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Rose-Belle: recomposer le passé pour ne pas oublier ses racines

2 novembre 2017, 23:26

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Rose-Belle: recomposer le passé pour ne pas oublier ses racines

Goorooduth Chuttoo collectionne depuis des années tout type d’objets qu’il estime avoir une valeur historique. Sa maison convertie en musée est insolite vu les objets qu’elle contient, à commencer par l’héritage transmis de père en fils depuis des générations. «Je collectionne tout, sauf des cadavres», dit-il en rigolant.

Chaque objet a une anecdote et l’homme accorde beaucoup d’importance aux valeurs familiales. Chez lui on trouve presque tout, des autocommutateurs de téléphones (PABX), des pièces (rares), d’anciennes caméras, de vieux documents, des chopines d’époque, des bicyclettes, un ancien autobus anglais. Bref, presque tout ce qu’on peut imaginer. Aucune pièce de sa maison n’est vide, elle regorge de «trésors du passé».

Il campe devant son PABX conçu pour les personnes handicapées à l’époque. «C’est une pièce unique dans tout l’océan Indien. C’était trop cher à l’époque, il n’y en a pas d’autre.»

Un autre objet qui fait sa fierté et qui lui rappelle son enfance est un wagon du dernier train à Maurice. «Le samedi 31 mars 1956 cessait de circuler le last passenger train. C’est un jour historique qui avait attristé tout le monde à l’époque. J’avais 5 ans. Nos parents nous avaient emmenés voir passer le dernier train. Tout le monde y était. Des marchands de pistaches qui criaient “pistas dernie trin”. Mon grand-père avait alors récupéré un des wagons. On l’a gardé. Quelle tristesse ce jour-là.»

Si le Musée de la petite collection n’est pas très connu, il est toutefois inscrit auprès du Mauritius Museums Council depuis 2000. «Après plusieurs va-et-vient, le musée a finalement été reconnu», se plaît à dire notre interlocuteur.

Goorooduth Chuttoo a suivi des cours de Museum Administration et s’est spécialisé en anthropologie et ethnologie. Il se consacre aussi à des recherches en vue de récupérer d’anciens objets dont d’autres ne connaissent pas la valeur. Il a commencé par sauvegarder ce que ses ancêtres avaient pu emmener avec eux du temps de la colonisation anglaise.

Photographies d’antan

Passionné de photographie d’antan, Goorooduth Chuttoo organise une exposition ce jeudi à son Musée, de 8 à 16 heures. L’entrée est gratuite. Sous le thème «Larm dan paradi», seront présentées d’anciennes photographies des travailleurs engagés pour «commémorer cette journée et honorer nos ancêtres».

«Les visiteurs pourront voir des clichés que le photographe anglais Lecorgne a pris en 1839. Il avait été envoyé à Maurice pour documenter les conditions de vie de nos ancêtres quatre ans après leur arrivée. Mon arrière-grand-père travaillait avec lui. C’était à l’époque du daguerréotype. Cela m’a coûté beaucoup pour les convertir en photographies en Inde.»

Issu d’une fratrie de 12, notre collectionneur est aussi connu comme Ustad Rajah. Oui, magicien il l’est. «Notre famille comprenait des magiciens (street performers) en Inde. Ils ont apporté leur bâton magique dans leurs bagages lorsqu’ils sont venus à Maurice et moi j’ai fait de mon mieux pour maintenir la tradition. Mes deux fils également sont des magiciens.»

Il avait 10 ans lorsqu’il a fait sa première prestation et aujourd’hui il compte 52 ans d’expérience. C’est son grand-père qui lui a tout appris. Son talent lui a permis de voyager à travers le monde pour des spectacles. Membre de l’International Brotherhood of Magicians, il a agi comme membre d’un jury à la Society of American Magicians en 2007.