Wing traite les dirigeants de Business Mauritius de «bouffons»
Le Chairman de SBM Holdings, Kee Chong Li Kwong Wing, n’en finit pas de surprendre. Il arrive difficilement à garder sa langue dans sa poche. Pour preuve, les propos qu’il a tenus dans le cadre d’une interview réalisée à Maurice et parue dans la dernière édition d’Africa Report – la version anglaise de Jeune Afrique – sont susceptibles de provoquer un malaise parmi des décideurs économiques et politiques, tant au niveau privé que public. Nous sommes en présence d’un extrait de cette interview…
L’ex-porte-parole économiste du MMM, qui a atterri à la SBM Tower après son rapprochement avec l’alliance Lepep, à la veille des élections de décembre 2014, presse la gâchette sur tout ce qui défile devant lui. Face au journaliste Nicholas Norbrook, venu l’interviewer récemment, à Port-Louis, Kee Chong Li Kwong Wing éclate de rire et ironise sur les institutions du secteur privé qui ont bien servi Maurice.
Ainsi, à l’adresse de Business Mauritius, l’ex-Joint Economic Council, une institution censée réunir sur une même plateforme des officiels du secteur privé et du public pour se pencher sur les grands enjeux du pays, il estime que les personnes au sein de cette institution sont carrément des «bouffons». Interrogé, le CEO de Business Mauritius, Raj Makoond, déclare qu’il ne peut commenter ces violentes critiques, n’ayant pas pris connaissance de l’interview.
Le blueprint est un show
Kee Chong Li Kwong Wing enfonce le clou en interpellant le journaliste d’un air moqueur : «You tell me if these fools have contributed anything?» Et d’ajouter que c’est par pure chance que feue l’ex-Première ministre, Indira Gandhi, était venue à Maurice pour la première fois. «Il y avait une crise. Mme Gandhi a dit : ‘O.-K. Allons donner un bon deal à Maurice avec le traité de non double imposition fiscale. They are stupid enough (entendons les Mauriciens)… Ce sont des Indiens parlant le français, qui n’ont pas de culture.’ Mme Gandhi est venue exploiter Maurice parce qu’elle pensait utiliser Maurice pour pénétrer en Afrique et mettre le grappin sur leurs mines.»
À d’autres questions, l’économiste, formé à la London School of Economics, rappelle les inquiétudes du gouvernement français de l’époque sur les risques de propagation du socialisme dans des territoires de l’océan Indien comme La Réunion, Madagascar et les Seychelles. D’ailleurs, pour gagner Maurice, dit-il, Paris avait invité le pays à faire partie de la Convention de Yaoundé.
Pour Li Kwong Wing, la démarche de définir une feuille de route pour le secteur des services financiers aura servi «to keep politicians busy». Au cas contraire, «nous aurions commencé à nous bagarrer». Et de poursuivre en soulignant que «nous avons besoin de politicking, de blueprints, de masterplans parce que nous aimons faire du show off et les Européens le souhaitent».
«Qui pense aux intérêts de Maurice ?»
Sur un tout autre sujet, le Chairman de SBM Holdings se demande pourquoi un Australien sortant tout droit de Harvard ne viendrait pas à Maurice. «Est-ce que vous pensez qu’il va m’enseigner, avec mes 30 ans d’expérience dans la finance ?»
Partant du fait que davantage de progrès sont déployés quand il existe une meilleure coordination entre les différents départements du gouvernement, Li Kwong Wing trouve que le pays souffre d’un manque de bonnes initiatives venant des milieux appropriés, vu que chacun défend ses propres intérêts. À cet effet, celui qui assiste impuissant à la baisse de prix du sucre souhaiterait plus de subsides.
Idem, dit-il, pour ceux opérant dans les services financiers offshore qui ont connu le pire avec l’amendement du traité fiscal par l’Inde pour protéger sa juridiction. Entre-temps, se demande-t-il : «Qui pense aux intérêts de Maurice ?».
Enfin, Kee Chong Li Kwong Wing estime que la planification à long terme viendra de l’Economic Development Board sur lequel se penche le gouvernement actuellement. «La population le souhaite ardemment afin d’éviter un développement désordonné.»
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